lundi 3 février 2020

Alexandra Kollontaï ou les contradictions du féminisme

Alexandra Kollontaï


Alexandra Kollontaï (1872-1952) était une militante et femme politique russe qui a participé à la Révolution de 1917. Féministe, ses idées sur la société et la famille n'ont été appliquées que partiellement en URSS mais sont ironiquement mises en place dans l'Occident du début du XXIe siècle (femmes au travail, abolition de la famille, tutelle de l'Etat sur les enfants,....). L'écrivain et journaliste E. Michael Jones en a fait un portrait qui l'a rend curieusement attachante sans doute parce qu'il a su analyser l'âme féminine pétrie de contradictions derrière la militante bolchévique qui voulait abolir toute organisation traditionnelle de la société. C'est la passion incontrôlée qui a amené cette femme a avoir une âme révolutionnaire.


 Selon son biographe, "Kollontaï avait expliqué des années plus tard qu'elle avait été poussée vers Maslov à cause de son intellect et que son désir pour lui avait crû par un besoin de proximité spirituelle pour un camarade admiré. Elle pensait que l'intérêt qu'il avait envers elle était uniquement d'ordre sexuel : lorsqu'il était physiquement satisfait, il ne pouvait plus comprendre son besoin d'être avec lui. Il ne la traitait pas non plus comme une égale sur le plan intellectuel, préférant discuter d'économie avec ses collègues hommes." 

(...)




Dans "Moralité sexuelle et la lutte sociale" et "Sur un vieux thème , des articles qu'elle avait écrit à peu près à l'époque de la rupture de sa liaison avec Maslov, Kollontaï a accusé l'amour érotique d'être la cause de l'infériorité de la femme avec la même véhémence qu'elle avait utilisé contre le mariage bourgeois. Avant qu'elle écrive son autobiographie au milieu des années 1920, l'attaque contre l'amour comme cause de l'asservissement des femmes s'était adoucie un peu, mais l'amertume résultant de ses liaisons était toujours palpable : "je pouvais encore trouver du temps pour des expériences intimes pour les serrements de cœur et les joies de l'amour. Oui, malheureusement ! Je dis malheureusement parce que d'ordinaire, ces expériences impliquent trop de soucis, de déceptions et de douleur, et parce que trop d'énergie est inutilisée inutilement avec elles. Cependant, le désir d'être comprise par un homme jusqu'aux plus secrets et aux plus profonds tréfonds de mon âme décidait des affaires de façon récurrente. Et une déception nouvelle s'ensuivait trop vite, puisque que l'ami ne voyait en moi uniquement un élément féminin qu'il essayait de façonner en une volontaire caisse de résonance de son propre égo. Ainsi, de façon répétée, le moment arrivait où inévitablement, je devais me débarrasser des chaines de communauté avec le cœur douloureux mais avec une volonté souveraine et non influencée. Ensuite, j'étais seule. Plus l'exigence de la vie envers moi était grande, plus il y avait de quantité de travail à affronter, plus le désir d'être enveloppée par de l'amour, de la chaleur et de la compréhension s'accroissait."

 Nous parlons ici d'un cercle vicieux. La vie en tant que cosmopolitisme sans racine et sans attache mène inévitablement à la solitude, qui mène à une liaison, qui mène à un plus grand sens de l'aliénation après qu'elle ait été consommée, qui mène à un désir d'être libérée des chaînes de l'amour, qui mène à plus de travail, qui mène à plus de solitude. La nouvelle femme de Kollontaï est l'esclave de ses propres passions, un esclavage qui est d'autant plus efficace qu'on ne peut jamais en identifier sa source. A la place, on accuse le mariage d'être un "esclavage", de la "moralité bourgeoise", et l'ordre social existant. La seule chose que Kollontaï n'aura pas abandonné sont ses passions sexuelles. Mais lorsque la vague de la passion l'envahit, elle ne renonce pas au sourire brillant de la vie, elle ne se drape pas non plus hypocritement sous un voile décoloré de vertu féminine. Non, elle tend ses mains vers celui qu'elle a choisi et s'en va pour plusieurs semaines s'abreuver dans une coupe de joie amoureuse, aussi profonde qu'elle puisse être, pour avoir de l'autosatisfaction. Lorsque la coupe est vide, elle la jette sans regret ni amertume. Et elle repart au travail. Kollontaï, en tant qu'incarnation de la nouvelle femme, rompt la liaison, cherche le réconfort dans le travail révolutionnaire, ce qui veut dire rationaliser son propre comportement, et travailler pour créer un monde qui reflète son expérience. Le travail devient la solution à la culpabilité, tout comme il était devenu auparavant la justification d'avoir abandonné son mari et son fils. Mais qu'est-ce que le travail, en particulier le style de travail intellectuel dans lequel elle était engagé, signifie dans ce contexte ? Le travail n'est rien de plus qu'une rationalisation des mauvais choix qu'elle avait fait; et pour persuader les autres de les accepter également. Tout comme l'amour est dépouillé de sa signification, on dénie la signification du travail également en le dépouillant de toute connexion avec la réalité. 

L'ultime expression de la projection du désir personnel que le travail est devenu, c'est la révolution. Et si assez de gens participent au bouleversement de l'ordre moral que créent les désirs désordonnés, sous peu la révolution devient réalité. "

E.Michael Jones "Libido Dominandi - Sexual Liberation & Political Control"

    

" La mère-ouvrière doit apprendre à ne pas faire la différence entre les tiens et les miens ; elle doit se souvenir qu'ils sont seulement nos enfants, les enfants des ouvriers communistes de Russie"

Et si Alexandra Kollontaï avait une certaine classe, que dire de ses "suiveuses" un siècle plus tard ?


















Dans Libido Dominandi, E. Michael Jones démontre, à travers une série de portraits de figures de la transgression (Le marquis de Sade, Freud...), le lien étroit entre révolution entre passions débridées, ces dernières permettant le contrôle politique d'une population soumise à ses seuls désirs.


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