mardi 27 mars 2018

Le yoga est-il catholique ?





Pourquoi un chrétien ne peut-il pratiquer le yoga ? Encore un "interdit" générateur de frustrations de la part d'une église "dogmatique" ? Que nenni... Cette pratique est incompatible avec le christianisme car le christianisme et l'hindouisme offrent des rapports au divin complètement différents. Qui plus est (c'est moi qui l'ajoute) imiter des rites orientaux pour montrer que l'on est "ouvert" n'est pas forcément respectueux des religions orientales. Imaginerait-on des Hindous aller réciter le rosaire à Lourdes pour se "détendre" et pour montrer qu'ils sont si tolérants avec l'Occident ?..... Donc singer la bonne vieille religion historique de notre continent ?.... J'ai longtemps refusé de faire du yoga sans savoir pourquoi à une époque où j'étais agnostique et je comprend maintenant pourquoi grâce à ces propos qui ont le mérite de la clarté. Cela dit, je ne suis pas anti-hindou et respecte la culture qui en découle... 



Le Père James Manjackal M.S.F.S (Père Missionnaire de Saint François de Sales) est un prêtre catholique connu, qui fait le tour du monde en faisant des prédications, en animant des « retraites », en dirigeant des Écoles d’Évangélisation et en initiant des missions parmi les musulmans du Golfe Arabique.

En 1989, il a fondé le « Charis Bahvan », un centre renommé de retraites au Kerala, et en étant son directeur et son supérieur durant 6 ans. Étant indien, de l’état du Kerala, c’est un grand connaisseur des courants spirituels nés en Orient, en particulier, le Yoga, le New Age, le Reiki, etc… et il vient de donner l’alerte dans une conférence :
« Le Yoga et le christianisme sont incompatibles ». (2012)


Indien et prêtre catholique


Comme chrétien et catholique né au sein d’une famille catholique traditionnelle au Kérala en Inde, mais ayant vécu parmi les hindous, et maintenant comme religieux, prêtre catholique et prédicateur charismatique dans 60 pays sur les 5 continents, je pense que j’ai quelque chose à dire sur les effets pernicieux qu’a le yoga dans la vie et dans la spiritualité chrétienne.
Je sais qu’il y a un intérêt croissant pour le yoga dans le monde entier, même chez les chrétiens et que cet intérêt s’étend à d’autres pratiques ésotériques et au New Age comme le Reiki, la réincarnation, l’acupression, l’acupuncture, la thérapie pranique ou pranothérapie, la réflexiologie, etc. des méthodes à propos desquelles le Vatican a prévenu et informé dans son document « Jésus Christ, le Porteur d’Eau de Vie ».



Confusion sur le Yoga


Pour certains le Yoga est un moyen de relaxation de soulagement de la tension, pour d’autres c’est un exercice qui promeut la santé et la remise en forme, et pour une minorité c’est un moyen de guérir des maladies. Dans l’esprit du catholique moyen qu’il soit laïc ou clerc, il y a beaucoup de confusion car le Yoga comme il est promu chez les catholiques n’est pas exclusivement ni une discipline en relation avec la santé, ni une discipline spirituelle, mais parfois c’est une chose et parfois une autre, et fréquemment un mélange des deux.

Mais le fait est que le Yoga est principalement une discipline spirituelle et je sais même qu’il y a des prêtres et des soeurs dans des séminaires et des noviciats qui conseillent le Yoga comme une aide à la méditation et pour la prière (ndt: je pourrais me tromper mais je ne crois pas que cela soit dans les séminaires ou noviciats les plus traditionnels!).

Il est triste qu’aujourd’hui, beaucoup de catholiques soient en train de perdre confiance dans les grandes pratiques spirituelles et mystiques pour la prière et la discipline qu’ils ont reçues de grands saints comme Ignace de Loyola, François d’Assise, François de Sales, Sainte Thérèse d’Avila, etc… et que désormais, ils suivent des spiritualités et mystiques orientales qui proviennent de l’Hindouisme et du Bouddhisme (ndt: au risque d’en faire tressaillir certains qui se sont pâmés devant le mysticisme du prieur « Des hommes et des dieux », on s’est trouvé devant un phénomène du même genre, même si là, la spiritualité venait de moins loin…Ces tentatives de se tourner vers autre chose ne seraient-elles pas une perte de foi, tout simplement, une recherche inconsciente d’autre chose pour compenser, une dispersion vers autre chose, au lieu de s’acharner dans la même direction et de persévérer?).

À ce sujet, un chrétien sincère devrait s’informer de la compatibilité du Yoga avec la spiritualité chrétienne, et de la convenance d’incorporer ses techniques dans la prière et la méditation chrétiennes.


Le Yoga est une union avec une divinité impersonnelle


Qu’est-ce-que le Yoga?

Le mot Yoga signifie « Union », l’objectif du Yoga est d’unir le moi transitoire (temporel) « Jiva » avec le (moi éternel) infini « Brahman », le concept hindou de Dieu. Ce Dieu n’est pas un Dieu personnel, mais c’est une substance impersonnelle spirituelle qu est avec la nature et le cosmos.
« Brahman est une substance impersonnelle et divine qui « imprègne, entoure et est sous-jacent en tout ». Le Yoga a ses racines dans les Upanishads (ndt enseignements hindouistes religieux et philosophiques) hindous antérieurs à l’an 1000 avant JC et il y est dit au sujet du Yoga qu’il « unit la lumière qui est en toi à celle de Brahman ». « Ce qui est absolu est dans la même entité » disent les Upanishads Chandogya. « Tat tuam asi » ou « ceci est toi ». Le divin habite à l’intérieur de chacun à travers Sa représentation microcosmique, - le moi individuel, appelé Jiva.
Dans le Bhagavad Gita, le Seigneur Krishna décrit le Jiva comme « ma propre partie éternelle » et affirme que « la joie du Yoga arrive au Yogi qui est un avec Brahman ».


Les huit voies du Yoga

En 150 avant JC le yogi Patanjali, a expliqué les huit voies qui guident les pratiques du Yoga depuis l’ignorance jusqu’à la lumière. Les huit voies sont comme une échelle:
- autocontrôle (yama)
- pratique religieuse (niyama)
- postures (asana)
- exercices de respiration (pranayama)
- contrôle des sens (pratyahara)
- concentration (dharana)
- contemplation profonde (dhyana)
- illumination (samadhi).
Là il est intéressant d’observer que les postures et les exercices de respiration, qui sont fréquemment considérés en Occident comme le Yoga dans sa totalité sont les étapes 3 et 4 vers l’union avec Brahman.
Le Yoga est une discipline spirituelle

Le Yoga n’est pas seulement un système élaboré de postures et d’exercices physiques, c’est une discipline spirituelle qui prône de porter l’âme au samadhi, à l’union totale avec le divin. Le samadhi est l’état dans lequel ce qui est la nature et ce qui est divin se transforme en un, l’homme et Dieu arrivent à « un » sans aucune différence (Brad Scott: Exercice ou pratique religieuse? Watchman Expositor Vol. 18, No. 2, 2001).

Quand on te cite la Bible selon une clef panthéiste

Cette analyse du Yoga est radicalement contraire au Christianisme, où il y a clairement une distinction entre Créateur et créature, entre Dieu et l’homme. Dans le Christianisme, Dieu est « l’Autre » et jamais « le même ». Il est triste que quelques promoteurs du Yoga, Reiki ou autres disciplines ou méditations dénaturent des citations de la Bible en les citant isolées pour corroborer leurs arguments comme : « Voues êtes temple de Dieu », « l’eau vive coule ne toi », « vous serez en Moi et Moi je serai en vous », « je ne suis plus celui qui vit, c’est le Christ qui vit en moi », etc., sans comprendre le contexte ni la signification de ces phrases de la Bible. Il y a des gens qui font des portraits de Jésus y compris représenté comme un Yogui comme nous pouvons le voir actuellement dans sur des images de Jésus dans des couvents, des chapelles et des presbytères. Jésus est représenté dans des postures de méditation de Yogui !
Dire que Jésus est un Yogui c’est refuser sa Divinité, sa perfection intrinsèque et insinué qu’il est d’une nature imparfaite sujete à l’ignorance et à l’illusion (Maya), et qu’il a eu besoin d’être libéré de sa condition humaine au moyen de la pratique et la discipline du Yoga (ndt après Jésus Ché, l’on est passé à Jésus Yogui…C’est désespérant et pourtant vrai !)




Le "yoga chrétien" éloigné de la simplicité du Christ.... 





Le Yoga est panthéiste

Le yoga est incompatible avec la spiritualité chrétienne parce qu’il est panthéiste 
(c'est-à-dire que « Dieu est tout et tout est Dieu ») et il soutient qu’il existe une réalité unique et que tout le reste est illusion ou Maya. S’il n’existe qu’une réalité et que tout le reste est illusoire, il ne peut y avoir aucune relation d’amour. Le Centre de la Foi Chrétienne est la foi dans la Très Sainte Trinité : Père, Fils et Saint Esprit, trois personnes en un seul Dieu, le modèle parfait de la relation amoureuse. Le Christianisme est tout entier sur des relations entre Dieu et entre les hommes. Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, avec tout ton cœur, avec toute ton âme, avec tout ton esprit. C’est le principal et le premier commandement. Le second est semblable à celui-ci : tu aimeras ton prochain comme toi-même (Mt 22: 37-39).

Il n’y a pas de distinction entre le bien et le mal

Dans l’Hindouisme, le bien et le mal, de même que la douleur et le plaisir sont illusoires (Maya) . Vivekananda, l’icône la plus respectée de l’Hindouisme moderne disait: « le bien et le mal sont un et la même chose » (Vivekananda. “The yogas and other Works”, publié par Ramakrishna Vivekananda Centre New York, 1953). Dans le Christianisme, la question controversée du péché comme la Sainteté de Dieu est inséparable de notre foi, parce que le péché est la raison pour laquelle nous avons besoin d’un Sauveur. L’Incarnation, la Vie, la Passion, la Mort et la Résurrection de Jésus sont pour nous des moyens de Salut, c’est à dire pour nous libérer du péché et de ses conséquences. Nous ne pouvons pas ignorer cette différence fondamentale à l’heure de d’absorber dans la Spiritualité Chrétienne le Yoga et autres techniques de méditation orientales.

Une pratique païenne

Dans le meilleur des cas le Yoga est une pratique païenne et dans le pire une pratique occulte. C’est la religión de l’antichrist (l’homme qui se fait Dieu) et pour la première fois dans l’histoire il est pratiqué de façon frénétique dans le monde occidental et en Amérique. Il est ridicule que des maîtres de Yoga portent même une croix ou un quelconque symbole chrétien, ils trompent les gens en disant que le Yoga n’a rien à voir avec l’Hindouisme et quand ils affirment que ce n’est qu’une question d’accepter d’autres cultures. D’autres ont tenté de masquer le Yoga avec des appellations chrétiennes en le nommant « Yoga Chrétien ». La question n’est pas d’accepter la culture d’un autre peuple, elle est d’accepter une autre religion qui n’est pascompatibble avec notre religion et des concepts religieux (ndt la déclaration du Père James peut surprendre par sa véhémence, parce que nous sommes de pauvres occidentaux, béotiens de premier classe par rapport à lui. Son éclairage d’Indien catholique nous est d’autant plus précieux).


Etendu à l’Occident


Il est regrettable que le Yoga se soit étendu si frénétiquement, depuis les jardins d’enfants jusqu’à toutes sortes d’institutions , de médecine, de pyschologie, etc, s’appelant science alors que cela n’en est absolument pas une, et qu’il se vende sous l’étiquette de « thérapie de la relaxation », « auto-hypnose », visualisation créative, « centering », etc.

Le Hatha Yoga est largement répandu en Europe et en Amérique comme méthode de relaxation et comme exercice non épuisant, c'est l’un des six systèmes reconnus de l’Hindouisme orthodoxe, il est à son origine religieux et mystique, et la forme la plus dangereuse du Yoga (Dave Hunt, “the seduction of Christianity” page 110). Rappelez vous les paroles de Saint Paul : « Et cela n'est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (II Cor 11-14). Il est certain que beaucoup de gens ont été soignés au moyen du Yoga et autres formes orientales de méditation. C’est là que les chrétiens devraient se poser à eux-mêmes la question de savoir s’ils ont besoin d’un traitement et de bienfaits matériels, ou de leur Dieu, Jésus Christ en qui ils croient, et qui est la source de tous les traitements et de la bonne santé.


Le désir d’être Dieu


Le désir d’arriver à être Dieu est le premier et le second péché dans l’histoire de la création, selon ce qui est écrit chronologiquement dans la Bible: « Tu disais dans ton cœur ; Je monterai aux cieux, je placerai mon trône du dessus des étoiles de Dieu. Je monterai dans les hauteurs des nuages, je serai l’égal du Très Haut (Ésaïe 14: 13-14). Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point, mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal (Genèse 3 :4-5).

La philosophie et la pratique du Yoga sont basées sur la croyance de ce que l’homme et Dieu sont un. On apprend à mettre l’accent sur un « même » au lieu de le mettre sur l’Unique et le Vrai Dieu. On encourage ceux qui participent à rechercher des réponses aux problèmes et aux questions de la vie, dans leur esprit et dans leur conscience, au lieu de chercher des solutions dans la Parole de Dieu à travers l’Esprit Saint comme c’est le cas dans le Christianisme. On laisse les personnes, sans aucun doute, exposées à la tromperie de l’ennemi de Dieu qui cherche des victimes qu’il peut arracher à Dieu et à l’Église (1 Pierre 5 -8 « Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera »).


Une Europe qui a honte d’elle-même


Ces dernières huit années, j’ai prêché la parole de Dieu, principalement dans les pays européens qui en leur temps furent le berceau du christianisme, et d’où partirent des évangélisateurs et des missionnaires, des martyrs et des saints. Pouvons-nous appeler aujourd’hui l’Europe, chrétienne? N’est-il pas certain que l’Europe a effacé de sa vie toutes ses valeurs et concepts chrétiens? Pourquoi l’Europe a-t-elle honte de reconnaître ses racines chrétiennes? Où sont les valeurs morales et l’éthique qui, il y a des siècles, étaient pratiquées en Europe et qui furent portées à d’autres civilisations et culture à travers la proclamation courageuse de l’Évangile du Christ ? À ses fruits vous reconnaîtrez l’arbre! Je crois que ces doutes et ces confusions, l’apostasie et l’infidélité, la froideur religieuse et l’indifférence sont arrivées en Europe à partir du moment où furent introduits en Occident la mystique et les méditations orientales, les pratiques ésotériques et celles du New Age.



Du yoga au démoniaque


Dans mes retraites charismatiques, la majorité des participants viennent avec différents problèmes moraux, spirituels, physiques et psychiques pour être libérés et soignés (ndt dans le sens général d’accompagnement bien évidemment et pas médical. D’ailleurs certains diront que s’ils ont été guéris c’est qu’ils n’étaient pas malades stricto sensu).

En Croatie, Bosnie, Allemagne, Autriche et Italie, j’ai eu des cas clairs d’individus possédés par le pouvoir de l’obscurité qui criaient : « Je suis Reiki, je suis le Seigneur Yoga ». Ils s’identifiaient eux-mêmes à ces concepts comme s’ils étaient des personnes alors que je dirigeais une prière de traitement pour eux. Par la suite j’ai du faire une prière de libération sur eux pour les libérer de la possession du malin.


Il n’y a rien de mal dans le Yoga?


Il y a des personnes qui disent : « Il n’y a rien de mal dans la pratique de ces exercices, il suffit de ne pas croire en la philosophie qu’il y a derrière. Cependant les promoteurs du Yoga, Reiki, affirment clairement que la philosophie et la pratique sont inséparables.



Un chrétien ne peut pas accepter le Yoga


C’est pour cela qu’un chrétien ne peut en aucun cas accepter la philosophie et la pratique du yoga puisque le Christianisme et le Yoga sont deux points de vue qui s’excluent mutuellement. Le Christianisme voit le péché comme le principal problème de l’homme, il le considère comme un échec au moment de s’adapter tant aux règles comme au caractère d’un Dieu moralement parfait. L’homme est éloigné de Dieu et a besoin de la réconciliation.



Le Christ est la solution pour l’homme


La solution est Jésus Christ, « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Par la mort de Jésus sur la croix, Dieu a réconcilié avec lui le monde. Maintenant il appelle les hommes à recevoir en liberté tous les fruits de leur salut seulement à travers la foi dans le Christ. À la différence du Yoga, le Christianisme voit la rédemption comme un cadeau gratuit qui ne être que reçu et jamais gagné ou atteint à travers l’effort propre ou avec des œuvres. Ce dont on a besoin aujourd’hui en Europe et dans beaucoup de lieu c’est la proclamation énergique du message du Christ qui vient de la Bible et qui est interprété par l’Église pour éviter des doutes et des confusions qui se répandent en Occident parmi beaucoup de chrétiens, et les porter sur le Chemin, la Vérité et la Vie : Jésus Christ. Il n’y a que la vérité qui peut nous rendre libres.


Père James Manjacka, Missionnaire de St François de Sales

Source : Benoit-et-moi
* * *


Dans cet article  (en espagnol), l'introduction des religions orientales en Europe Orientale est vu comme un projet du Nouvel Ordre Mondial d'asseoir une "soupe des religions" qui rendront les gens sans aucun sens critique (le bouddhisme étant un vrai bouddhisme dans sa région d'origine et non dans un Occident qui mêle également du Christianisme et du New Age avec ce bouddhisme pour touristes...) avec l'aide du Dalaï Lama, grand copain de George W.Bush et de la CIA !

Et dans la droite ligne de religion mondiale, le site "Chrétien" Aleteia fait très fort et va même s'appuyer sur Saint-Paul-de-Tarse pour justifier la pratique du yoga dans une optique chrétienne, voir ici


Et encore ici (sur le site de James Manjackal)








vendredi 16 mars 2018

La Vierge Noire









   Depuis le début de mon séjour j’avais pris l’habitude de me rendre tous les jours à la chapelle Notre-Dame, et de m’asseoir quelques minutes devant la Vierge noire - celle là même qui depuis un millier d’années avait inspiré tant de pèlerinages, devant laquelle s’étaient agenouillés tant de santé et de rois.  C’était un statue étrange, qui témoignait d’un univers entièrement disparu. La Vierge était assise très droite ; son visage aux yeux clos, si lointain qu’il en paraissait extraterrestre, était couronné d’un diadème. L’enfant Jésus - qui n’avait à vrai dire nullement des traits d’enfants, mais plutôt d’adulte, et même de vieux - était assis, lui aussi très droit, sur ses genoux ; il avait, lui aussi, les yeux clos, et son visage aigu, sage et puissant était également surmonté d’une couronne. Il n’y avait nulle tendresse, nul abandon maternel dans leurs attitudes. Ce n’était pas l’enfant Jésus qui était représenté ; c’était, déjà, le roi du monde. Sa sérénité, l’impression de puissance spirituelle, de force intangible qu’il dégageait étaient presque effrayantes.
   Cette représentation surhumaine était aux antipodes du Christ torturé, souffrant qu’avait représenté Matthias Grûnewald, et qui avait tellement impressionné Huysmans. Le Moyen-Âge de Huysmans était celui de l’âge gothique, et même du gothique tardif : pathétique, réaliste et moral, il était déjà proche de la Renaissance, davantage que de l’ère romane. Je me souvenais d’une discussion que j’avais eue, des années auparavant, avec un enseignant en histoire de la Sorbonne. Aux débuts du Moyen-Âge, m’avait-il expliqué, la question du jugement individuel n’était presque pas posé ; c’était bien plus tard, chez Jérôme Bosch par exemple, qu’apparaissaient ces représentations effrayantes où le Christ sépare la cohorte des élus de la légion des damnés ; où des diables entraînent les pécheurs non repentis vers les supplices de l’enfer. La vision romane était différente, bien plus unanimiste : à sa mort, le croyant entrait dans un état de sommeil profond, et se mêlait à la terre. Une fois toutes les prophéties accomplies, à l’heure du second avènement du Christ, c’est le peuple chrétien tout entier, uni et solidaire, qui se levait de son tombeau, ressuscité dans son corps glorieux, pour se mettre en marche vers le paradis. Le jugement moral, le jugement individuel, l’individualité en elle-même n’étaient pas des notions clairement comprises par les hommes de l’âge roman, et je sentais moi aussi mon individualité se dissoudre, au fil de mes rêveries de plus en plus prolongées devant la vierge de Rocamadour. (…)

   Il commençait à y avoir des animations touristiques dans le village, surtout gastronomiques mais aussi culturelles, et la veille de mon départ, alors que je faisais ma visite quotidienne à la chapelle de Notre-Dame, je tombai par hasard sur une lecture de Péguy.  Je m’installais à l’avant-dernier rang ; l’assistance était clairsemée, surtout composée de jeunes en jean et en polo, tous avaient ce visage ouvert et fraternel que parviennent je ne sais comment à arborer les jeunes catholiques.

Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Qu’ils ne soient pas pesés, comme on pèse un esprit.
Qu’ils soient plutôt jugés comme on juge un proscrit
Qui rentre en se cachant par des chemins perdus.

   Les alexandrins résonnaient avec régularité dans l’air calme et je me demandais ce que pouvaient bien comprendre à Péguy, à son âme patriotique et violente, ces jeunes catholiques humanitaires. La diction de l’acteur était quoi qu’il en soit remarquable. Il me semblait d’ailleurs que c’était un acteur de théâtre connu, il devait appartenir à la Comédie Française, mais il devait avoir, également, joué dans des films, il me semblait avoir déjà vu sa photo quelque part.

Mère voici vos fils et leur immense armée.
Qu’ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.
Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre
Qui les a tant perdus et qu’ils ont tant aimée.

   C’était un acteur polonais, j’en étais sûr maintenant, mais je ne parvenais toujours à me souvenir de son nom ; peut-être était-il catholique lui aussi, certains acteurs le sont, il est vrai qu’ils exercent une profession bien étrange, où l’idée d’interventions providentielles peut paraître, plus que dans beaucoup d’autres, plausible. Et ces jeunes catholiques, leur terre, l’aimaient-ils ? Etaient-ils prêts, pour elle, à se perdre ? Je sentais moi-même prêt à me perdre en général, enfin j’étais dans un état étrange, la Vierge me paraissait monter, s’élever de son socle et grandir dans l’atmosphère, l’enfant Jésus paraissait prêt à se détacher d’elle et il me semblait qu’il lui suffisait maintenant de lever son bras droit, les païens et les idolâtres seraient détruits, et les clefs du monde lui seraient remises « en tant que seigneur, en tant que possesseur et en tant que maître ».

Mère voici vos fils qui se sont tant perdus.
Qu’ils ne soient pas jugés sur une basse intrigue.
Qu’ils soient réintégrés comme l’enfant prodigue.
Qu’ils viennent s’écrouler entre deux bras tendus.

   Peut-être aussi tout simplement j’avais faim, j’avais oublié de manger la veille, et il valait peut-être mieux que je rentre à l’hôtel, m’attabler devant quelques cuisses de canard, au lieu de m’effondrer entre deux bancs, victime d’une crise d’hypoglycémie mystique. Une fois de plus je repensai à Huysmans, aux souffrances et aux doutes de sa conversion, à son désir de désespéré de s’incorporer à un rite.


   Je restai jusqu’à la fin de la lecture, mais sur la fin je m’aperçu que malgré la grande beauté du texte j’aurais préféré, pour ma dernière visite, être seul. Bien autre chose se jouait, dans cette statue sévère, que l’attachement à une patrie, à une terre, ou que la célébration du courage viril du soldat ; ou même que le désir, enfantin, d’une mère. Il y avait là quelque chose de mystérieux, de sacerdotal et de royal que Péguy n’était pas en étant de comprendre, et Huysmans encore bien moins. Le lendemain matin, après avoir chargé ma voiture, après avoir payé l’hôtel, je revins à la chapelle Notre-Dame, à présent déserte. La Vierge attendait dans l’ombre, calme et immarcescible. Elle possédait la suzeraineté, elle possédait la puissance, mais peu à peu je sentais que je perdais le contact, qu’elle s’éloignait dans l’espace et dans les siècles tandis que je me tassais sur mon banc, ratatiné, restreint. Au bout d’une  demi-heure, je me relevai, définitivement déserté par l’Esprit, réduit à mon corps endommagé, périssable, et je redescendis tristement les marches en direction du parking.


Michel Houellebecq (Soumission)

lundi 12 mars 2018

Le Bazar de la Charité




Le Bazar de la Charité était une oeuvre de bienfaisance fondée par des grands bourgeois et des financiers pour mettre en place des ventes d'objets divers au profit des pauvres et des démunis en 1885. Le 4 mai 1897, un incendie s'y produit qui fait 126 victimes surtout des femmes... Dans son JournalLéon Bloy, sur un ton qui détonne franchement par rapport aux différents hommages rendus aux victimes va même se réjouir de l'incendie, y voyant l'action de Dieu contre le matérialisme et l'irreligion de l'époque. On peut aussi y voir une réflexion toujours d'actualité sur le "charity business".




Léon Bloy
Mon journal (1896-1900)

Mai 1897

5. - Incendie du Bazar de Charité. Un grand nombre de belles dames ont été carbonisées, hier soir, en moins d'une demi-heure. Non pro mundo rogo1 ; dit le Seigneur. Admirable sottise de Coppée. "Elles s'étaient réunies pour faire le bien ", écrit-il. Tout le monde, bien entendu, accuse Dieu.

8. - L'agitation au sujet de l'incendie continue. songez donc ! Des personnes si riches, en toilette de gala et qui avaient leurs voitures à la porte ! Leurs voitures éternellement inutiles ! Tout ça pour l'amour des pauvres. Oui, tout ça. Quand on est riche, c'est qu'on aime les pauvres. Les belles toilettes sont la récompense de l'amour qu'on a pour la pauvreté. Et voilà qui condamne l'Evangile. Le Nonce du Pape était venu bénir la Truie qui file, un instant avant le feu. Il était à peine sorti que cela commençait... Judex tremebundus ante januam.2.
9. - A mon ami André R :

POUR EXASPERER LES IMBECILES

   Vous me demandez "quelques mots" sur la récente catastrophe. J'y consens d'autant plus volontiers que je souffre de ne pouvoir crier ce que je pense.
   J'espère, mon cher André, ne pas vous scandaliser en vous disant qu'à la lecture des premières nouvelles de cet événement épouvantable, j'ai eu la sensation nette et délicieuse d'un poids immense dont on aurait délivré mon coeur. Le petit nombre de victimes, il est vrai, limitait ma joie.
   Enfin, me disais-je tout de même, enfin ! ENFIN ! voilà donc un commencement de justice.
   Ce mot de Bazar accolé à celui de CHARITE ! Le Nom terrible et brûlant de Dieu réduit à la condition de génitif de cet immonde vocable !!!

1. "Je ne prie pas pour tout le monde" (Jean, XVII, 9)
2. "Le juge redoutable est à la porte."

   Dans ce bazar donc, des enseignes empruntées à des caboulots, à des bordels, A la Truie qui file, par exemple ; des prêtres, des religieuses circulant dans ce pince-cul aristocratique et y traînant de pauvres êtres innocents !
   Et le Nonce du Pape venant bénir tout ça !
   Ah ! mon ami, quelle brochure à écrire ! L'incendiaire du Bazar de Charité.
   Tant que le Nonce du Pape n'avait pas donné sa bénédiction aux belles toilettes, les délicates et voluptueuses carcasses que couvraient ces belles toilettes ne pouvaient pas prendre la forme noire et horrible de leurs âmes. Jusqu'à ce moment, il n y avait aucun danger.
   Mais la bénédiction, la Bénédiction, indiciblement sacrilège de celui qui représentait le Vicaire de Jésus-Christ et par conséquent Jésus-Christ lui-même, a été où elle va toujours, c'est à dire au FEU, qui est l'habitacle rugissant et vagabond de l'Esprit-Saint.
   Alors, immédiatement, le feu a été déchaîné, et TOUT EST RENTRE DANS L'ORDRE.
    Te autem faciente eleemosynam, nesciat sinistra tua quid faciat dextera tua : Ut si eleemosyna tua (1) IN ABSCONDITO (Matth. vi, 3 et 4).
-  Vous vous êtes joliment fichue de cette Parole, n'est-ce pas ? belle Madame, et vous avez voulu exactement le contraire. Eh ! bien, voilà. Il y avait justement un pauvre qui avait très faim, à qui nul ne donnait et qui était le plus affamé des pauvres. Ce pauvre, c'était le Feu. Mains Notre-Seigneur Jésus-Christ en a eu pitié, il lui a envoyé sa bénédiction par le domestique de son Vicaire et, alors vous lui avez fait l'aumône somptueuse et tout à fait manifeste de vos savoureuses entrailles. Pour ce qui est de votre "droite" et de votre "gauche", soyez tranquille. La Parole s'accomplira au point que même vos larbins superbes et damasquinés ne parviendront pas à les distinguer l'une de l'autre et qu'il faudra attendre pour cela jusqu'à la Résurrections des Morts.
   Cum facis eleemosynam, noli tuba, canere ante te, sicut hypocritae faciunt in synagogis, et in vicis, ut honorificentur ab homonibus. Amen dico vobis, receperunt mercedem suam (2) (Matth.VI, 2)
-   Elle n'est pas non plus pour toi cette Parole, n'est-ce pas marquise ? Tout le monde sait que l'Evangile fut écrit pour la canaille, et tu aurais joliment reçu Celui qui aurait osé te conseiller de vendre in abscondito tes "trompettes" et tes falbalas pour le soulagement des malheureux ! Mais, tout de même, tu recevras "ta récompense" et, demain matin, ô vicomtesse, on vous ramassera à la pelle, avec vos bijoux et votre or fondus, dans les immondices...
   Ce qu'il y a d'affolant, de détraquant, de désespérant, ce n'est pas la catastrophe elle-même, qui est en réalité peu de chose auprès de la catastrophe arménienne, par exemple, dont nul, parmi ce beau monde, ne songeait à s'affliger.
Non, c'est le spectacle véritablement monstrueux de l'hypocrisie universelle. C'est de voir tout ce qui tient une plume mentir effrontément aux autres et à soi-même.

Enfin, et surtout, c'est le mépris immense et tranquille de tous à peu près sans exception, pour ce que Dieu dit et ce que Dieu fait.
   Le caractère spécial et les circonstances de cet événement, sa promptitude foudroyante, presque inconcevable, qui a rendu impossible tout secours et dont il y a peu d'exemples depuis le Feu du Ciel, l'aspect uniforme des cadavres sur qui le Symbole de la Charité s'est acharné avec une sorte de rage divine, comme s'il s'agissait de venger une prévarication sans nom, tout cela pourtant était assez clair.
   Tout cela avait la marque bien indéniable d'un châtiment et d'autant plus que des innocents étaient frappés avec des coupables, ce qui est l'empreinte biblique des Cinq Doigts de la Main Divine.
   Cette pensée si naturelle : Dieu frappe, donc il frappe avec justice, ne s'est présentée à l'esprit de personne, ou, si elle s'est présentée, elle a été écartée immédiatement avec horreur.
   Ah ! S'il s'était agi d'une population de mineurs, gens aux mains sales, on aurait peut-être vu plus clair, les yeux étant beaucoup moins remplis de larmes. Mais, des duchesses et des banquières qui "s'étaient réunies pour faire le bien", comme l'a dit positivement le généreux gaga François Coppée, songez donc, chère Madame !
   De son autorité plénière, le journal La Croix a canonisé les victimes. Rappelant Jeanne d'Arc (!!!) dont c'était à peu près l'anniversaire, l'excellent eunuque des antichambres désirables, le P. Bailly, a parlé de ce "bûcher où les lys de la pureté ont été mêlés aux roses de la charité".
   J'imagine que les chastes lys et les tendres roses auraient bien voulu pouvoir ficher le camp, fut-ce au prix de n'importe quel genre de prostitution ou de cruauté, et je me suis laissé dire que les plus vigoureuses d'entre ces fleurs ne dédaignèrent pas d'assommer les plus faibles qui faisaient obstacle à leur fuite.
   "Chacun pour soi, Madame !..." Ce mot a été entendu. C'était peut-être la Truie qui filait.
   Pour revenir à La Croix, ne vous semble-t-il pas André, que ce genre de blasphème, cette sentimentalité démoniaque appelle une nouvelle catastrophe, comme certaines substances attirent la foudre ? On ne fait pas joujou avec les formes saintes, et c'est à faire peur de galvauder ainsi le nom de Charité, qui est le Nom même de la Troisième Personne Divine.
   Voilà, cher ami, tout ce que je peux dire de cet incendie. Je vous remercie de m'avoir donné ainsi l'occasion de me dégonfler un peu. J'en avais besoin.
   Attendez-vous, d'ailleurs, et préparez-vous à de bien autres catastrophes auprès desquelles celle du Bazar infâme semblera bénigne. La fin du siècle est proche, et je sais que le monde est menacé comme jamais il ne le fut. Je dois vous l'avoir déjà dit, puisque je le dis à qui veut l'entendre ; mais, en ce moment, je vous le dis avec plus de force et vous prie de vous en souvenir.
   Erit enim tunc tribulario magna, qualis non fuit ab initio mundi usque modo, neque fiet... Orate  (3) (Matth., XXIV, 21)
Je vous embrasse... en attendant.

Mercure de France, 1903


1. "Mais lorsque vous ferez l'aumône, que votre main gauche ne sache point ce que fait votre main droite : afin que votre aumône soit dans le secret" (Matth VI, 3,4)

2. "Lors donc que vous donnerez l'aumône, ne faites point sonner la trompette devant vous, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues pour être honorés des hommes? Je vous dit en vérité qu'ils ont reçu leur récompense." (Matth. VI, 2)

3. "Car l'affliction de ce temps sera si grande, qu'il n'y en point eu de pareille depuis le commencement du monde, et qu'il n y aura jamais" (Matth., XXIV, 21)



mercredi 7 mars 2018

L'amour ne fait jamais défaut





  • Première lettre de Saint-Paul apôtre aux Corinthiens (extrait)

       Frères, parmi les dons de Dieu, vous cherchez à obtenir ce qu’il y a de meilleur. Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres. 
       J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. 
       J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. 
       J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés,           j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.
       L’amour prend patience; l’amour rend service; l’amour ne jalouse pas; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil; il ne fait rien de malhonnête; il ne cherche pas son intérêt; il ne s’emporte pas; il n’entretient pas de rancune; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. Il ne fait jamais défaut. Les prophéties se périmeront. Les langues dépériront. L’intelligence s’abolira. L’intelligence a des limites, les prophéties ont des limites. Tout ce qui a des limites disparaîtra quand paraîtra ce qui est parfait. Quand j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Et puis je suis devenu homme, j’ai mis fin à l’enfance. Ce que je vois pour l’instant, je le vois comme dans un miroir, c’est obscur et confus, mais un moment viendra où je le verrai vraiment, face à face. Pour l’instant ce que je connais est limité mais alors je connaîtrai comme je suis connu. Aujourd’hui il y a la foi, l’espérance et l’amour. Les trois. Mais des trois le plus grand c’est l’amour. »









jeudi 1 mars 2018

Barbarie polytechnique - Georges Bernanos









   « Les gouvernements prétendent convaincre les peuples qu’ils sont ingouvernables et, pour les rendre gouvernables, ils ne songent qu’à renforcer la puissance, déjà énorme, de l’État. Mais ce n’est pas l’État qu’ils renforcent, c’est l’Administration, qui deviendra bientôt cette équipe de techniciens tout-puissants, incontrôlables, irresponsables, instrument nécessaire de la prochaine, de la très prochaine dictature universelle.
Vous avez laissé s’organiser un monde où l’homme ne peut plus vivre qu’en troupeau.

   On a répété déjà bien des fois, et sur tous les tons, que l’Ordre en train de naître était un ordre inhumain. (…) L’humanité se trouve désormais divisée en deux parts, d’ailleurs très inégales. La première accepte, sous le nom de Progrès, cet Ordre, elle y a déjà conformé son esprit. La deuxième – ou plutôt ta poignée d’hommes qui la refusent – ne saurait rien lui opposer que son refus. La barbarie polytechnique menaçante n’a plus devant elle que des consciences. Mais les consciences ne sont pas des signes abstraits, elles s’incarnent, elles animent des êtres de chair et de sang, capables de souffrir et de mourir. La barbarie polytechnique, demain comme hier, reculera devant les Martyrs. »

Georges Bernanos

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