Dwight Longenecker est un prêtre catholique américain
J'ai commenté ici la semaine dernière l'étrange cérémonie de la terre-mère amazonienne avec laquelle ils ont donné le coup d'envoi du synode de l'Amazonie.
Cela m'a fait penser que le terme "Amazone" est tout à fait approprié pour le nom de ce synode, et pas à cause du fleuve. Les Amazones, si vous vous souvenez bien de la mythologie grecque, c'était les effrayantes guerrières femmes - les filles d'Arès, le dieu de la guerre et d'Harmonie - une nymphe des bois. La prédominance de la vénération de l'arbre, la révérence envers la forêt d'Amazonie et la prédominance du "ministère féminin", tout fait écho aux mystères grecs d'une époque ancestrale.
Nous avons un souvenir assez mièvre du paganisme greco-romain. Je suppose que cela est du au fait que nous avons tous lus la mythologie dans ce livre d'Edith Hamilton (1) (qui est disponible sur Amazon - ou sinon ?). En fait, alors que les mythes grecs et romains ont tout l'aspect du bas-bleuisme dans l'anthologie de Mademoiselle Hamilton, la réalité de la religion païenne n'avait rien de terne ni de chichiteux. Les temples étaient les centres de sacrifices sanglants et d'orgies effrénées. Imaginez une grotte obscure ou des temples enfumés où des sorcières infestées par le démon étaient assises, murmurant au dessus de leurs feux alors que battaient des tambours. Les bêlements et les meuglements des animaux se mêlaient aux chants répétitifs des prêtres qui retiraient les intestins hors des taureaux et les étudiaient pour pronostiquer l'avenir. Le cas échéant, après avoir payé le chaman pour jeter un sort sur votre ennemi, vous deviez vous rendre sous l'autel et rester caché dans une niche pendant que le prêtre massacrait un taureau au dessus de vous et vous pouviez être baptisé dans le sang du taureau.
Nous aimerions tant un paganisme aseptisé, mais le prêche de Saint-François aux petits oiseaux et sa caresse sur la tête du loup de Gubbio sont très éloignés des réalités du culte païen. Prenons par exemple les religions nordiques avec leurs forêts et arbres sacrés par exemple. Les vikings n'allaient pas dans les bois sacrés pour vénérer Yggdrasil comme ceux qui câlinent les arbres de nos jours et qui vont dans la forêt pour communier avec le pin solitaire. Ils allaient dans les bois sacrés pour faire des sacrifices humains aux dieux de la terre, des arbres et de la forêt effrayante.
Cela me ramène à cette statue d'une femme enceinte qu'ils avaient à la cérémonie où l'on plantait un arbre et où ils défilaient autour du Vatican.
Il y a eu pas mal d'agitation en ligne à propos de la statue. L'écrit de Julia Meloni ici nous explique que la statue est celle de Pachamama - la Terre Mère.
D'un autre côté, Pedro Gabriel défend la statue. Il s'en explique ici et ici que c'est simplement une représentation indigène de la Vierge Marie Bénie. JD Flynn a une autre analyse de l'image dans un contexte plus large comme faisant partie du synode de l'Amazonie. Voir ici.
C'est un débat intéressant. Je tend à croire ceux qui pensent que c'est païen. Pas parce que la statue vient de l'Amazonie ni parce qu'elle vient d'une culture indigène, ni parce que la femme est nue.
Ce n'est pas catholique pour deux raisons. La première c'est parce que ce n'est pas la façon dont les catholiques utilisent les statues.
Arrêtons un moment et révisons les croyances catholiques au sujet de l'iconographie. Autrement dit, que croyons nous au sujet des images et des vénérations d'images dans le culte ?
Il y a très peu de représentations venant des premiers siècles de l'église chrétienne et pourquoi donc ? Parce que les premiers chrétiens étaient des Juifs et les dix commandements interdisaient clairement la fabrication de toute représentation gravée. En outre, les premiers chrétiens étaient entourés par le paganisme et du culte des idoles. Finalement, deux représentations dimensionnelles commencèrent à être autorisées, et ainsi, des représentations en bas-relief ont été permises et finalement - comparativement tard dans le Moyen-Âge, des statues complètes commencèrent à être acceptables.
Toutefois, la controverse sur l'iconoclasme a déchiré l'église au VIIIe et IXe siècle.
Cette controverse a aidé à clarifier ce que les chrétiens croient au sujet des images. L'explication est celle-ci : Jésus-Christ est l'image (icône) de Dieu invisible (Colossiens 1:15). Parce que nous sommes faits à l'image de Dieu et nous sommes nés à nouveau dans l'image du Christ, chacun d'entre nous qui sommes baptisés et sommes destinés à devenir des uniques images du Christ qui est l'image de Dieu. Avant l'incarnation, il n y avait pas d'image visible de Dieu. Par conséquent, toutes les images étaient interdites. Après l'incarnation, nous voyons le Christ comme l'image de Dieu. Ainsi, les images de Jésus-Christ sont permises parce qu'elles sont des images de l'Image. Parce que la Mère Bénie et tous les baptisés sont destinés à être des images de l'Image, on peut aussi permettre de produire des images de la Mère Bénie et des saints.
Maintenant, il y a une grosse différence entre les représentations catholiques et la statue qui est promenée autour du Vatican.
C'est vraiment très simple.
Une représentation catholique authentique est une représentation d'une vraie personne, qui, par la grâce de Dieu, a été remodelée à la ressemblance au Christ. Le saint est devenue une représentation du Dieu invisible.
Une représentation païenne n'est pas une vraie personne. Une représentation païenne est une idole. C'est même une représentation d'un démon ou un symbole d'une sorte d'esprit ou demi-dieu (ce qui est un joli nom pour un démon).
Même si la statue féminine amazonienne n'est rien d'autre qu'un symbole, nous ne vénérons pas les symboles. Nous avons des symboles dans l'église. Le chrisme est un symbole. Le triangle dans trois cercles est un symbole. L'Agneau de Dieu est un symbole, mais nous vénérons pas les symboles. Nous les promenons pas en procession. Nous n'allumons pas de cierges devant les symboles. Nous ne mettons pas de symboles au milieu de cercles de prière et nous ne inclinons pas devant eux.
Par conséquent, nous devrions regarder encore cette représentation. Est-ce une icône symbolique ou la représentation d'une vraie femme indigène ?
Pedro Gabriel, dans sa défense, affirme que la femme dirigeant la cérémonie de l'arbre planté, appelle la représentation "Notre Dame de l'Amazone." Donc, la statue est une représentation de la Vierge Marie Bénie ou une femme indigène d'Amazonie ? Ce serait bien. La Vierge Marie a été représentée dans diverses appartenances ethniques et costumes locaux.
Mais est-ce vraiment ce qu'est cette représentation ? John Flynn démontre ce que les autorités du Vatican conteste.
Le frère Giacomo Costa, un porte-parole du synode, dit que la représentation n'est pas la Vierge Marie, mais celle d'une figure féminine représentant la vie. Paolo ruffini, un officiel de la communication du Vatican a dit que dans son opinion personnelle, la représentation semble être celle d'un arbre, qui est, a-t-il dit, une sorte de "symbole sacré."
L'évêque péruvien, David Martinez De Aguirre Guinea était un peu plus méfiant.
Nous avons nos propres interprétations : la Vierge Marie, la Terre-Mère... Il est probable que ceux qui utilisaient ces symboles souhaitent se référer à la fertilité, aux femmes, à la vie, la vie présente parmi les Amazoniens et l'Amazonie est censée être pleine de vie. Je ne crois pas que nous ayons besoin de créer des connections avec la Vierge Marie ou avec un élément païen. "Cependant, la mission chrétienne n'est pas seulement d'inculturer l'Évangile, mais aussi de corriger ce qui est dans l'erreur dans la religion indigène.
Est-ce que la représentation est simplement celle du la Mère Bénie dépeinte en femme indigène ? Est-ce Notre Dame de l'Amazone ? Gabriel démontre qu'il y a en fait, déjà une telle représentation. Voici à quoi elle ressemble :
Cependant, on peut aussi trouver beaucoup d'images de Pachamama - la déesse mère péruvienne - en ligne. Il y en a différentes versions mais voici en une :
Posez-vous la question. Laquelle de ces deux représentations la statue du Vatican ressemble le plus ? Absorber Marie dans la Mère Déesse ? Non.
Ce n'est pas catholique.
Comme dans bien des conflits dans l'Église... Devinez quoi ? Nous avons déjà vu cela.
Les apôtres eux-mêmes se sont confrontés à la Grande Déesse Mère. Dans leur culture, aucune n'était aussi grande que Diane des Éphésiens.
Voilà à quoi elle ressemblait.
Considérons St Paul s'inclinant devant elle et disant : "C'est cool. Plantons un arbre et inculturons l'Évangile. Nous l'appellerons tout simplement Notre Dame d'Éphèse !"
Je ne pense pas. Vérifiez dans Actes 19.
" Il survint en ce temps-là un grand tumulte au sujet de la voie du Seigneur. Un orfèvre, nommé Démétrius, fabriquait un argent de petits temples de Diane, et procurait à ses ouvriers un gain considérable. Les ayant rassemblés, avec ceux du même métier, il leur dit : " Mes amis, vous savez que notre bien-être dépend de cette industrie ; et vous voyez et entendez dire que, non seulement à Éphèse, mais encore dans presque toute l'Asie, ce Paul a persuadé et détourné une foule de gens, en disant que les dieux faits de main d'homme ne sont pas des dieux. Il est donc à craindre, non seulement que notre industrie ne tombe dans le discrédit, mais encore que le temple de la grande déesse Diane ne soit tenu pour rien, et même que la majesté de celle qui révèrent l'Asie et le monde entier ne soit réduite à néant." A ces mots, transportés de colère, ils se mirent à crier : "Grande est la Diane des Éphésiens !" Acte XIX - 23/29
Le fait est que Pachamama n'est pas catholique parce que Pachamama est une fausse idole, un substitut païen pour la Vierge Bénie.
Et s'ils se débarrassent de la Vierge Bénie et mettent à sa place la Terre Mère, alors je considère que le spectacle tout entier est suspect.
Au mieux, c'est un exercice de relations publiques factice qui sera bientôt oublié.
Au pire, c'est la promotion d'un faux évangile.
Cet article a été traduit le jour où les statuettes païennes de femmes enceintes ont été dérobées au Vatican et jetées dans le Tibre. Cette action audacieuse est à applaudir mais l'article est toujours d'actualité. On essaiera d'imposer ce néo-paganisme tant que le Vatican n'aura pas été drainé des ennemis de l'Église en son sein.
(1) Edith Hamilton (1867-1963) était une helléniste américaine