dimanche 8 juillet 2018

La maison battue par les vents (Windswept House) - Le dogme catholique et les juifs

Jean XXIII prononçant son discours d'ouverture du Concile Vatican II le 11 octobre 1962


   Voilà un sujet brulant ! Le point d'orgue du Concile Vatican II a été l'encyclique Nostra Aetate promulguée en 1965 qui change radicalement le point de vue catholique sur les juifs et change radicalement les rapports du catholicisme avec les autres religions. Le point de vue sur le judaïsme n'avait pas changé depuis les origines de l'église : les juifs étaient coupables de déicide en crucifiant le Christ. Le discours de St Etienne avant sa lapidation est par exemple limpide sur ce plan. 

«Hommes à la nuque raide, incirconcis de cœur et d'oreilles, toujours vous résistez à l'Esprit Saint ; vous êtes bien comme vos pères.
Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté ? 
Ils ont même tué ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste, celui-là même que maintenant vous avez trahi et assassiné.
Vous aviez reçu la Loi promulguée par des anges, et vous ne l'avez pas observée.» (Actes 7,1 - 8,1)


Mais les catholiques étaient encouragés à prier pour la conversion des Juifs et à les aimer. Dans sa bulle "Sicut Judaeis", le pape Alexandre III (1151-1181) exhorte les fidèles d'accueillir tous juifs désirant sincèrement se convertir au catholicisme, plus généralement, le pape demandait à ne pas les persécuter et à ne pas les déranger lorsqu'ils étaient occupés à leurs propres fêtes, de respecter leurs sépultures... Et toutes personnes se rendant coupables de ces crimes anti-juifs seraient excommuniés.  

Cependant, des Juifs ont été expulsés par d'Angleterre au XIIe siècle ou d'Espagne à la toute fin du Moyen-Âge. C'était un moyen de lutter contre l'usure pratiquée par les banquiers juifs car si le catholicisme condamne l'usure, c'est par contre quelque chose vu comme normal dans le judaïsme...

L'encyclique "Nostra Aetate" est le fruit d'un travail de "lobbying" de la part de personnalités juives en particulier Jules Isaac, inspecteur dans l'Education Nationale et auteurs de manuels scolaires d'histoire. Léon de Poncins a expliqué que ce membre de la franc-maçonnerie juive B'nai B'rith, a cherché l'aide de certains cardinaux pour promouvoir une nouvelle lecture de l'enseignement catholique au sujet des juifs. Le but était d'en finir avec l'antisémitisme. Le problème, c'est que Isaac faisait le lien entre l'antisémitisme catholique et l'extermination des juifs par les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. Si on imagine que des catholiques se sont rendus coupables de complicité dans ce massacre, l'idéologie nazie avait été condamnée par une encyclique de Pie XI dans les années 30. En effet, bien que née dans un pays de tradition chrétienne, l'Allemagne, le national-socialisme avait des racines naturalistes et néo-païennes... En tout cas, anti-chrétiennes. 

La proposition d'Isaac a été étudiée à partir de 1960 grâce au cardinal Bea qui aurait été un franc-maçon... 

Et certains voient dans cette encyclique, une hérésie et un jalon important dans la construction de la "religion mondiale"

"Sans attendre, la déclaration conciliaire a déjà permis l'émergence de nombreuses initiatives de dialogue, qui mettent en œuvre l'appel à la construction d'un monde plus humain et plus fraternel. La rencontre d'Assise, en 1986, à laquelle Jean-Paul II avait invité toutes les grandes religions du monde à prier pour la paix, est un fruit de Nostra aetate: il y a rappelé à l'Église sa mission d'être « signe et moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain » (Lumen Gentium).






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   Pour faire avancer la cause de l'harmonie entre les hommes, le Souverain Pontife devrait se servir du prestige universellement reconnu au Saint Siège et à son Église catholique comme moyen de promouvoir une certaine unité et une certaine compatibilité entre toutes les religions. Les frictions entre la communauté juive et la Papauté étaient censées faire l'objet d'une attention particulière, parce que le Saint Siège n'avait jamais vraiment fait amende honorable pour le rôle joué par ses membres dans l'Holocauste, et aussi parce que, à en croire certains, l'Holocauste – né dans l'esprit de Chrétiens – avait été le résultat final de l'antisémitisme chrétien traditionnel.

   Il était préconisé une action pontificale destinée, d'une part à montrer de la manière la plus manifeste que l'Église romaine acceptait d'être sur le même plan que la Synagogue parmi les grandes religions du monde, d'autre part à honorer le peuple juif comme porteur d'une mission historique particulière.
Le cadre de ses préoccupations étant ainsi défini en termes généraux, le Pape entra dans les détails. « Aucun Pape n'a jamais rendu visite à la communauté juive de cette cité de Rome. Je dois le faire. Aucun Pape ne s'est rendu à Auschwitz. Je dois le faire. Peu importe le temps que cela prendra ou l'effet que cela aura sur d'autres, je dois faire tout cela, et tout ira bien pour l'Église sur le plan matériel. Si nous voulons la paix, nous devons la solliciter. »

   San Stefano avait eut l'impression que le Souverain Pontife répétait les recommandations qui lui avaient été faites. En tant que chef de la Préfecture pour les Affaires Economiques, il savait fort bien aussi que sur le marché de l'argent et, d'une manière générale, dans le domaine du pouvoir temporel, le Saint Siège ne pouvait même plus envisager d'agir de façon autonome. Tous les efforts accomplis en ce sens avaient été bloqués par la tentative d'assassinat.

   Le Saint Père avait alors eu à soulever des questions de conscience. La reconnaissance diplomatique d'Israël entraînerait-elle un abandon de la tradition catholique ? L'Église avait-elle eu tort, théologiquement et moralement, d'abandonner son enseignement antérieur selon lequel le rejet de Jésus par les Juifs avait attiré sur eux la Colère de Dieu. Les Juifs devaient-ils faire l'objet du prosélytisme catholique ?

   San Stefano avait insisté sur le principe catholique : « Suivez ce que vous dites une conscience bien formée. Vous devez éduquer votre conscience, non la déformer. »
« Pensez-vous, Éminence, que je risque de déformer ma conscience ou que je l'ai déjà déformée ? »
« On peut le dire ainsi, Sainteté. Beaucoup de fidèles – les plus fidèles aux enseignements
traditionnels – le pensent effectivement. »
« Que me conseillez-vous alors ? »


   Il y eu une très longue pause, car le Cardinal devait faire un choix : soit engager cet illustre 
pénitent à prier pour recevoir des éclaircissements du Ciel, soit élargir le champs de sa confession. « Saint Père, dit-il avec une tranquille autorité, permettez-moi de placer ces questions dans le contexte plus vaste du pontificat de Votre Sainteté.

   « Nous savons, vous et moi, que votre théologie n'est ni orthodoxe, ni traditionnelle, que votre philosophie n'est pas thomiste, que vous êtes un adepte de la phénoménologie. Nous savons aussi que vous avez lâché le clergé actuel de l'Église et qu'une grande partie de ce clergé vous a lâché. Ils veulent ne plus vous avoir sur le dos, et ils veulent que ce soit immédiat et définitif.

   « Mais en dépit de tout cela, Sainteté, nous savons également, vous et moi, que vous êtes le Pape de tous les Catholiques et l'unique représentant du Christ parmi les hommes. Le seul conseil que j'aie à vous donner, mais j'insiste dessus, c'est donc être moralement certain de ce que vous faites en tant que Pape. Et parce que nous autres mortels péchons non pas seulement par action, mais par omission, soyez tout aussi moralement certain de ce que vous évitez délibérément de faire. Car dans votre cas, Saint Père, c'est ce que vous ne faites pas – ce que vous n'avez pas fait – qui tourmente beaucoup de vos fidèles. »



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