mardi 10 octobre 2017

Message à la jeunesse russe




Déclaration du défunt patriarche Alexis II, à la jeunesse russe (1991)


Mes chers enfants


   J'ai 62 ans. Vous êtes à peu près trois fois plus jeunes. Il est évident que vous aurez à vivre dans un monde qui sera très différent de celui où j'ai passé toute ma vie, à l'exception de la dernière période la plus difficile qu'il me reste à vivre. La société dans laquelle vous vivrez sera plus dure. 

   J'espère qu'elle comportera moins de pression extérieure, étatique. Mais elle nous poussera d'elle-même à l'action, au choix, à l'activité incessante, à la lutte pour survivre et réussir. Et le fardeau de la liberté est toujours dur, toujours difficile.

   La société dans laquelle vous allez entrer (ou dans laquelle on vous conduit) sera sans précédent dans l'histoire. Ce n'est pas un compliment que je lui fais. C'est un avertissement que je vous donne. Le fait est que pour la première fois, une société d'économie concurrentielle va se fonder dans les CONDITIONS d'un effondrement spirituel. La société de l'économie de marché en Europe est née dans le milieu du sévère puritanisme protestant, qui donna une valeur morale et religieuse à l'activité économique et sociale de l'homme. a son tour, l'Eglise Catholique, sortie de la Contre-réforme plus forte qu'elle n'y était entrée, a aidé l'homme à se libérer de "l'unidimension" économique, lui a rappelé qu'il était, avec tous ses semblables, avant tout un enfant de Dieu, et seulement en second lieu, un entrepreneur ou un ouvrier. C'est ce que peut donner aussi, avec beaucoup d'autres rappels spirituels indispensables, notre Eglise Orthodoxe Russe. Mais seront-ils nombreux, ceux qui sont prêts à nous écouter?

   Faut-il convaincre aujourd'hui quelqu'un que même dans les années de la perestroïka, notre société dans son ensemble n'est pas devenue plus spirituelle? Il y a des gens, et grâce à Dieu, ils sont assez nombreux, qui ont pu sérieusement s'approcher du monde chrétien et sont devenus plus doux, plus profonds, plus graves. Mais en voyez-vous beaucoup parmi vos amis et êtes-vous prêts vous-mêmes à prendre leurs avis au sérieux?

   Aujourd'hui notre société n'a en fait pas de valeurs nationales communes, et les gens qui créent une nouvelle façon de vivre n'ont pas d'inspiration religieuse. C'est pourquoi je crains que les changements, les changements indispensables et inévitables, vont dégringoler lourdement sur beaucoup de destins. Y compris les vôtres. Dieu vous donne le courage et la patience, la capacité de supporter l'adversité, et surtout, qu'il vous donne la faculté de discerner quand vous-mêmes causez du mal aux autres. 

   Vous allez vivre dans une nouvelle Russie. Dans la Russie qui s'en va maintenant, la Russie communiste, nous n'avons pas seulement beaucoup perdu, nous avons aussi trouvé quelque chose. En particulier, quand l'activité extérieure, sociale était dangereuse, quand l'état diffusait un froid corrosif, les gens ont appris à chérir la chaleur des relations humaines, la chaleur de la vie familiale, ils ont acquis la sage faculté d'être en paix avec leur âme. Les gens avaient peur de s'ouvrir à n'importe qui mais le faisaient entièrement avec quelques proches. Ils avaient faim de vérité et souffraient d'un déficit d'information, mais d'un autre côté, prisaient chaque parcelle de vérité de toute la profondeur de leur âme. Comme je voudrais que cette honnêteté vis à vis de soi-même, devant la Vérité, et aussi cette chaleur humaine et spirituelle fût votre héritage dans le monde où vous allez vivre. 

   Je suis moine, je n'ai pas de famille, pas d'enfants. Mais je sais au nom de quoi j'ai renoncé à cette grande joie terrestre. On peut renoncer à l'amour pour une seule personne et pour celles qui viendront au monde en conséquence de cet amour au nom d'un autre amour, plus grand, l'amour de Dieu, au nom de la vocation, de la possibilité de se consacrer entièrement au service de tous. Mais j'éprouve une grande amertume à voir tant de jeunes gens renoncer aux enfants au nom de buts très différents et sans commune mesure, au nom du "confort" quotidien. Et non seulement ils y renoncent, mais ils les tuent, ils ne leur permettent même pas de naître, les tuant dans le sein maternel... Le monde dans lequel vous entrez peut devenir celui des assassins sans remords, des assassins qui ne comprennent même pas ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont approuvé. Le christianisme dit que l'homme vient au monde pour qu'après lui, celui-ci devienne au moins un tout petit peu plus clair et meilleur. Le christianisme nous dit qu'on vient au monde pour donner, et non pour utiliser. Et avant tout, on doit se donner soi-même. Je crains qu'aujourd'hui, on soit élevé comme une sorte de «machine à sensations », au plaisir de laquelle doit servir tout le monde environnant. Je dois vous prévenir que le christianisme voit autrement la place de l’homme. Souvenez-vous de la Crucifixion du Christ, souvenez-vous comme il a aimé le monde. Ou bien rappelez-vous les paroles de Pasternak sur la vie humaine : « La vie n’est pourtant qu’un instant, que la dissolution de nous-mêmes en tous les autres, comme une offrande que nous leur faisons ».

   Etre chrétien est difficile. Mais c’est justement le christianisme qui a rajeuni le monde. Oui, dans l’Orthodoxie, les anciens, qui ont reçu leur sagesse de l’enseignement de leurs pères spirituels, ont beaucoup d’importance. Mais s’il advient à quelqu’un d’entre vous le bonheur de rencontrer un prêtre, un starets vraiment spirituel, vous verrez combien vit en lui de jeunesse, de joie, de lumière, de forces intérieures et de paix. « Je suis venu, dit le Christ, pour vous donner la vie, et la vie en abondance » (Jean 10.10). Et si la jeunesse est le symbole de la plénitude de la vie, alors le christianisme est vraiment la voie des jeunes.

   Que ne vous trouble pas le fait qu’il y ait plus, en nos églises, de vieilles que de jeunes. Dans l’Eglise, il y a aussi de la place pour vous. Et dans votre âme, il y a une place que Dieu a créée pour séjourner en vous-mêmes. Et si cette place est emplie par le Dieu Vivant, et non par des idoles, y compris celle de l’amour-propre et du souci de son propre bien-être, alors en votre âme vous acquerrez le Courage de supporter les avanies du futur, et la miséricorde pour les adoucir, et ‘amour pour ne pas redouter les gens qui ont besoin de vos soins. Que Dieu vous délivre de l’amour de vous-mêmes et vous donne l’esprit de la prière !

   Je suis un serviteur du culte. Mais que ne vous trouble pas le fait que les prêtres soient habillés de noir. La joie de Dieu et du salut de l’homme nous la portons dans nos cœurs, car ce n’est pas en vain que le Seigneur dit : « Que ma joie soit avec vous, et votre joie sera complète… Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble ni ne seffraie ». (Jean 15, 11 ; 14.27). La couleur de nos vêtements souligne la pureté de notre joie, la différencie de ce qui peut satisfaire l’homme en un monde sans Dieu.  
Et si au cours de votre vie, vous sentez qu’au fond de votre cœur il y a un vide que rien de ce que vous rencontrez dans le monde ne peut combler, souvenez-vous que le Christ existe, et l’Eglise qui témoigne d’elle-même par les paroles de l’apôtre : « considérés comme des imposteurs, quoique sincères et véritables, comme inconnus, quoique très connus ; comme toujours mourants, et vivants néanmoins ; comme châtiés mais non jusqu’à être tués ; comme tristes et toujours dans la joie ; comme pauvres et enrichissants plusieurs ; comme n’ayant rien et possédant tout. Ma bouche s’ouvre et mon cœur s’étend par l’affection que je vous porte. » (2 Cor.6,8-11).

Avec amour, espoir et inquiétude pour vous.
30 juin 1991
Le patriarche de Moscou Alexis II


   Alexis II a été primat de l'église orthodoxe de Russie de 1990 jusqu'à sa mort en 2008. Une époque qui coïncide avec l'effondrement de l'URSS suivi de la "purge" ultra libérale d'origine américaine qui a mis ce pays à genou avant un redressement économique de l'ère Poutine. Cette époque marque aussi le renouveau de la foi orthodoxe en Russie marquée symboliquement par la reconstruction de la Cathédrale du Christ Sauveur en 1997. 










Merci à Laurence pour ce texte





vendredi 23 juin 2017

Un paysan contre le système




J'ai été étonnée d'apprendre il y a bien longtemps l'existence du métier de "conseiller en agriculture" et qu'il consistait à dire aux paysans ce qu'ils allaient qu'ils fassent sur leurs terres. Pour moi, les paysans savaient très bien ce qu'ils devaient faire sur leurs exploitations d'autant plus que nombreux sont ceux qui sont les héritiers de familles d'agriculteurs depuis plusieurs générations. Le vrai objectif ? Sans doute "optimiser" la production alimentaire et surtout, mettre un système de normes de plus en plus drastiques commanditées par l'Union Européenne. Ce sont bien sûr les grandes entreprises agro-alimentaires qui sont les grandes gagnantes et les perdants, les petits agriculteurs et bien sûr les consommateurs.

Depuis plusieurs décennies et dans l'indifférence générale, des fermes disparaissent et sont parfois vendues à de grands groupes, des fonds de pension souvent d'origine étrangère quand elles ne sont pas transformées en résidence secondaire.

C'est cette logique que Jérôme Laronze (photo), éleveur de bovins en Saône-et-Loire refusait ce qui lui a occasionné un véritable harcèlement de la part des services vétérinaires au point qu'il a décidé de se cacher et, ayant été retrouvé par les gendarmes, abattu sans raison apparente par les forces de l'ordre.

Ce fait divers d'abord confidentiel prend de l'ampleur et est repris par des sites d'information tant à gauche (Rébellyon, Bastamag...) que par la droite (Média-Presse Info, TV liberté)

Jérôme Laronze faisait partie de la Confédération Paysanne, ce syndicat paysan qui défend les petites exploitations et milite contre la production industrielle.

Celui-ci commence à s'organiser : http://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/saone-et-loire/macon/hommage-veillee-ete-organisee-hommage-jerome-laronze-ce-mardi-20-juin-macon-1283541.html


TV Liberté a fait venir Stéphanie Bignon de l'association de Saône-et-Loire "Terre et Famille" pour parler de ce drame et de ce qu'il révèle sur l'état de l'agriculture française 








Un paysan tué par de gendarmes, un fait divers tragique vu par : 

  - Bastamag : https://www.bastamag.net/Un-paysan-tue-par-les-gendarmes-la-pression-des-controles-sanitaires-en

  - Rébellyon : https://rebellyon.info/Un-agriculteur-de-la-Conf-abattu-par-des-17903

  - Média-Presse info : http://www.medias-presse.info/un-jeune-agriculteur-trop-intelligent-a-ete-abattu-en-soane-et-loire-par-des-gendarmes-dans-lindifference-des-grands-medias/75474/


L'avenir passe par une agriculture familiale qui permette la souveraineté alimentaire, la confiscation des terres et des semences par quelques multinationales est un réel danger pour les peuples à qui on pourrait brandir l'arme de la faim, je parais catastrophiste mais pourquoi pas...









mercredi 21 juin 2017

Bouddhisme de pacotille

Aujourd'hui, j'ai trouvé des liens très instructifs sur un phénomène qui m'agace et qui m'intrigue à la fois depuis maintenant un certain temps : le mélange des genres religieux, la médiation de "pleine conscience" et le bouddhisme en particulier.... L'engouement est tel que j'ai vu récemment dans un hypermarché des statuettes en vente, on peut parler donc de "bouddhisme de supermarché", je ne suis pas sûre que cette vieille tradition spirituelle orientale soit au final bien respectée....







Soumission, dévotion et abus sexuels : j'ai enquêté sur le bouddhisme en France



Par 
Anthropologue


 Alors que le dalaï-lama est en visite en France, l’anthropologue Marion Dapsance sort ce 15 septembre "Les dévots du bouddisme" (Max Milo). Pendant sept ans, elle a enquêté sur les centres Rigpa, un réseau international dirigé par un proche du dalaï-lama. Elle dresse aujourd'hui le portrait d’une organisation sectaire, dont le maître, le lama Sogyal Rinpoché, serait le gourou. Témoignage.


Dans l’esprit des Occidentaux, le bouddhisme est une "spiritualité laïque", une "science de l’esprit". Bref, quelque chose de tout à fait rationnel.

J’ai commencé il y a quelques années à lire des ouvrages sur la méditation, avant de vouloir aller plus loin. Je me suis rapprochée d’un centre bouddhiste tibétain.

J’habitais sur la Côte d'Azur à l'époque, et je me suis rendue dans une structure de l’association Rigpa, à Nice. Il s’agit d’un réseau international dirigé par Sogyal Rinpoché – "Rinpoché" est un titre qu’on donne à plusieurs lamas et signifie "joyaux très précieux" –, un maître bouddhiste tibétain soutenu par le dalaï-lama. Il est l'auteur du best-seller "Le livre tibétain de la vie et de la mort".

Ce que j’ai découvert dans ce centre était aux antipodes de ce que nous, Occidentaux, connaissons du bouddhisme pratiqué à des fins de développement personnel. Les maîtres asiatiques proposent des rituels très compliqués et en tibétain. Ils font intervenir des divinités et demandent une soumission absolue au maître.

J’ai réalisé que je me retrouvais face à un choc des cultures qui pouvait donner lieu à des quiproquos et des désillusions. J’ai continué à aller suivre les enseignements bouddhistes, mais pour mener mon enquête.



Sept ans d'enquête

J’ai décidé que ce sujet ferait l’objet de ma thèse de doctorat en anthropologie, à l’École pratique des hautes études. J’y ai consacré sept ans. Les deux premières années, je me suis inscrite comme "étudiante"  – c’est comme ça qu’on appelle les disciples – au centre de Levallois pour suivre des cours de méditation, des retraites spirituelles et des enseignements publics.

Après mon enquête de terrain, j’ai entamé une série d’entretiens avec des personnes beaucoup plus avancées que moi dans la voie proposée, et qui m’ont fait part de leur expérience.

Puis il a fallu que j’acquière des connaissances sur le bouddhisme tibétain et la culture tibétaine, mais aussi sur les religions occidentales, qui ont permis de récupérer le bouddhisme pour l’ériger au rang de "religion laïque".

Méditer devant une vidéo du maître

Mes premières séances de méditation étaient fidèles à l’idée que je m’en étais faite. En tailleur, le dos droit, les étudiants concentrent leur esprit sur un point.

Sauf que, rapidement, on bascule dans un autre registre. On conseille aux étudiants de méditer devant l’image du maître, Sogyal Rinpoché, voire devant une vidéo de lui. Sa présence, même à travers l’écran d’une télévision, apporterait des bénédictions.

On nous enseigne ensuite que, ce qui est vraiment efficace, c’est d’avoir de la dévotion pour le maître et d’assister à ses enseignements. Le centre principal de retraite du réseau international Rigpa se trouve en France, près de Montpellier. Il a été inauguré en grandes pompes en 2008 par le dalaï-lama. Carla Bruni, Bernard Kouchner, Rama Yade et d’autres personnalités étaient présentes ce jour-là.

Branle-bas de combat pour trouver un trône

J’ai assisté à des enseignements de Sogyal Rinpoché au centre de Levallois-Perret. Il arrive généralement avec une demi-heure, trois quarts d’heure, voire deux heures de retard. Dès son entrée en scène, il s’adresse aux gens au premier rang et leur reproche de ne pas avoir fait leur travail. Les étudiants reconnaissent avoir mal agi, et se confessent publiquement.

Outre ses plaisanteries bas de gamme, il arrive au lama d’être violent. J’ai pu le voir empoigner quelqu’un par les cheveux et le traiter de "yak". Je l’ai également vu se mettre en colère car il n’avait qu’un siège basique. Branle-bas de combat pour lui trouver un trône. Les gens qui avaient payé pour assister à son "enseignement" ont dû prendre leur mal en patience.

Enfin, toute une organisation est dédiée au bien-être personnel du maître. J’ai eu accès aux guides qui recensent les procédures à suivre pour satisfaire Sogyal Rinpoché. Parmi les recommandations, il lui faut une piscine chauffée à proximité, un lit double, une marque de thé spéciale, des repas à base de bœuf et une Mercedes de fonction avec chauffeur. Il doit également pouvoir capter la chaîne CNN partout où il va, disposer d’une cuisinière et d’une masseuse 24 heures sur 24. Surprenant, pour une spiritualité qui rejette le matérialisme. 

Abus sexuels et violences

Lorsque j’ai commencé ma thèse, j’ai rencontré Olivier Raurich, ancien directeur de Rigpa France et traducteur de Sogyal Rinpoché, pour l’informer de ma démarche. Je lui ai dit que je voulais enquêter sur la façon dont les lamas tibétains transmettaient le bouddhisme aux Occidentaux. Je lui ai également précisé que j’avais entendu des rumeurs sur des abus sexuels dans les centres Rigpa. J’ai joué cartes sur table. Quelques années plus tard, en 2015, Olivier Raurich a démissionné en dénonçant les pratiques sectaires du groupe.

Sogyal Rinpoché a eu des démêlés avec la justice en 1994 aux États-Unis. Une jeune femme avait porté plainte pour abus sexuels et violences dans un centre Rigpa. Mais la justice américaine permet la signature de conciliations. Le maître avait sorti une grosse somme d’argent pour que l’ancienne dakini arrête les poursuites.

Le terme tibétain dakinis désigne des divinités féminines. Celles-ci détiendraient des enseignements secrets qu’elles transmettraient au lama dans un langage codé. Mais il semblerait que dans ces centres, les dakinis ne soient ni plus ni moins que des partenaires sexuelles. 

J’ai rencontré certaines d’entre elles au cours de mon enquête. Notamment une Franco-japonaise qui a réussi à quitter le groupe. Elle a même entamé une procédure judiciaire, avant d’arrêter les poursuites. C’était la parole du maître contre la sienne. Elle a préféré passer à autre chose.

"Folle sagesse"

La force de Sogyal Rinpoché, c’est d’avoir diffusé le concept de "folle sagesse" : sa folie ferait de lui quelqu’un de sage. Plus il se comporte de manière inattendue, violente, agressive et irrespectueuse, plus cela prouve qu’il est un être éveillé, omniscient, au-dessus des contraintes sociales. Si vous ne voyez en lui qu’un gars qui se comporte mal et abuse de son pouvoir, c’est que votre esprit est "obscurci".

Deux options s’offrent alors à vous : soit vous finissez par comprendre que votre maître agit par compassion, soit vous êtes exclu du groupe. Nous sommes dans un système incritiquable, basé sur la foi totale et absolue en Sogyal Rinpoché.

Le dalaï-lama ferme les yeux

Un peu plus de la moitié des étudiants de ces centres bouddhistes ne souhaitent pas aller plus loin que la méditation. Mais beaucoup continuent, s’investissent et passent à une autre forme de bouddhisme.

Certains d’entre eux décrochent en cours de route et réalisent qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Qu’ils soient allés trop loin ou qu’ils aient su s’arrêter à temps, la désillusion reste grande.

Je suis évidemment allée à la Miviludes – Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires – pour les informer de mes recherches. L’organisme m’a avoué être déjà au courant de ce qui se tramait dans les centres Rigpa… Mais il n’a, pour l’heure, pas réagi, malgré le caractère très discutable de ces pratiques.

Quant au dalaï-lama, il est lui-aussi au courant du comportement de Sogyal Rinpoché. Après le scandale de 1994, il a pourtant refusé de signer une charte de bonne conduite pour les lamas qui enseignent en Occident. Depuis, il ferme les yeux. Certainement pour ne pas donner une mauvaise image du bouddhisme tibétain.


Propos recueillis par Julia Mourri



Marion Dapsance a aussi donné une conférence pour le Cercle de l'Aréopage tout récemment où elle explique très clairement la différence qu'il y a entre le "vrai" bouddhisme pratiqué en Asie et en particulier au Tibet et l'ersatz de bouddhisme qui a été popularisé en Occident. Puis elle aborde l'origine de cet engouement suivi par des réactions et des questions du public. Son exposé est d'une grande clarté et d'une grande sobriété et m'a appris énormément sur cet engouement qui ne m'a jamais touché personnellement mais qui touche pas mal de gens autour de moi.







Heureusement, cet engouement pour les religions lointaines qui sent quand même bon l'exotisme de pacotille a été tourné en dérision avec talent il y a soixante de ça 😸









mardi 18 avril 2017

Murmure des temps anciens







   Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l'oreille, peuvent encore entendre les murmures des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n'imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi.

Du domaine des murmures de Carole Martinez

dimanche 9 avril 2017

la politique des bisous

Un poutou en Auvergne, c'est un bisou 😉


Mais Poutou est-il un bisounours ? Pas sûr..... 😝 http://www.causeur.fr/poutou-boucheron-foucault-post-verite-43592.html













Enfants dans la guerre


Enfants de Belfast, 1969 (photo William Doherty)


Nous chantons cette époque où le soleil brillera à jamais
Où les voitures blindées et les chars auront disparu.
Les gens ne feront plus qu’un et les combats auront cessé.
Et tous les petits enfants pourront enfin jouer.


écrit et chanté par Tommy Sands et par la famille Sands



Enfants syriens libérés par les forces russes l'automne dernier (photo Sputnik)

vendredi 13 septembre 2013

Vagabond

(photo du net)



  Ce soir, pour une fois, nous allons au parc du village : quelques mètres carrés d'herbe, des tables de pique-nique et quelques jeux abîmés par l'humidité et la négligence des autorités locales...

   Il faut dire que peu d'enfants foulent le sol du jardin et profitent des jeux, malgré la clémence du temps, les gens semblent terrés chez eux comme ne pas avoir à se confronter à l'ambiance des lieux, lourde et pleine de vieilles rancunes, le nouveau venu, le néo-rural, ressent très vite cet atmosphère. Nombreux sont ceux qui quittent les lieux assez vite dans l'espoir de trouver enfin, un havre de paix conforme à leurs rêves de citadins qui n'ont plus rien à faire dans un système qui n'a pas été taillé à leurs mesures.

   Ici, pas de bobos en mal d'authenticité, pas de chambres d'hôte policées ni de troupes de théâtre de rue, ni d'ateliers d'artistes contemporains, non, ici, les gens qui y échouent, essayent de survivre chez des gens qui ne les attendent pas après avoir renoncer à survivre chez d'autres gens qui ont tout fait pour qu'ils s'en aillent.

   Ils sont juste là pour augmenter les effectifs de l'école primaire qui sans eux fermerait.

   Leur enfants portent des prénoms qui fleurent bon l'univers onirique des celtes : Logan, Cameron, Maureen, mais qui en fait ont été pêchés dans les bas fonds de la télé poubelle américaine. Les mamans ressemblent à de grandes adolescentes et je me sens vieille à côté d'elle, et pourtant elles me ressemblent, elles ont atterri dans cette endroit faute d'endroit pour elles ailleurs. Et si je me sens si raisonnable à côté, c'est parce que j'oublie que j'ai deux décennies de plus qu'elle même si ma fille à le même âge que les leurs. 

   Les pères ne sont pas là ou à peine, les enfants grandissent comme ils peuvent...

   Il n y a donc que nous trois, nous trois et un vagabond qui se repose sur la pelouse qui borde les maisons HLM. Celles-ci semblent inhabitées car rien ne bouge, personne aux fenêtres ni dans les petits jardinets attenants aux maisons.

   Le vagabond, un homme déjà âgé, aux jambes maigres et nues et à la barbe hirsute, mange un petit casse-croûte et semble se moquer comme d'une guigne de cette non-vie aux alentours. Puis, il repart à pied sur la route. Je me dis qu'au moins, il trouvera facilement un endroit où passer la nuit sans être importuné par les forces de l'ordre car plus loin, c'est la montagne, la clue, la gorge et la forêt. Je crains tout de même qu'il ait froid, ces nuits de septembre sont déjà presque glacées en cette année où l'automne semble très pressé d'arriver. 

   Je lui souhaite silencieusement bonne chance.

   Et je regarde les montagnes au dessus de ma tête. Leur hauteur et leur air majestueux semblent être une humiliation pour les habitants et leurs petites rancoeurs mesquines. Il est en effet, très difficile de les regarder de haut et de les toiser avec mépris, encore moins de les intimider. 

   Pourtant, pour ceux qui savent les regarder avec humilité, c'est l'occasion de se grandir, d'être au dessus de la mêlée.

Marie-Hélène Gauthier (Esclarmonde) le 13/09/2013

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