Lontemps, je me suis demandé quel mal pouvait faire toutes ces pratiques que l’on relient au courant spirituel New Age. Ayant constaté que certaines adeptes (il semble que la majorité des adeptes sont des femmes) étaient mal dans leur peau et ne supportant pas la contradiction, je me suis dit que leur caractère irritable était du au fait que le New Age demandait quelques chose d’impossible : être heureux en permanence et voir les choses sous en angle constamment optimiste (“positif” selon la vulgate en vigueur). Dans ce cas là, il est logique que toute personne ayant le toupet de parler de choses “négatives” (la politique, les maux de la société par exemple) est vu comme un intrus à éloigner... D’autre part, j’étais déjà persuadée que, en cherchant la réponse en soi-même, on allait rien trouver sinon de ressasser ce que l’on sait déjà, de regarder son nombril sans écouter les autres, de ne rien lire ou découvrir ailleurs que dans soi-même, et bien entendu de ne pas se tourner vers Dieu. Il s’agit d’une “spiritualité” où l’idée d’une église organisée, qui suppose un groupe de gens ayant le même idéal et le même dieu est diabolisé. L’égo est connecté avec l’univers, dans ce paradigme, une ecclesia, autrement dit une assemblée en grec, n’est pas envisagée. La vérité est en moi et donc pas dans une autorité supérieure...
Dieu, cet autre plus puissant que moi, au dessus de moi est désormais ringard, place à la religion du moi ! Je suis moi dans tout et tout est en moi....
Considéré aussi comme un occultiste par certains de ces détracteurs, Joël Labruyère (le “gourou” des Brigandes) a néanmoins apporté des explications que j’ai trouvé convaincantes. Selon lui, ces “spiritualités” sont instrumentalisées par les véritables occultistes qui agissent au niveau mondial et ne conviennent pas aux Occidentaux façonnés par des siècles de christianisme. Il semblerait que l’on ai “pioché” dans ces traditions des éléments et non leurs enseignements dans leur totalité. Et bien entendu, on a du “piocher” ce qui devait former un gloubi-goulba néfaste pour leurs esprits.... Souvenons-nous que la matrice du New Age, c’est l’institut Esalen situé en Californie et les rares liens que j’ai trouvé laissent à penser que nous avons affaire ici à de l’ingéniérie sociale. J’ai d’ailleurs trouvé un vidéo en anglais avec le discours d’un Américain qui abonde dans mon sens.
Dans cet institut, des visiteurs du Spectacle marchand y ont séjourné. Il est possible qu’ils aient été aussi attiré par ces nouvelles spiritualités qui peut être décrite comme “une religion sans religion” ou alors comme “une religion de toutes les religions” où les gens sont trompés et dirigés vers des pratiques lucifériennes sous couvert “d’amour” et “d’esprit positif”. Ces gens ayant une grande popularité, leurs choix spirituels ont des répercussions énorme sur la population. On en arrive près de 60 ans après la création de l’institut à une normalisation de ces pratiques spirituelles au point qu’on ne le perçoit plus comme telles. Si les manifestations d’appartenance à des religions catholiques, musulmanes, juives etc... sont bel et bien perçue comme “non-neutres” et comme une intrusion insupportable dans l’espace public (et bien souvent avec une connotation négative), les pratiques du Nouvel Age sont parfois promues et pratiquées dans l’espace public. Personnellement, je connais une “amicale laïque” qui compte le yoga parmi les ateliers qu’elle propose, une médiathèque intercommunale a un panneau d’affichage tout rempli de ces propositions de stage où il faut verser des sommes rondelettes et une petite fille m’a témoigné qu’en CM1, l’enseignante leur a parlé du bouddhisme et leur a proposé une séance de méditation, le tout sans en avertir les parents....
Dans le courant Nouvel Age, non seulement on ne supporte pas tout discours “négatif” mais on est sommés d’être heureux. Le bonheur et le bien-être sont constamment recherchés et souvent désespérément par les “adeptes” d’où la floraison d’ateliers, de stages et de séjours proposant un remède au “malheur”, aux “pensées négatives” et à la souffrance. Les catholiques, souvent cataloguées comme masochistes, savent que la souffrance morale est souvent difficile évitable (en cas de deuil ou de réels problèmes) mais qu’on doit lui faire face et l’accepter pour finir par la dépasser. La renier ne fait que repousser la sortir de la phase dépressive aux calendes grecques. Le recours aux anxyolitiques est un moyen funeste de rester dans la déprime et la souffrance morale mais la négation de la souffrance est aussi un moyen de s’enfoncer en elle. Aussi, la recherche du bonheur est une quête désespérée. Le monde de l’entreprise s’est emparée de cette recherche du bonheur et du sourire permanent, les gens doivent se dire que s’ils ne sont pas bien dans leur entreprise, c’est de leur faute, c’est qu’ils sont inaptes au bonheur. Fini ainsi la lutte des classes ! Il n’est ainsi pas étonnant que le “coaching” (excellent article avec Trump en “guest star”) - un concept reprenant certaines recettes du New Age - a été conçue en Californie, l’Etat où se trouve l’institut Esalen. Où quand l’ouverture à la nouveauté, la fusion de toutes les religions fait l’affaire du monde de l’entreprise et de l’argent...
Dans l’émission “Comme un bruit qui court” sur France Inter du 6 octobre dernier, un reportage nous emmène dans l’univers des marchands de bonheur en entreprise, autrement dit, de l’ingénierie sociale pour avoir la paix sociale...
Autrement dit, le moyenâgeux conservant une vision traditionnelle de la foi et du rapport au monde et aux autres, les gens sensibles aux conditions de travail et de la condition ouvrière sont des losers, place au winner !