Bruxelles en 1944
Je me souviens, je me souviens. Je suis né en avril 1944 dans Bruxelles occupée, sous les signes de la Gestapo et des bombardement américains qui s’amusaient à détruire les usines tout en épargnant les casernes. Nonobstant la vie des siens, à cette époque, mon père, officier dans la marine marchande belge, travaillait pour les Anglais en tant qu’agent double. Une sale guerre. Il fut d’ailleurs décoré en 1946 des mains du Maréchal Montgomery au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. La Belgique ne savait pas, elle l’avait pris pour un collabo. J’ai donc connu l’après-guerre, ma famille ruinée, la misère. Puis, petit à petit, l’espoir revint. Dans les années 50, on parlait d’Europe, de Marché Commun, et l’optimisme revenait. C’est l’époque où mes grandes soeurs et moi chantions beaucoup de chants en canon, dont cette « Ode à la joie » aujourd’hui dévoyée. Les voisins se mettaient aux fenêtres pour mieux nous écouter. Je me souviens. Je me souviens du sourire de mon père, je me souviens de notre naïveté. Cette Europe, Dieu sait que nous l’avons rêvée, encore et encore. Cette fraternité, cette confiance. Las ! Aujourd’hui, je suis vieux et, le recul et l’expérience aidant, les connaissances de l’Histoire, aussi, je me dis que l’Allemagne a gagné la guerre. Sans les Panzers, sur tous les fronts, de l’Est comme de l’Ouest, elle dirige d’une main de fer avec une morgue et un cynisme rares. Les peuples plient à nouveau. Il est curieux de constater à quel point les peuples sont oublieux, et pourtant ils sentent bien que cette Europe n’est pas faite pour leur bonheur. Mais qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour avoir sa saucisse et sa bière quotidiennes…
L’Histoire recommence, et peut-être que pour se libérer de cette insupportable mainmise teutonne sur l’Europe, il faudra à nouveau la force. Je ne compte pas sur les « Black Blocks » et consorts, ils sont bien souvent manipulés, cf les « années de plomb » en Italie. J’ignore d’où viendra l’étincelle, mais je sais qu’elle viendra. Cet « hymne européen, cette « Ode à la joie », finale de la 9e symphonie de Beethoven, était à l’origine une « Ode à la liberté ». De « Ô Freiheit" à « Ô Freude ». Censurée. Déjà. Trop dangereux… Aujourd’hui, je vomis. Je vomis cette Europe des possédants. Je vomis cette « Ode à la joie. Je vomis l’Allemagne. Je vomis les Anglo-Saxons sans qui l’Allemagne ne serait devenue cette ogresse boulimique que l’on connaît à présent. Je vomis mais j’espère. Encore et encore. Je me souviens, je me souviens……….
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