mercredi 11 juillet 2018

La maison battue par les vents (Windswept House) - Menorah au Vatican




"La Résurrection", l'étrange et inquiétante sculpture de Pericle Fazzini à la salle Paul VI (Nervi) au Vatican



 
 Ce passage du livre me permet de faire connaissance de la salle Paul VI, une salle de conférence aménagée au coeur du Vatican. Un endroit froid et impersonnel et qui plus est décorée d' "oeuvres" qui n'ont rien de catholique ni même de spirituelle comme le dit si bien Christian Gladstone dans ce passage. Elle évoquerait plutôt un local des Nations Unies ou d'autres instances mondiales. C'est d'ailleurs strictement le cas, l'Eglise étant devenue une ONG  au service du Nouvel Ordre Mondial. La présence de la Ménorah symbolise bien sûr l'emprise croissante du judaïsme sur l'Eglise catholique (voir l'article précédent "l'Eglise catholique et les juifs)






Ménorah installée au fond du choeur de l'abbatiale St Austremoine à Issoire (Puy-de-Dôme)




Pages 689 et 690 MÉNORAH AU VATICAN

    Ce concert se révéla être pour Christian une expérience aussi cauchemardesque que l'appel angoissé de son frère et sa propre descente dans les grottes Danielle.

   Lorsque le Pape slave pénétra dans la Salle Nervi par l'entrée Est, tout ce que vit Gladstone fut l'océan des visages qui suivaient la progression du Souverain Pontife dans l'allée tapissée de rouge descendant en pente douce vers la scène. Cinq mille hommes et femmes se levèrent en signe solennel de bienvenue et de respect, quoique en gardant un visage sérieux.


   A un moment donné, Sa Sainteté arriva bien en vue de tous, flanqué d'Elio Toaff, le Grand Rabbin de Rome, et du Président italien Oscar Luigi Scalfaro. Cette vision – celle du sol en pente et du plafond ondulé de la Salle qui avalaient le Souverain Pontife et ses invités tels un gouffre gigantesque, de la même manière qu'ils avaient avalé Christian et les milliers de spectateurs autour de lui comme s'il ne s'agissait que de quelques personnes -, Christian ne devait jamais l'oublier par la suite. Il vit les trois dirigeants approcher de l'extrémité de l'allée, où les six cierges d'une énorme ménorah avaient été allumés par six survivants de l'Holocauste en mémoire vibrante des six millions de Juifs ayant péri de si horrible manière du fait de la Solution Finale nazie. Il regarda le Pape, le Rabbin et le Président italien s'installer sur trois trônes, symboles de l'égale dignité religieuse des trois personnalités présidant l'événement et des peuples qu'ils représentaient. Il écouta le Royal London Philarmonic Orchestra, qui attaquait en douceur les variations de Max Bruch sur Kol Nidre, la principale prière récitée à Yom Kippour, jour le plus saint du calendrier juif.


    Peut-être fut-ce dû à cette exécution sans parole. Ou au son rauque du violoncelle de Lynn Harrell lançant sa lamentation pour ces millions d'êtres dont une mort cruelle avait tranché les voix. Ou à la pensée de Declan coincé dans les ténébreuses cavernes Danielle. Ou bien seulement à la fatigue. Toujours est-il que Christian se retrouva fasciné par l'immense sculpture en bronze de Pericle Fezzini – la plus grande du monde, lui avait-on dit – qui s'étirait à l'arrière de la scène. Il ne pouvait en détacher les yeux. Au centre, un personnage nu se penchait en avant, les bras levés, comme s'il cherchait à tout piéger dans l'espèce de gigantesque buisson épineux placé juste derrière lui et dont les branches informes de bronze pointaient, s'agitaient, s'élevaient, s'étendaient dans toutes les directions. C'était là le parfait symbole de la Shoah. Le parfait symbole de la vie humaine, sans cesse au bord du chaos et de la destruction.


    Chris arracha son regard du bronze géant, de la scène, du Pape, de la ménorah allumée. Mais il n y avait rien d'autres à voir. En dehors de la ménorah, il n y avait là rien de juif, de catholique, de chrétien ou même d'humain. En tout cas, rien de traditionnellement romain. Aucune fresque attestant la foi des personnes présentes. Aucune statue d'ange ou de saint. Aucune corniche sculptée représentant des putti potelés ou des ignudi chérubiques. Aucune toile parlant du Christ ou de la Vierge Mère, de la vie ou de la mort, du Ciel, de l'enfer ou du Jugement Dernier. Il n'y avait que deux vitraux de forme ovale qui, chacun sur un des longs murs latéraux, le fixaient tels les yeux d'un poisson.







L'un des étranges vitraux de Janos Hajnal...



dimanche 8 juillet 2018

La maison battue par les vents (Windswept House) - Le dogme catholique et les juifs

Jean XXIII prononçant son discours d'ouverture du Concile Vatican II le 11 octobre 1962


   Voilà un sujet brulant ! Le point d'orgue du Concile Vatican II a été l'encyclique Nostra Aetate promulguée en 1965 qui change radicalement le point de vue catholique sur les juifs et change radicalement les rapports du catholicisme avec les autres religions. Le point de vue sur le judaïsme n'avait pas changé depuis les origines de l'église : les juifs étaient coupables de déicide en crucifiant le Christ. Le discours de St Etienne avant sa lapidation est par exemple limpide sur ce plan. 

«Hommes à la nuque raide, incirconcis de cœur et d'oreilles, toujours vous résistez à l'Esprit Saint ; vous êtes bien comme vos pères.
Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté ? 
Ils ont même tué ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste, celui-là même que maintenant vous avez trahi et assassiné.
Vous aviez reçu la Loi promulguée par des anges, et vous ne l'avez pas observée.» (Actes 7,1 - 8,1)


Mais les catholiques étaient encouragés à prier pour la conversion des Juifs et à les aimer. Dans sa bulle "Sicut Judaeis", le pape Alexandre III (1151-1181) exhorte les fidèles d'accueillir tous juifs désirant sincèrement se convertir au catholicisme, plus généralement, le pape demandait à ne pas les persécuter et à ne pas les déranger lorsqu'ils étaient occupés à leurs propres fêtes, de respecter leurs sépultures... Et toutes personnes se rendant coupables de ces crimes anti-juifs seraient excommuniés.  

Cependant, des Juifs ont été expulsés par d'Angleterre au XIIe siècle ou d'Espagne à la toute fin du Moyen-Âge. C'était un moyen de lutter contre l'usure pratiquée par les banquiers juifs car si le catholicisme condamne l'usure, c'est par contre quelque chose vu comme normal dans le judaïsme...

L'encyclique "Nostra Aetate" est le fruit d'un travail de "lobbying" de la part de personnalités juives en particulier Jules Isaac, inspecteur dans l'Education Nationale et auteurs de manuels scolaires d'histoire. Léon de Poncins a expliqué que ce membre de la franc-maçonnerie juive B'nai B'rith, a cherché l'aide de certains cardinaux pour promouvoir une nouvelle lecture de l'enseignement catholique au sujet des juifs. Le but était d'en finir avec l'antisémitisme. Le problème, c'est que Isaac faisait le lien entre l'antisémitisme catholique et l'extermination des juifs par les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. Si on imagine que des catholiques se sont rendus coupables de complicité dans ce massacre, l'idéologie nazie avait été condamnée par une encyclique de Pie XI dans les années 30. En effet, bien que née dans un pays de tradition chrétienne, l'Allemagne, le national-socialisme avait des racines naturalistes et néo-païennes... En tout cas, anti-chrétiennes. 

La proposition d'Isaac a été étudiée à partir de 1960 grâce au cardinal Bea qui aurait été un franc-maçon... 

Et certains voient dans cette encyclique, une hérésie et un jalon important dans la construction de la "religion mondiale"

"Sans attendre, la déclaration conciliaire a déjà permis l'émergence de nombreuses initiatives de dialogue, qui mettent en œuvre l'appel à la construction d'un monde plus humain et plus fraternel. La rencontre d'Assise, en 1986, à laquelle Jean-Paul II avait invité toutes les grandes religions du monde à prier pour la paix, est un fruit de Nostra aetate: il y a rappelé à l'Église sa mission d'être « signe et moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain » (Lumen Gentium).






Page 588/589 LE DOGME CATHOLIQUE ET LES JUIFS

   Pour faire avancer la cause de l'harmonie entre les hommes, le Souverain Pontife devrait se servir du prestige universellement reconnu au Saint Siège et à son Église catholique comme moyen de promouvoir une certaine unité et une certaine compatibilité entre toutes les religions. Les frictions entre la communauté juive et la Papauté étaient censées faire l'objet d'une attention particulière, parce que le Saint Siège n'avait jamais vraiment fait amende honorable pour le rôle joué par ses membres dans l'Holocauste, et aussi parce que, à en croire certains, l'Holocauste – né dans l'esprit de Chrétiens – avait été le résultat final de l'antisémitisme chrétien traditionnel.

   Il était préconisé une action pontificale destinée, d'une part à montrer de la manière la plus manifeste que l'Église romaine acceptait d'être sur le même plan que la Synagogue parmi les grandes religions du monde, d'autre part à honorer le peuple juif comme porteur d'une mission historique particulière.
Le cadre de ses préoccupations étant ainsi défini en termes généraux, le Pape entra dans les détails. « Aucun Pape n'a jamais rendu visite à la communauté juive de cette cité de Rome. Je dois le faire. Aucun Pape ne s'est rendu à Auschwitz. Je dois le faire. Peu importe le temps que cela prendra ou l'effet que cela aura sur d'autres, je dois faire tout cela, et tout ira bien pour l'Église sur le plan matériel. Si nous voulons la paix, nous devons la solliciter. »

   San Stefano avait eut l'impression que le Souverain Pontife répétait les recommandations qui lui avaient été faites. En tant que chef de la Préfecture pour les Affaires Economiques, il savait fort bien aussi que sur le marché de l'argent et, d'une manière générale, dans le domaine du pouvoir temporel, le Saint Siège ne pouvait même plus envisager d'agir de façon autonome. Tous les efforts accomplis en ce sens avaient été bloqués par la tentative d'assassinat.

   Le Saint Père avait alors eu à soulever des questions de conscience. La reconnaissance diplomatique d'Israël entraînerait-elle un abandon de la tradition catholique ? L'Église avait-elle eu tort, théologiquement et moralement, d'abandonner son enseignement antérieur selon lequel le rejet de Jésus par les Juifs avait attiré sur eux la Colère de Dieu. Les Juifs devaient-ils faire l'objet du prosélytisme catholique ?

   San Stefano avait insisté sur le principe catholique : « Suivez ce que vous dites une conscience bien formée. Vous devez éduquer votre conscience, non la déformer. »
« Pensez-vous, Éminence, que je risque de déformer ma conscience ou que je l'ai déjà déformée ? »
« On peut le dire ainsi, Sainteté. Beaucoup de fidèles – les plus fidèles aux enseignements
traditionnels – le pensent effectivement. »
« Que me conseillez-vous alors ? »


   Il y eu une très longue pause, car le Cardinal devait faire un choix : soit engager cet illustre 
pénitent à prier pour recevoir des éclaircissements du Ciel, soit élargir le champs de sa confession. « Saint Père, dit-il avec une tranquille autorité, permettez-moi de placer ces questions dans le contexte plus vaste du pontificat de Votre Sainteté.

   « Nous savons, vous et moi, que votre théologie n'est ni orthodoxe, ni traditionnelle, que votre philosophie n'est pas thomiste, que vous êtes un adepte de la phénoménologie. Nous savons aussi que vous avez lâché le clergé actuel de l'Église et qu'une grande partie de ce clergé vous a lâché. Ils veulent ne plus vous avoir sur le dos, et ils veulent que ce soit immédiat et définitif.

   « Mais en dépit de tout cela, Sainteté, nous savons également, vous et moi, que vous êtes le Pape de tous les Catholiques et l'unique représentant du Christ parmi les hommes. Le seul conseil que j'aie à vous donner, mais j'insiste dessus, c'est donc être moralement certain de ce que vous faites en tant que Pape. Et parce que nous autres mortels péchons non pas seulement par action, mais par omission, soyez tout aussi moralement certain de ce que vous évitez délibérément de faire. Car dans votre cas, Saint Père, c'est ce que vous ne faites pas – ce que vous n'avez pas fait – qui tourmente beaucoup de vos fidèles. »



jeudi 5 juillet 2018

La maison battue par les vents (Windswept House) - projet eugéniste et surpeuplement







   Le thème de la surpopulation est, au moins depuis Thomas Malthus et David Ricardo dans la tête des élites, maçonniques, protestantes et anglo-saxonnes en particulier. Il est vrai que depuis l'époque de Malthus et des pionniers du libéralisme, on serait passés de 900 millions à 7 milliards d'habitants aujourd'hui. La croissance mondiale de la population mondiale est donc régulièrement montrée comme un véritable défi pour l'avenir de l'humanité et a fait l'objet de plusieurs plans, en particulier depuis les années 70 et est souvent le fait des Américains. La croissance démographique est vu comme un facteur de troubles et de désordres et de l'une des causes de la raréfaction des ressources naturelles. 





   Parmi l'une des causes avancées de ce boum démographique, hormis le progrès de la médecine et donc du recul de la mortalité, en particulier infantile, on avance le dogmatisme religieux, où la contraception et l'avortement sont condamnés comme crimes contre  le Créateur. C'est le cas bien sûr du Catholicisme. Il fallait donc essayer d'influer le Saint Siège pour qu'il revienne - du moins en grosse partie - sur le dogme catholique sur les questions liés à la procréation. 

   Ce qui est certain, c'est que les taux de natalité des pays catholiques d'Europe se sont effondrés depuis 50 ans, en Italie, en Espagne, au Portugal et dans une moindre mesure en France et en Irlande. La toute remise en cause de l'interdiction de l'avortement dans ce dernier pays, ne ferait-elle pas aussi partie du plan ?


"every perm is sacred" la grande peur de la natalité galopante catholique, très ancrée dans la tête des élites anglo-saxonnes


   Le problème est que l'effondrement du nombre de naissances dans ces pays de tradition catholique d'Europe s'accompagne depuis quelques années d'une accroissement de l'immigration et nous assure que la natalité s'effondrant, il faut compenser la stagnation - voire la baisse - de la population par l'installation d'immigrés dans ces pays où le nombre de naissances a chuté... Et certains craignent une volonté de "métissage" dans les pays européens.

   Malachi Martin, irlandais, avait peut-être en tête qu'une politique malthusienne brutale a été instaurée dans son pays d'origine à la faveur de la maladie de la pomme de terre au XIXe siècle, les grands propriétaires et les politiques anglais de l'époque - dans la lignée de Malthus - avaient vu une bonne occasion de mettre un terme à une véritable explosion démographique en Irlande grâce à la famine et de se débarrasser des "classes dangereuses" (pauvres et catholiques...). Au fond, ce sont les pauvres qui sont visées par ces mesures venues de pays très riches. Plus exactement : de décideurs très riches de pays riches.... 

   Aujourd'hui, ce sont des populations asiatiques et africaines qui sont vues comme une menace... Et la volonté de réduire drastiquement la population est gravée dans le marbre sur le monument des "Georgia Guidestones" aux Etats-Unis 






"maintenir l'humanité sous les 500 millions en perpétuel équilibre avec la nature" (Georgia Guidestones)



pages 509 à 511 EUGÉNISME

   Officiellement intitulé National Security Study Memorandum 200 : Implications of Worldwide Population Growth for U.S. Security and Overseas Interests(1), mais connu de tous sous le sigleNSSM 200, le mémo du Conseil National de Sécurité – daté de 1974 – avait fixé la politique des Etats-Unis pour les trente années suivantes.

   Ce document fondamental désignait treize pays ayant un rôle stratégique à jouer comme sources de matières premières vitales pour la sécurité des Etats-Unis et comme débouchés importants pour les biens et services occidentaux. Les pays en question étaient l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Nigeria, le Mexique, l'Indonésie, le Brésil, les Philippines, la Thaïlande, l'Égypte, la Turquie, l'Éthiopie et la Colombie. Selon la préoccupation exprimée par le mémo, les taux de croissance démographique de ces pays étaient considérés comme trop élevés pour offrir des garanties de stabilité.

   Le NSSM 200 était simple et franc dans ses recommandations : il préconisait l'octroi d'une assistance financière systématique du gouvernement américain à ces pays comme à d'autres, afin d'y favoriser l'usage des contraceptifs, de l'avortement et de la stérilisation des deux sexes, afin que d'y promouvoir la recherche sur l'embryon humain. En d'autres termes, le NSSM 200 partait du principe selon lequel le contrôle de la démographie à l'étranger présentait pour les Etats-Unis la même importance stratégique que l'intégrité de leur territoire et leur stabilité en tant que nation souveraine.

   Le NSSM 200 fut rapidement intégré dans la politique étrangère des Etats-Unis. Le 26 septembre 1976, par un autre mémo – en bref, le National Secouriste Décision Memorandum 314 -, le Président Ford fit du NSSM 200 le principe directeur contraignant de toutes les agences gouvernementales américaines, y compris le Département d'Etat, les Départements du Trésor, de la Défense, de l'Agriculture, ainsi que de la Santé et des Services humains, ou encore l'Agence pour le Développement international et le Conseil économique du Président. Cela amena les États-Unis à dépenser, au cours des années suivantes d'avantage que tous les autres pays réunis dans le but de mettre en oeuvre cette politique de contrôle démographique. Mais à leur tour, d'autres pays jugèrent bon d'adopter celle-ci à un degré ou à un autre. Avec les États-Unis, ils octroyèrent des subventions dans ce sens par le biais du Fonds des Nations Unis pour la Population (FNUAP), du Fonds Monétaire International (FMI), de la Banque Mondiale (BM), de la Fédération Internationale du Planning Familial (IFFP) et d'une foule d'organisations privées.

   A l'aube des années quatre-vingt-dix, néanmoins, et en dépit d'indéniables progrès, le temps était venu de lancer une vaste politique mondiale de contrôle démographique. Le Président suivant, quel qu'il dût être, allait devoir assurer l'approvisionnement régulier des États-Unis en ressources venant des pays non encore industrialisés, ainsi que la viabilité d'autres pays en tant que débouchés pour les géants industriels du G-7. Afin de rendre possible ce prochain bond en avant, les planificateurs américains durent toutefois surmonter les réticences de certains membres du G-7 aux yeux desquels le contrôle démographique restait un sujet politique tabou. Pour dire les choses simplement, quel que fût leur dédain officiel vis-à-vis de la Rome pontificale, les politiciens locaux firent de l’acquiescement du Souverain Pontife une condition sine qua non pour que les partenaires de l'Amérique au sein du G-7 pussent souscrire à la politique de contrôle démographique dans la mesure jugée nécessaire par les planificateurs américains.

   Au vue de cette politique désormais sacro-sainte qui liait la sécurité nationale de l'Amérique à un contrôle systématique de la démographie ; au vu également du calendrier de la prochaine élection présidentielle, il fallait que s'engagent de nouveaux pourparlers de fond entre le gouvernement américain et le Pape slave. Le choix de Gibson Appleyard pour conduire ces pourparlers – en tant que fer de lance de l'effort américain visant à faire changer le Pape slave d'état d'esprit – avait suscité une controverse.
Du côté négatif, le principal facteur avait été la philosophie personnelle d'Appleyard. Si l'on voulait persuader à ce Pape de mitiger l'opposition traditionnelle de son Église aux méthodes de contrôle démographique favorisée par la politique officielle du gouvernement américain il n'était peut-être pas indiqué de s'en remettre à un homme dont les principes rosicruciens le mettaient en délicatesse avec ces méthodes.

   Mais Vance s'était montré intraitable. Étant aussi américain que le drapeau étoilé, Appleyard comprenait comme n'importe qui d'autre que les planificateurs américains ne pourraient trouver de soutien plus puissant que le Pape slave pour leur politique de limitation des naissances. Il comprenait également qu'aucune organisation n'était aussi universelle que l'Église Catholique. Il comprenait enfin qu'il n y avait pas d'autres organisations qu'elle – y compris la Loge – qui fut officiellement opposée aux méthodes de contrôle démographique américaines.






  

    Dans la droite ligne de ce sujet, il est question de dépopulation dans ce dialogue entre Appleyard (homme de main rosicrucien mais qui a de la sympathie pour le Pape) et le Souverain Pontife. Si on veut pousser le Pape slave à la démission, c'est parce que ses discours anti-contraception, anti-avortement et pour les familles nombreuses représente un obstacle pour le projet mondialiste de dépopulation, projet qui s'appuie sur les théories de Thomas Malthus et qui a été plusieurs fois mis sur le devant de la scène comme par exemple ici en 2009. voir aussi mon article "eugénisme" qui évidemment recoupe le même sujet traité ici.




Page 615/616 et 617 SURPEUPLEMENT

   « Je serai franc avec vous, Père. » Appleyard espérait que Gladstone percevrait la sincérité de ce qu'il disait là. « En ce qui me concerne, je ne partage pas les craintes démographiques de nos contemporains. D'une part, l'inefficacité crasse de l'être humain semble toujours venir en aide à la nature pour redresser tout excès de déséquilibre démographique. D'autre part, je crois qu'on a gonflé les statistiques du surpeuplement et que les craintes d'un danger démographique imminent pour la planète sont alimentées par l'idéologie plus que par des faits scientifiques établis. A cet égard, je mets des organisations telles que Planned Parenthood International à peu près dans le même sac que le Club de Rome, déjà discrédité depuis les années quatre-vingt à cause du tapage faussement scientifique qu'il avait fait alors en annonçant un refroidissement planétaire.

    « En outre, le paysage économique mondial a entièrement changé depuis l'époque du Président Nixon, où a été publié la directive en question. Je ne vois aucune donnée scientifique sérieuse prouvant qu'il y a pour les États-Unis une nécessité stratégique légitime à imposer le contrôle des naissances et l'avortement aux pays du tiers monde. »

    Appleyard se pencha en avant. « Ce que je suis en train de vous dire là, c'est que j'aime à entendre quelqu'un d'aussi éminent que Sa Sainteté élever sa voix. C'est mon sentiment personnel. Néanmoins, je suis ici pour appliquer les instructions de mon gouvernement. Nul ne s'attend à ce que Sa Sainteté s'abstienne de protester contre le projet de contrôle démographique mondial. Mais son opposition frontale aux États-Unis en la matière, c'est autre chose. C'est la guerre. Et les guerres tuent, même quand elles ne sont pas militaires ; généralement, des innocents.
« Je suis venu ici pour vous demander de contribuer à éviter la mort d'innocents. »

   Le silence qui tomba entre les deux hommes était celui de la compréhension mutuelle. Peut-être même celui de la confiance. Pourtant, Christian n'était pas sûr de pouvoir jamais s'habituer à de tels chocs. Il n'avait guère eu le temps de regarder en face l'éventualité d'une démission papale ; et voici qu'une éventualité encore plus impensable venait de lui être agitée sous le nez.
« Je vous suis reconnaissant, Monsieur Appleyard, dit Gladstone en se levant. Soyez assuré de ma coopération. J'ai la certitude que le Saint Père comprendra mieux, désormais, la position du
Président. L'annonce publique officielle des invitations formelles de Moscou et Kiev rejeta dans l'ombre les activités du jour à Rome et dans beaucoup d'autres capitales. Lorsque Appleyard pénétra dans le bureau pontifical en milieu de matinée, le Pape slave avait déjà été submergé de communications qui reflétaient toute la gamme des réactions prévisibles, depuis les félicitations jusqu'aux plaintes.

    « Nous savons que Votre Sainteté désirait depuis longtemps se rendre en visite dans ces deux pays. » Gib se rangeait aux côtés des sympathisants. « J'espère vivement que ce voyage satisfera Votre Sainteté. »
Le Souverain Pontife perçut la sincérité des sentiments personnels de l'émissaire, le remercia de ses voeux et entra aussitôt dans le vif du sujet. « Monsignore Gladstone m'a permis de comprendre et d'apprécier la position de votre Président, Monsieur Appleyard. Et c'est extrêmement important. » Le Saint Père prit place dans un fauteuil près de la fenêtre et fit signe à son visiteur de s'asseoir à son tour. « Il est tout aussi important à mes yeux d'obtenir des éclaircissements sur les niveaux de gestion du gouvernement américain. Ce que j'appelle la macrogestion, par opposition à la microgestion. Naturellement, je sais que ces deux niveaux se rejoignent sur le plan de l'administration pratique. Mais ils n'en restent pas moins séparés.

   Appleyard sourit. Gladstone avait manifestement compris tout ce qu'il lui avait dit et en avait rendu compte au Saint Père de façon exhaustive. Cela facilitait maintenant aux deux hommes leur discussion sur les dures réalités de la diplomatie. « Oui, Sainteté. Je dirai les choses ainsi. Et le fait est que la politique de contrôle démographique relève en toute rigueur de la macrogestion. »
« Et à la prochaine conférence internationale, celle qui doit avoir lieu au Caire ? Elle aussi, elle relève de la macrogestion ? »
« Bien sûr, Sainteté. »
Les deux hommes causèrent un peu des protagonistes les plus évidents à ce niveau, ainsi que des principes généraux qui les guidaient. Mais le Souverain Pontife en vint assez rapidement à sa préoccupation principale. Il l'exposa du reste avec une franchise et une clarté que Gib rencontrait rarement ailleurs et qu'il appréciait tant chez cet homme. « Monsieur Appleyard, je veux que vous- même et votre Président compreniez la politique et l'opinion qui sont les nôtres. Dans son dernier message, votre Président proposait que lui et moi convenions de faire une déclaration commune tendant à l'adoption d'une règle universelle à l'usage des Catholiques comme des non-Catholiques. Une règle ou une norme préconisant que chaque couple ait au maximum deux enfants. Bien entendu, j'ai refusé. »
« Sainteté, le Président s'exprimait à ce moment-là au point de vue de la macrogestion. »
« Et moi, je m'exprime du point de vue du Christ, véritable gouverneur et gestionnaire de ce monde. Depuis une telle perspective, il semble aller de soi que la politique américaine de contrôle des naissances telle qu'elle est énoncée dans la directive NSSM 200 résulte de l'impérialisme culturel nord-américain imposé aux nations du tiers-monde, dont les États-Unis convoitent les ressources naturelles pour leur stratégie de survie en tant que superpuissance. En outre, le soutien apporté par les États-Unis au dernier document émanant du Fonds des Nations Unies pour la Population représente une cause de honte pour les Chrétiens et un grave recul pour l'humanité. Car ce document aurait pour effet de légitimer l'avortement sur demande, la promiscuité sexuelle et de fausses notions de famille. En un mot comme en cent, il préconise que la société des nations prenne pour normes fondamentales des modes de vie libertins et individualistes.





Banques et libertarisme font bon ménage....


Addendum du 05/07/18 : j'ai écouté cette analyse de Michel Drac sur l'Afrique et l'émigration vers l'Europe. On aurait une explosion démographique effrayante sur ce continent avec une population jeune et déracinée qui a pris des valeurs américaines.... Si cela est vrai, cela veut bien-dire que les politiques eugénistes sont un échec total... Elles ont par contre été très efficaces dans une Europe, destination principale des migrants africains!






lundi 2 juillet 2018

La maison battue par les vents (Windswept House) - Gorbatchev, Eltsine et l'Esalen Institute

Dans La maison battue par les vents, il est beaucoup question de géopolitique, et essentiellement sur le rapprochement est-ouest qui a déjà été abordé précédemment (conférence d'Helsinki). D'Helsinki, il en sera question en juillet prochain car c'est dans cette ville que doivent se rencontrer Donald Trump et Vladimir Poutine. 

N'étant pas férue en géopolitique, je peux évidemment dire des sottises ou des approximations mais le passage du livre montre deux chefs d'état qui font partie de ce qu'on peux appeler "le nouvel ordre mondial" (Gorbatchev et Eltsine). Mikhaïl Gorbatchev prenant après sa démission, la tête d'une ONG dont les visées mondialistes ne font aucun doute, dans le domaine spirituel en particulier et sans doute en vue de l'élaboration d'une religion mondiale. 

Il est également question de religion mondiale avec le séjour de Boris Eltsine à l'institut Esalen. Située en Californie, il a été crée en 1962 par des gens faisant partie d'un mouvement hippie alors naissant. Sur leur site, on y propose des stages de nouvelles spiritualités qui ressemblent fort à ceux, plus modestes mais très ressemblants, dans ma ville et les alentours et probablement un peu partout en Occident.

Après recherche sur le net, j'ai trouvé des sites qui affirment que l'institut Esalen est l'une des branches de l'institut Tavistock (avec par exemple le M.I.T.), institut où seraient élaborés les grandes manipulations mentales de l'élite.... Et Esalen serait logiquement la "branche spirituelle" de Tavistock... 

Le rapprochement en cours Trump-Poutine est-il du même ordre ?... L'Eurasie est un projet défendu par le penseur russe Alexandre Douguine, de Gaulle l'a aussi évoqué. Il en question aussi ici dans la bouche de Gorbatchev. Parle-t-on de la même Eurasie ou les projets sont-ils complètement différents ? En tout cas ce terme d'Eurasie évoque "l'Eurasia" de George Orwell, un super-état en guerre contre un autre super-état, Océania... 

Et ce qui est clair, c'est que la Russie n'a pris la voie de la "religion mondiale" depuis la visite de Eltsine à Esalen, au contraire, l'orthodoxie (et des religions minoritaires comme l'Islam) est en plein essor avec l'assentiment bienveillant de Vladimir Poutine qui a d'excellents liens avec le patriarche de Moscou, Kiril et Parallèlement à cela, l'élite libérale est bien présente au Kremlin (Medvedev notamment) et est sans aucun doute l'héritière de l'ère Gorbatchev-Eltsine. Cela ressemble fort à deux visions du monde qui se font face.

Site de l'Esalen Institute : ici
Au sujet de l'institut Tavistock : ici







Page 555 à 557 GORBATCHEV, ELTSINE ET L'ESALEN INSTITUTE

   Le premier de ces deux événements avait été la Déclaration Commune de Vingt-deux Etats signée à Paris le 19 novembre 1990. Ce texte signifiait à l'URSS de Mikhaïl Gorbatchev que l'Est et l'Ouest n'étaient plus des adversaires. Le propre stratège de Gorbatchev, Guéorguii Arbatov, avait présenté la chose de manière plus brutale – plus utile, de l'avis du Pape – en déclarant solennellement : « le Communisme est mort. » La Guerre Froide était finie. Le second événement – beaucoup plus théâtral encore – avait été le coup d'État de Moscou, au mois d'août l'année suivante, durant lequel il avait pratiquement été mis fin au régime soviétique de Mikhaïl Gorbatchev. La démission de celui- ci avait eu lieu à la Noël suivante, et le nouveau régime de Boris Eltsine s'était mis en place.

   Signe frappant du rapprochement entre l'Est et l'Ouest, Gorbatchev et Eltsine – Bonnet blanc et blanc bonnet – soulignèrent d'une même voix qu'il y avait dès lors une rupture totale avec le passé soviétique, et qu'il n'existait aucune continuité entre l'ancien régime soviétique et le nouveau régime. Le Pape insista sur ce point capital en disant à Monsignore Daniel : « il fallait convaincre l'Ouest que c'était bien le cas. »

    C'était essentiel, en effet, pour obtenir de l'Ouest une aide économique et financière. Essentiel aussi pour que la Russie pût être admise comme membre des institutions à établir en vue du Nouvel Ordre Mondial. Essentiel surtout pour l'unification et la stabilisation de ce que Gorbatchev avait appelé « l'Espace européen de l'Atlantique à l'Oural, et jusqu'aux rivages du Pacifique ; et de ce qu'Édouard Chevarnadze, dictateur de la Géorgie, décrivait comme étant « la Grande Europe, l'Europe unie, de l'Atlantique à Vladivostok, l'espace Eurasiatique.... »

   Bien avant le coup d'État du mois d'août, et comme tout autre dirigeant mondial parfaitement informé, le Pape slave savait que le terrain avait été préparé pour que Gorbatchev et Eltsine pussent jouer tous deux leurs nouveaux rôles respectifs. En 1991, Eltsine avait déjà ouvertement quitté le Parti Communiste et marqué son opposition à Mikhaïl Gorbatchev. Ce fut du très grand théâtre, auquel assistèrent aussi bien les Soviétiques que tous les peuples occidentaux, massés devant leurs écrans de télévision. C'est à cette époque qu'Eltsine fut invité à accomplir son premier voyage privé aux Etats-Unis. Au cours de l'un d'eux, il fit un stage à l'Esalen Institute, où on lui inculqua le principe essentiel de la méthode de programmation Esalen, à savoir « tout décomposer et tout reconstituer ensuite » (1) Lors de cette visite et de celles qui suivirent, il fut présenté à des législateurs, des banquiers, de hauts responsables de l'industrie et des directeurs de fondation.

  De même, on eu soin d'aplanir la voie que Mikhaïl Gorbatchev serait appelé à emprunté. Même avant le coup d'État du mois d'août, il connaissait sa prochaine destination. Il serait censé, dès lors, jouer un rôle international sur des bases transatlantiques. En fin de compte, il serait au centre de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe. Dans l'immédiat, cependant, il aurait pour base d'opérations la Gorbatchev Foundation (GF), dont le mot d'ordre, choisi par lui, était : « Vers une nouvelle civilisation. »
Dès le mois d'avril 1991, ses amis et sponsors américains avaient créé, en vue de ce projet de fondation, un noyau initial à but non lucratif du nom de Tamalpais Institute of San Francisco. Ils ne pouvaient décemment pas l'appeler Gorbatchev Foundation tant que l'intéressé était encore maître de toutes les Russies ! En revanche, ils pouvaient déjà organiser, au Waldorf-Astoria de New York, un dîner de gala pour collecter des fonds, et c'est exactement ce qu'ils firent. Là, en présence de Henry Kissinger -, les responsables du Rockefeller Brothers Fund, du Carnegie Endowment for International Peace, de la Ford Foundation, du Pew Fund et du Mellon Fund s'engagèrent à doter la Gorbatchev Foundation d'une somme initiale s'élevant au total à 3,05 millions de dollars.

Ainsi, bien avant que Gorbatchev n'ait quitté ostensiblement la scène politique russe à la fin de l'année en cours, la planification de son rôle allait bon train. Et pas seulement pour la GF/USA. Une branche moscovite de la Gorbatchev Foundation – GF/Russia – allait être hébergée par Eltsine dans les locaux de l'École Léniniste Internationale, de création ancienne. Cette dernière offrait des avantages du fait de sa situation au centre de Moscou et de son personnel chevronné comprenant une centaine d'universitaires, tous rémunérés par l'État russe.

Moins de deux ans après le « limogeage » de Gorbatchev, le GF/USA s'était installé dans les locaux militaires désaffectés du Presidio, à San Francisco. Ce fut là, avec une vue fantastique sur la baie pour réjouir ses yeux, que Gorbatchev entra vraiment dans la peau de son nouveau personnage. Il lança GF/Netherlands et GF/(Rajiv Gandhi) India. En outre, il élabora les plans de la Croix Verte Internationale, sa propre version de l'activité oecuménique en faveur de l' « alliance spirituelle de tous les vrais croyants dans l'habitat terrestre de l'homme. » Ainsi qu'elle l'avait toujours fait, Raïssa Gorbatcheva entra dans l'esprit des dernières initiatives de son mari, y compris le nouvel oecuménisme de celui-ci. Quoique athée convaincue, elle avait même arboré une croix à son cou lors d'une récente visite au Royaume-Uni.

(1) NdT : ce qui évoquera immanquablement au lecteur les deux mots d'ordre maçonniques Solve et coagula, Ordo ab Chao.


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