Saint Fiacre, patron des jardiniers, est enterré à Meaux (Seine-et-Marne)
Omnium Sanctorum Hiberniae est un blog consacré à la vie et à l'œuvre des saints irlandais avec énormément d'archives où l'on apprend que le terme consacré de "île des saints et des savants" n'est pas usurpé. L'Irlande a été réellement une "pouponnière" à saints qui ont énormément œuvré pour la vie intellectuelle et la foi en Europe occidentale. Et si la France a eu un rôle clé dans la Chrétienté, le rôle de l'Irlande semble primordial, en particulier pour l'action de ses moines missionnaires au Haut Moyen-Âge sur le continent européen, et en particulier en France.
Le texte suivant (précédé d'un texte d'introduction de l'auteur du blog) est l'une des nombreuses pièces d'archive du blog. Son style est assez emprunté à mon goût. Néanmoins, l'importance de ces moines irlandais est bien mis en évidence. A noter que (selon mes recherches) deux Anglais se sont curieusement glissé dans cette liste (notés par un astérisque) ce qui n'enlève rien à leurs mérites. A noter aussi la curieuse absence de deux missionnaires irlandais célèbres : Saint Colomban et Saint Gall. Absent aussi de cette liste est Scot Erigène, clerc et grand philosophe de son temps, qui serait mort en France, sa terre d'accueil.
Timbre irlandais en hommage aux trois saints martyrs de Wurzburg : Killian, Colman et Totnan
*******
Alors que Novembre est traditionnellement le mois où l’on se souvient des défunts, il semblerait que ce soit le temps approprié pour penser aux nombreux saints irlandais et savants dont les tombeaux se trouvent loin de nos rivages. Tel est le thème de cet article de 1905 « Graves of Irish Exiles » (Tombes de nos exilés irlandais), publié anonymement dans la presse néo-zélandaise. L’auteur rassemblent de nombreux saints irlandais qui ont œuvré en Europe et sur lesquels on peut trouver des descriptions sur ce blog. Mais en incluant beaucoup d’autres hommes d’église et savants célèbres du XVIe et XVIIe siècle, il unit ce site vers mon nouveau blog sur les martyrs irlandais. Les moines du Haut Moyen-Âge ont pu quitté l’Irlande dans des circonstances différentes de ceux qui avaient fondé des collèges irlandais en Europe pendant la période de la Réforme, mais pour l’auteur, la douleur de l’exil, exprimée dans des termes typiquement romantiques, reste le même :
Les tombeaux des exilés irlandais
Il est rare que les cloches des cathédrales sur le continent européen (dit un échange) ne sonnent pas pour les restes de quelques prêtre ou évêque irlandais. Il est rare qu’une fleur qui se fane dans les cimetières le long des rives du Tibre ou de celles du Rhin bordées de châteaux, n'aient pas certains pétales touchant le tombeau solitaire de quelque moine ou étudiant venu des rives verdoyantes du Shannon ou de la Liffey. Les noms des étudiants irlandais sont gravés sur le sol de nombreuses chapelles abbatiales, et sur les murs de bien des nombreux écrins du Tage à la Garonne. Saint Fridolin repose dans son île-cité de Seckingen, dans l’abbaye qu’il a lui-même fondé pour les Bénédictins ; les restes saints de Saint Fiacre ont été enlevé il y a des siècles de l’oratoire deBreuil et doivent désormais se trouver près du mausolée de Bossuet, derrière le maître-autel de la Cathédrale de Meaux ; les nobles martyrs Killian, Colman et Totnan sont enterrés dans la principale église de Wurzburg ; Saint Frigidian repose dans l’église des « Trois saints lévites » à Lucques, alors que Cathal(Cataldo) attend la résurrection non loin des eaux bleues de la belle baie bleutée de Tarante. On a pu voir souvent les douze chevaliers de St Rupert s’agenouiller devant la tombe de St Virgile à Salzburg. Saints Caidoc et Fricor sont enterrés dans l’abbaye de Centule sur le territoire de Ponthieu en Picardie. Dans la collégiale de Lens, dans le diocèse d’Arras, le corps de Saint Vulgan* est honoré. Marianus Scotus, le chroniqueur, a été couché en tant que dépouille pieuse dans l’église Saint-Martin derrière les murs de la ville de Metz. Saint Tressan, repose paisiblement à Avenay en Champagne. Dans une église gardée par le fort de Saint André à Salins, les reliques de Saint Anatoile sont préservées dans un écrin d’argent. Saint Maimbœuf repose en sécurité à l’ombre du château de la vaillante cité de Montbéliard. La magnifique cathédrale de Malines est la tombe et le monument à Saint Rumold - prince, évêque et martyr.
Mais revenons à une époque plus récente de l’histoire de l’Irlande. Combien d’étudiants irlandais reposent pour toujours sur la Montagne Sainte Geneviève ! Combien d’entre eux sont dans un long sommeil dans les couvents franciscains de Louvain et Salamanque, dans le jardin dominicain de Madrid; et dans le sol consacré appartenant aux jésuites à Lille, Anvers, Tournai, Saint-Omer, Douai et Pont-à-Mousson. Florence Conroy repose près du maître-autel dans l’église franciscaine Saint-Antoine à Louvain ; les cendres de Thomas Stapleton* sont mêlées aux cendres des fils les plus talentueux de Belgique dans la chapelle de Saint-Charles Borromée ; Luc de Wadding repose près de Hugh O’Neill, sur le Mont Saint-Pierre à Rome. Dans le monastère cistercien à Alcala en Espagne, William Walsh, de Waterford sur la Suir, repose en paix. La grande âme et évêque patriote de Ferns, Nicholas French, est décédé d’une vie de labeur et d’ennuis à Gand en Belgique. Son corps vénéré a été placé pieusement au pied du maître-autel dans l’église paroissiale de Saint-Nicolas dans cette ville. Une dalle de pur marbre, décoré avec les armoiries et le chapeau du cardinal, porte une belle inscription empreinte de vérité en sa mémoire. Ambrose Wadding, le frère du célèbre Luc de Wadding, repose paisiblement à Dillingen ; l’évêque Edmond O’Dwyer, qui a gouverné l’évêché de Limerick, repose silencieusement dans la chapelle souterraine dédiée à la Vierge Bénie, sous l’église Saint-Jacques, dans la ville de Bruxelles. Le pieux pèlerin de Compostelle trouvera le temple mondialement connu de Saint-Jacques, les restes sacrés de deux évêques de Waterford : Thomas Strong, du diocèse d’Ossory et son neveu, l’ami ferme de Rinuccini, Thomas Walsh. Les reliques de Patrick Fleming et de Matthew Hoar, martyrisés par les cruels soutiens de l’électeur de Saxe, sont chéris dans le couvent franciscain de Wotiz, près de Prague, en Bohème.
Ward, Colgan, Lombard, MacCaughwell, Edmund O’Reilly and les Stanihurst, des hommes dont les noms vivront pour toujours parmi les fils plus talentueux et les plus patriotes d’Irlande, sont tous dans des lointaines tombes étrangères. Les vents d’Irlande ne chanteront jamais leurs hymnes funèbres autour de leurs tombeaux, les jeunes filles d’Erin ne répandront pas de fleurs sur leurs tombes, les fidèles paysans ne prieront jamais sur leurs cendres. Ils sont tombés là où ils ont combattu courageusement avec leurs voix et leurs plumes pour la terre de leur amour. Ils sont morts très loin de leur île natale, avec la grande ombre de la souffrance de l’Irlande sur leur cœur brisé. Ils ont disparu pour reposer dans le calme de couvents silencieux, et ils reposent en paix même dans les ombres pâles des anciennes cathédrales, ou dans les allées paisibles de chapelles dont le silence n’est jamais brisé, sinon par la prière de quelques moines ou religieuses.
Graves of Irish Exiles, New Zealand Tablet, Volume XXXIII, Issue 16, 20 April 1905
Source : https://omniumsanctorumhiberniae.blogspot.com/2020/04/graves-of-irish-exiles.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire