jeudi 20 décembre 2018

Comment j'ai redécouvert Noël


Crèche de Neffes (Hautes-Alpes)


   J'ai vécu mon enfance en Provence. Dans cette région, les traditions de Noël sont magnifiques et leur réputation ont dépassé les frontières de la région. La tradition des santonniers est sans doute la plus connue. Ces fabricants de figurines en terre cuite qui représentent les personnages de la nativité vendent leurs oeuvres sur les marchés pendant la période de l'Avent. La crèche provençale est généralement richement décorée avec un paysage représentant la Provence avec ses villages aux toits de tuiles, ses collines couvertes de pins, souvent surmontées d'un moulin à vent. La tradition locale, ce sont aussi des chants en provençal. Quand j'étais enfant, j'entendais souvent celui-ci à la messe de minuit, accompagné d'instruments traditionnels. Cela m'émerveillait. 



"Lei Pastoureu" - les bergers, le berger est un personnage important dans l'imaginaire local et il a une place importante dans le récit de la Nativité


Mais quand je rentrais chez moi, l'atmosphère chaleureuse de l'église laissait souvent place à de la tension et dégénérait en disputes incongrues entre mes parents, ma tante et ma grand-mère entre les huîtres et les langoustines... Cela me rendait malheureuse. La joie de la naissance du Sauveur était bien loin et ces incidents ont probablement été l'une des causes de mon basculement vers l'agnosticisme à l'adolescence. 

Bien des années plus tard, je fis connaissance de la famille de mon compagnon et j'ai vécu chez eux des Noël bien différents de ceux auxquels j'avais été habitué jusque là. C'était des gens très catholiques vivant dans ce qu'en France on appelle les "départements concordataires", c'est à dire qui vivent toujours sous le régime du Concordat de 1801. On ne dégustait pas de plats de fruits de mer coûteux la veille de Noël et on mangeait un bon repas copieux le jour de Noël avec du bon vin mais sans ostentation. L'après midi, il y avait souvent des cousins ou des amis qui passaient rendre une petite visite, ce qui donnait un aspect chaleureux à cette journée. Depuis longtemps, j'avais été indifférente à Noël et ne percevait plus sa vraie signification : l'arrivée de la lumière et de l'espérance au milieu des ténèbres et de la vie sur la mort. Il suffit d'imaginer l'effet sur les enfants d'autrefois, vivant dans des demeures faiblement éclairées et rentrant émerveillés dans une église illuminée par des cierges. 

Un peu plus tard, avec la naissance de mes enfants, il devint difficile de déroger à la tradition. Une part de cela tenait à la pression sociale qu'engendre le fait d'avoir des enfants scolarisés : la fête de Noël de l'école. Celle-ci est dénaturée de son sens premier, autrement dit "laïcisée" et ne laissant apparaître que son aspect mercantile, avec l'arrivée triomphale du père Noël à la fin d'un spectacle souvent calamiteux. Quand mes enfants étaient petits, la fête était organisée par deux communes qui collaboraient ensemble pour l'occasion. Le lieu de la fête était une fois sur deux soit dans un village, soit dans l'autre. Cela représentait beaucoup de monde dont une partie, peu incorporée dans la vie locale, attendait de récupérer les cadeaux de leurs enfants avant de rentrer chez eux précipitamment. Deux ans plus tard, il avait été décidé de ne plus donner de cadeaux aux enfants, officiellement pour des raisons budgétaires. Cela m'évitait de m'y rendre car le père Noël est un personnage que je n'aime pas beaucoup. Peu de gens s'en rendent compte mais le père Noël, ce personnage venu des Etats-Unis, est très mercantile, un dieu de la consommation et en France, son arrivée a été accompagnée par une chanson où l'enfant est invitée à espérer, non pas la naissance du Sauveur, mais l'arrivée des cadeaux !








Dans un Occident déchristianisé, la logique apparente voudrait que Noël disparaisse ou devienne bien plus discret mais va-t-on se priver d'une fête qui rapporte autant d'argent ? Les actions des Gilets Jaunes, en paralysant partiellement le pays, ont révélé l'importance démesurée de Noël pour l'économie car la période qui précède cette fête représente une part très importante des recettes enregistrées par les magasins. En temps de crise, on ne va pas se priver d'une telle manne ! Et l'action des Gilets Jaunes a fait chuter les bénéfices faits par les commerçants à cette occasion. Pourtant, le Christ est du côté des Gilets Jaunes, pas du commerce ! 

Et c'est bien le paradoxe, en devenant ostentatoire et clinquante, la fête de Noël est menacée car sa raison même d'exister, la naissance du Christ, devient occultée. Elle devient une baudruche scintillante sans contenu. L'interdiction des crèches en est un bon exemple. 

La crèche représente la Nativité du Christ. Il s'agit d'un homme et d'une femme avec un enfant. Une sorte de Trinité familiale que notre société rejette car il s'agit d'un scandale et d'une offense non seulement aux "nouveaux types de famille" mais à l'individu roi. C'est aussi un rappel de la Vie dans une société qui vénère la culture de mort. De plus, l'enfant Jésus nait dans une étable, il naît pauvre,  et bien avant qu'il déclare la fameuse parabole "il est plus facile à un chameau de rentrer par le chas d'une aiguille qu'à un riche de rentrer au royaume de Dieu", il annonce déjà que l'Eglise est celle du pauvre et du humble. Dans une société basée sur l'argent roi et l'hypocrite charity business, c'est une sorte de révolution que l'on préfère occulter au nom de la "laïcité". 

Dans les années 2010, j'ai redécouvert le catholicisme en me posant d'abord des questions sur les affaires de pédophilie dans l'Eglise mais aussi, grâce à internet,  en découvrant l'incroyable haine qu'ont les gauchistes envers le catholicisme puis j'ai fini par me demander ce qui scandalisait tant dans cette religion dont je m'étais éloignée mais contre laquelle je n'avais jamais milité ce qui m'a finalement amené à croire à nouveau. Ce n'est pas les scandales de pédophilie qui choque les gauchistes puisque ces gens soutiennent des politiciens et des personnalités souvent impliqués dans la pédophilie d'élite et des rites satanistes où seraient organisé des sacrifices d'enfants dans des réunions secrètes tel que le Bohemian Grove.

Ce qui scandalise, c'est que le fils de Dieu soit un bébé vulnérable puis un simple humain qui accepte de souffrir et mourir de façon humiliante pour sauver l'humanité. En ces temps d'égoïsme et de mégalomanie, voilà quelque chose qui ne passe pas et ce n'est pas nouveau, cela fait 2000 ans que cela dure.

 La crèche représente aussi Dieu qui s'incarne en homme, l'inverse de la religion mondiale, celle de l'Antechrist qui est celle de l'homme fait Dieu. Ceux qui ne l'ont pas accepté au départ, ne l'acceptent toujours pas et sont peut-être derrière ce "Noël" dénué de sens que l'on connait aujourd'hui ; un "Noël" qui sera sans doute dans le calendrier de la "religion mondiale" et dont le temple sera une "maison de voleurs". D'ailleurs, les ligues de vertu laïques ferment les yeux lorsque ceux qui bâtissent la religion de l'Antechrist dressent leur chandeliers dans les rues de Paris. 


Le catholicisme, c'est aussi l'acceptation qu'il y a un plus grand que soi, quelque chose au dessus de nous qui nous invite à l'humilité à l'heure où des pseudos religions nous invitent à nous prendre pour Dieu. C'est aussi, à l'image du Christ, l'acceptation du sacrifice. C'est - pour parler vulgairement - accepter de déranger, d'être souvent rejeté ou d'abandonner son petit confort pour une cause qui nous dépasse et qui peut être tout simplement une lutte sociale ou de faire connaître la vérité, celle de l'existence de cette pseudo élite qui nous gouverne et qui veut nous immerger dans le mensonge. 

Au fil des années, Noël est devenu plus "traditionnel" chez moi. Il y a non seulement le sapin mais aussi et surtout la crèche. Ma fille surtout y tient, c'est elle qui l'a confectionné cette année et c'est une petite victoire puisque, jour après jour, je dois lutter contre toutes ces séries télé et ces films qui parlent de sorcellerie et d'occultisme. Le prix à payer étant d'être parfois considérée comme une mère vieux jeu, voire ringarde même si ma fille le dit avec humour. 

Dans quelques jours, je serai auprès de mes parents qui vivent à 400 kms de chez moi. Ils habitent à quelques centaines de mètres d'une magnifique abbatiale médiévale de style roman. Elle est dédiée au saint qui a évangélisé la région et dont il est devenu le premier évêque au IIIe siècle. Elle est considérée comme l'un des plus beaux édifices de style roman de la région. C'est là que j'avais repris pied dans l'église il y a quelques années de cela. Ma déception fut amère : j'ai assisté ce soir là à une parodie de messe et l'an dernier, la crèche exposée au pied du choeur représentait - en plus des classiques santons - un étoile filante avec une trainée arc-en-ciel avec une photo de deux femmes se serrant l'une contre l'autre. Au fond du choeur, une ménorah a été installée. Ces mêmes ménorahs qui sont érigées triomphalement dans les rues de Paris alors que la crèche de la mairie de Béziers doit être déplacée dans un endroit discret...

Toujours l'an dernier, je suis descendue dans la crypte de l'abbatiale, j'ai prié devant une statue de la Vierge pour la protection de cette abbatiale souillée par l'idéologie mondialiste et LGBT et plus globalement pour l'Eglise elle-même. 







Pour cette année, je devrais me rendre à une messe traditionnelle qui aura lieu dans une chapelle non loin de là ce qui va certainement surprendre ma famille. Ma mère est malheureusement attachée à cette Eglise Vatican II à la dérive et dans l'ensemble ma famille est libérale, que ce soit de "gauche" ou de "droite" ce qui ne va pas sans heurts parfois et qui risque de raviver les disputes auxquelles j'ai assisté pendant mon enfance mais j'ai fini par comprendre et intégrer le côté sacré de Noël et espère à chaque fois que tout se passera bien ce jour-là. Il est souvent difficile de faire voir la vérité à ses très proches alors que c'est souvent plus facile avec des inconnus, c'est pourtant nos proches à qui on pense en premier lorsque on constate que bien des gens ont l'esprit obscurci par des mensonges, des travestissements voire des ruses lucifériennes. 

Nous vivons des temps inquiétants, bien des croyants pensent que nous vivons la fin des temps tellement l'hérésie et l'anthropothéisme sont triomphants. C'est pour cela que nous devons à Noël penser à cet enfant, tout petit, fragile et pauvre qui devait racheter l'Humanité. Nous devons penser à l'Eglise. Eglise qui est, moins un Vatican infestée par l'idéologie homosexualiste et des prêtres qui travestissent le message évangélique, que l'ensemble des croyants unis dans leur fidélité au Christ et son message d'espérance. C'est moins un ensemble bien concret d'édifices en pierre que le Corps Mystique du Christ, invisible et invincible qui, comme cela est annoncé dans l'Evangile de St Matthieu : "l'enfer ne prévaudra point contre elle". 



Une crèche installée dans une église maronite ruinée par la guerre à Alep en 2016, un beau symbole de la victoire de la vie sur la mort



Heureux Noël à tous





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