" Le 21 novembre, c'est la Saint Colomban, l'un des plus grands saints missionnaires irlandais et celui qui a éveillé mon intérêt et ma fierté envers les saints irlandais en premier lorsque j'étais écolière, il y a bien des années de cela. J'ai déjà publié un certain nombre d'article sur ce saint, mais ici, nous avons un hommage de la part du pape Pie XI datant de 1923 dans lequel il exprime sa reconnaissance à la contribution faite à la civilisation européenne par notre saint et restaure un lien à l'héritage monastique de Saint Colomban à l'évêque de Bobbio."
Marcella, auteur du blog "Omnium Sanctorum Hiberniae"
Le pape examine le parcours de St Colomban
(Par Mgr. Enrico Pucci, correspondant à Rome, N.C.W.C.)
Ce qui suit est le bref texte papal adressé par sa Sainteté au Cardinal Ehrle, légat a latere pour la célébration des 13 siècles de Saint Colomban à Bobbio, dans lequel le pape Pie exalte les Virtus du saint sur la tombe duquel on pouvait lire :
" Notre fils bien aimé. Salut et bénédiction apostolique.
Puisqu'il est de coutume de renouveler à certains intervalles la mémoire de ceux qui ont obtenu la gloire éternelle (et voudrions que tous devraient l'atteindre), il est adapté, vu que l'occasion est survenu, que nous devrions évoquer avec un cœur reconnaissant le nom et les actes de Saint Colomban dont le treizième centenaire de sa mort est survenu pendant la guerre. Colomban a une place parmi les grands hommes extraordinaires que la Divine Providence nous a donné dans les époques de crises pour nous sauver de la ruine. C'est par le dessein spécial de Dieu qu'il a réussi, comme cela a été le cas pour Saint Benoît, car il est né à peu près à l'époque où le patriarche des moines commençait à jouir de la vie éternelle. Dieu a vraiment donné à Saint Benoît et ses moines un champ plus vaste pour y travailler - un champ qui comprend largement la plus grande part de l'Europe occidentale. Les régions mêmes qui ont été cultivées par Colomban sont entrées plus tard presque par héritage dans la propriété des bénédictins.
Cependant, bien étendues étaient les contrées où ce fils illustre d'Irlande a étendu son zèle et ses œuvres. Alors que les études des érudits ont jeté une lumière plus claire sur le Moyen-Âge, il est devenu encore plus manifeste que la renaissance du savoir et de la civilisation chrétiens dans diverses régions de France, d'Allemagne et d'Italie sont dues aux œuvres et au zèle de Colomban. En cela il a démontré le meilleur, de l'Irlande catholique en particulier. De nombreux restes de superstition païenne subsistait parmi les coutumes de ces régions, et les nombreuses invasions barbares avaient assombri les esprits des hommes avec des erreurs et ont brutalisé leurs cœurs. La civilisation chrétienne s'était quasiment effondrée et la gloire des arts qui sont l'ornementation de la vie civile semblait avoir disparu pour toujours. C'est merveilleux que l'Irlande, appelé fort justement l'Île des Saints et non moins justement le foyer des arts et de la science, resplendissait dans l'obscurité et les nuages de cette époque avec leur amour de la religion et de la civilisation. L'histoire nous enseigne que les recoins les plus profonds de ses vallées et de ses forêts résonnaient des prières et du travail de ses ermites et que là, ont surgi de nombreux monastères qui se dressaient ainsi que de nombreuses écoles de sainteté et, pour cette époque, d'une érudition parfaite dans toutes les branches du savoir. Des jeunes hommes impatients se sont précipités là-bas pour apprendre la littérature et la science.
La migration de Colomban
L'excellence, préparée dans les diverses branches du savoir, formaient aux vertus, sous la discipline sainte de Congal et brulant de désir d'accomplir des grands desseins et on était à une époque qui exigeait son zèle - Colomban, accompagné de quelques associés, ont abandonnés leur patrie et ont commencé des migrations successives à partir de l'Irlande ce qui à travers les siècles ont amené à d'innombrables bénéfices à tant de gens.
Il a d'abord œuvré en France. Y renouvelant la discipline de Bangor, il a fondé des monastères, d'abord à Annegray, puis à Luxeuil, et en dernier à Fontaine. Parmi eux, le monastère de Luxeuil est le plus célébré à cause du nombre de ses moines et l'observance régulière de ses règles de manière à ce qu'il soit considéré comme le principal séminaire pour les prêtres en France, et le centre principal de la conversion qui a été réalisée dans le désert de la vie religieuse des institutions politiques et des coutumes des peuples. Alors que Colomban semblait sans doute trop fougueux conformément au génie de sa race en imposant de la discipline en France, selon cependant au témoignage de Iona, il a restauré à nouveau le « remède de la pénitence et l’amour de la mortification » qui étaient pendant quelques temps tombés en désuétude. Cependant, ce n’était pas sa nature fougueuse, mais sa vertu qui a causé son expulsion des confins de la Bourgogne. Pour avoir réprimandé par un devoir que lui dictait sa conscience, les vices de la court, il a été arraché des étreintes de ses frères bien aimés et a été forcé de changer de pays et d’abandonner la moisson désormais mûre grâce à ses œuvres. Cependant, Dieu l’a permis pour montrer sa ferveur et son amour dans un autre pays.
En tant qu’exilé d’Irlande avec ses soutiens, il a été obligé de passer d’une région à l’autre. Pendant ce pèlerinage, il a rencontré à Meaux Burgondofore, une femme qui ensuite a fondé le couvent de Marmoutiers, qui suivait sa règle. A Bregenz, au bord du lac de Constance, où, en recherche de solitude, il est resté quelques temps, il a enduré d’incroyables souffrances, a été assujéti à toutes sortes de privations, et était considéré avec haine pour les habitants de ce pays qui s’adonnaient encore à l’idolâtrie. Alors qu’il y planifiait de nouveaux voyages et pensait à convertir à Jésus Christ en prêchant les Évangiles, les peuples slaves du Norique et de la Pannonie, le chemin lui fut ouvert pour pénétrer en Italie. Il a longtemps été amené vers l’Italie par instinct, car c’était le dessein de la Providence Divine que l’Italie reçoive les derniers fruits les plus mûrs de ses œuvres et de ses mérites. Son chagrin était de commencer ce voyage, alors que Gall, son soutien bien aimé, ne viendrait pas avec lui en dépit de ses prières, mais il resterait là pour prêcher les Évangiles.
Mais c’est sans regret cependant que ce saint homme, désormais vieillissant, se rendit à Milan. Là, par l’intercession de la pieuse Théodeline, qui lui a fait oublier le souvenir déplaisant de Brunehilde, il a obtenu grâce à la générosité du roi Agilulf, un site bien adapté pour construire un monastère. Ne perdant pas de temps, il se mit au travail avec tant de courage qu’il a non seulement dirigé la construction du monastère mais a même aidé les ouvriers, bien qu’il fut âgé, et a transporté de grosses quantités par les cols de montagnes escarpés. Il ne lui fut pas permis cependant de voir le monastère achevé, puisque durant l’année suivante; il fut appelé à sa récompense céleste. A ces disciples qu’il quitta en grand nombre et qu'il avait animé avec son propre esprit, il a mandaté le devoir d’achever l’œuvre qu’il avait commencé.
Les débuts de Bobbio
Utilisant toutes leurs ressources, ses suiveurs ont fondé le grand monastère de Bobbio, qui a été tellement célébré pour sa formation à la pénitence et à d’autres vertus chrétiennes et pour son savoir qu’il a savouré pendant des siècles en Italie du Nord à égalité avec celui de Monte Cassino. La bibliothèque de Bobbio ne sera jamais oublié par les érudits qui ont sauvé de la ruine tant de tels monuments sans prix de la littérature. Formé au début des précieuses reliques des plus anciennes bibliothèques et, par dessus tout, comme certains l’ont maintenu, de la bibliothèque que Cassiodore a rassemblé, pour l’usage de son monastère de Vivarium, la bibliothèque a été accrue par le travail et l’industrie des moines (Grâce auquel le Scriptorium Bobbienese est tant estimé), et par les dons d’hommes pieux, dont le célèbre Dungal qui mérite une mention spéciale. La bibliothèque est devenue si riche que durant des malheurs ultérieurs où le célèbre monastère a décliné, beaucoup de bibliothèques italiennes et étrangères l’ont sécurisé d’ajouts manifestes. Dans ce contexte, nous devons beaucoup à Paul V et à Frédéric Borromée, le cardinal archevêque de Milan, notre prédécesseur, qui a préservé un grand nombres de Codes de Bobbio dans la bibliothèque du Vatican et dans la bibliothèque Ambrosienne avec le plus grand soin et la plus grande vigilance.
S’il y a des personnes qui devraient préserver et cultiver religieusement la mémoire de Saint Colomban, ce sont par dessus tout les citoyens de Bobbio qui lui doivent tout. En lui, ils n’ont pas seulement l’auteur de leur nom et de leur gloire, mais également le fondateur de leur cité, et leur principal patron avant Dieu. Il n y a personne qui ignore que la vallée par laquelle la rivière Bobbio coule était une terre sauvage et désertée avant l’arrivée de Saint Colomban, où personne n’avait pénétré sinon pour ramasser du bois et chasser les animaux sauvages. C’était même la raison pour laquelle c’est amoureux de la solitude l’avait choisi comme demeure. Cependant, à partir de l’époque où le monastère de Colomban a été construit, il s’est produit un changement, des maisons et des villages ont surgi jusqu’à devenir une cité épiscopale. Il est par conséquent approprié que les habitants de Bobbio, encouragé particulièrement par notre Vénérable Frère Pietro, l’évêque, après avoir restauré la voûte dans laquelle Saint Colomban, avec 26 de ses saints disciples, repose, devraient préparer avec le plus grand soin la célébration de la solennité de sa mort avec splendeur.
Nous souhaitons faire cette fête solennelle toujours plus auguste et plus fructueuse avec le pouvoir de l’autorité apostolique, en particulier, pour montrer combien nous vénérons ce grand luminaire de l’Église catholique, combien d’amour nous avons pour les Irlandais. Souhaitant être représentés à Bobbio pendant ces jours heureux, nous vous donnons l’ordre, notre fils bien aimé, d’assister aux solennités avec la capacité de notre légat. Après que la messe pontificale ait été célébrée, vous bénirez avec notre autorité, ceux qui seront présents et vous leur annoncerez l’indulgence plénière qui peut être obtenue avec les conditions habituelles. Nous sommes désireux que tous qui participent aux solennités gagne son indulgence, et dans ce but, nous l’étendons à ceux qui visiterons le sépulcre de Saint Colomban durant le Triduum ou pendant cette année.
Pour finir, et pour que le souvenir du monastère de Bobbio continue, nous ordonnons que l’évêque de Bobbio soit nommé pro tempore comme titre d’honneur, « l’abbé de Saint Colomban, » et que de notre part, vous notifiez notre Vénérable Frère Pietro, l’évêque, de cette honneur. Nous espérons que Saint Colomban, honoré conjointement par les habitants de Bobbio et les Irlandais, garantira pour les deux peuples les bénédictions de la Divine Providence d’une manière spéciale. Comme un signe de notre faveur, et un témoignage de notre bienveillance paternelle; nous leur conférons avec notre cœur et en premier lieu pour vous, notre fils bien aimé et à l’évêque de Bobbio les bénédictions apostoliques.
Donné à Rome, à la basilique St Pierre, le 6 août 1923, deuxième année de notre pontificat
Pie XI
Source : https://omniumsanctorumhiberniae.blogspot.com/2016/10/pope-pius-xi-on-saint-columbanus.html
On peut considérer la vie exceptionnelle de Saint-Colomban comme une sorte d’épopée européenne. On pourrait d’ailleurs dire la même chose de tous ces moines évangélisateurs comme Saint-Killian ou Saint-Gall qui ont parcouru l’Europe.
En 1948, a été créée l’association « Les amis de Saint-Colomban », Par des membres du clergé catholiques et des laïcs.
L’association organise régulièrement des festivités autour du saint avec des conférences, des expositions, des concerts. C’est aussi l’occasion de rencontres entre Français, Irlandais et Italiens.
On peut dire qu’il s’agit d’une appropriation positive et réellement culturelle de l’histoire du saint irlandais et l’occasion de rencontres entre européens.
Mais l’épopée de Saint-Colomban a aussi fait l’objet d’une récupération qui aurait valu de sa part, s’il était encore de ce monde, une vive réprimande de sa part.
Selon un article du journal le Monde publié en 2019. Luxeuil-les-Bains (taxé de « village » alors qu’il s’agit d’une petite ville) a été le théâtre d’une réunion secrète initiée par Robert Schuman et d’autres personnalités politiques. Il s’agissait de jeter les bases de la Communauté Économique Européenne qui allait être créée quelques années plus tard et sous un habillage chrétien, d’où l’utilisation de Saint-Colomban.
Celui-ci aurait fait très certainement une vive réprimande comme il l’avait fait aux souverains de son temps.
La vraie Europe existe et d’ailleurs, si je suis Française, je me sens aussi Européenne. Le pays d’où vient Saint-Colomban et le pays où il repose, sont deux nations que j’apprécie particulièrement. Assez récemment, je me suis aperçu que la véritable identité de l’Europe, c’est le christianisme, c’est ce qui unit le plus les Européens entre eux et l’Europe des banquiers imaginée à Luxeuil est celle de la désunion des peuples. Saint-Colomban a été l’un des grands bâtisseurs de l’Europe chrétienne. Constater qu’il a été utilisé pour bâtir une Europe contrefaite, un laboratoire du mondialisme basé sur la seule économie et sur l’argent est d’un grand cynisme.
Une fausse Europe qu’il faudrait idolâtrer comme une Divinité et qui tourne le dos aux valeurs chrétiennes.
« Qu’ils sont donc heureux, qu’ils sont dignes d’envie les serviteurs que le Maître, à son retour, trouvera vigilants ! Vigilance bienheureuse qui les tient éveillés pour la rencontre avec Dieu, le Créateur de l’univers, dont la majesté emplit toute chose et les dépasse toutes.
Et pour moi qui suis son serviteur, malgré mon indignité, que Dieu veuille m’éveiller du sommeil de mon indolence. Qu’Il fasse brûler en moi le feu de l’amour divin ; que la flamme de son amour monte plus haut que les étoiles ; que brûle sans cesse au dedans de moi le désir de répondre à son infinie tendresse.
Ah ! S’il m’était donné de pouvoir tenir à longueur de nuit ma lampe allumée et ardente dans le Temple du Seigneur ! Si elle pouvait éclairer tous ceux qui pénètrent dans la maison de mon Dieu ! Seigneur, accorde-moi cet amour qui se garde de tout relâchement, que je sache tenir toujours ma lampe allumée sans jamais la laisser s’éteindre ; qu’en moi, elle soit feu et lumière pour mon prochain.
Ô Christ, daigne allumer Toi-même nos lampes, Toi notre Sauveur plein de douceur. Fais-les brûler sans fin dans ta demeure et recevoir de Toi, Lumière éternelle, une lumière indéfectible. Que ta lumière dissipe nos propres ténèbres et que par nous, elle fasse reculer les ténèbres du monde.
Veuille donc, Jésus, je T’en prie, allumer ma lampe à ta propre lumière et qu’ainsi, à cette clarté m’apparaisse le Saint des Saints où Toi, Prêtre éternel des temps éternels, Tu fais ton entrée sous les portiques de ce Temple immense. Qu’à ta lumière, je ne cesse de Te voir, de tendre vers Toi mon regard et mon désir. Alors dans mon coeur, je ne verrai que Toi seul, et en ta présence, ma lampe sera toujours allumée et ardente.
Fais-moi la grâce, je t’en prie, puisque nous frappons à ta porte, de te manifester à nous, Sauveur plein d’amour. Te comprenant mieux, puissions nous n’avoir d’amour que pour Toi, Toi seul. Sois, nuit et jour, notre seul désir, notre seule méditation, notre continuelle pensée. Daigne répandre en nous assez de ton amour pour que nous aimions Dieu comme il convient. Remplis-nous de ton amour jusqu’au plus intime de nous-mêmes, qu’il nous possède tout entiers et que ta charité pénètre toutes nos facultés pour que nous ne sachions plus rien aimer sinon Toi, qui es éternel. Alors les grandes eaux du ciel, de la terre et de la mer ne pourront éteindre en nous une si grande charité selon cette parole du Cantique des cantiques : Les grandes eaux n’ont pu éteindre l’amour.
Qu’en nous se réalise, en partie tout au moins, ce progrès de l’amour par ta grâce, Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire dans les siècles des siècles. Amen ! "
Saint Colomban