Manifestation des Gilets Jaunes à Paris le 1er décembre 2018 (source Europe 1)
L'affaire était pliée, on allait tous sans rechigner vers le Nouvel Ordre Mondial et ses promesses de merveilles : mariage pour tous, misère pour tous et marasme pour tous. Veganisme, noachisme et ectogénèse obligatoires. Eoliennes à perte de vue dans un horizon bouché. Enfin par pour tous tout de même : les constructeurs de cette jolie utopie allait eux continuer à se délecter de caviar sur de grandes tartines et le champagne couler à volonté dans des décors de rêve sans éoliennes.
Arrivée en 2019, elle n'en était plus sûre. Du moins quelque chose de ce joli plan commençait à s'effriter. Ce n'était qu'un petit pas mais c'était le premier depuis très longtemps. La crédulité de bon nombre de ces gens rendaient le cheminement fragile mais la fausse rebellion subventionnée, les Emmanuel Goldstein de la contestation n'avaient rien vu venir et restaient pantois.
Après un octobre maussade, elle avait été indifférente à cet appel aux motifs trop terre à terre pour elle même si elle était concernée. Les gens qui étaient appelé à se mobiliser étaient des gens comme elle. Celle d'une France oubliée par ceux qui mangeaient des grandes tartines de caviar, une population bien tétanisée par un système administratif tentaculaire qui broyait les âmes et bien encadrée par une autre catégorie de gens, guère plus riche mais tout entier vouée à se faire le relais de la classe sacerdotale des mangeurs de caviar sous le nom de culture. Dit de façon plus directe : on vivait dans la précarité financière et sentimentale mais on pouvait boire du thé ayurvédique, faire du yoga tantrique et assister à des festivals sur le thème du métissage et du vivre ensemble. Elle n'est pas belle la vie ? La ville à proximité de son domicile, où elle devait faire ses courses et régler les problèmes administratifs étaient une caricature de la France oubliée malgré des petits airs pimpants avec ses fonctionnaires de gauche qui roulaient en vélo et se fournissaient dans les épiceries bio et ses retraités qui se croyaient toujours au temps de de Gaulle. Le soleil y était illusoire. Michel Houellebecq aurait pu s'y installer pour écrire un roman.
La ville resta à loin des évènements sinon une manifestation de lycéens qui avait failli dégénérer. C'était ceux que son fils, scolarisé dans un lycée technologique, appelait les littéraires en sarouel. Ils allaient être dirigés vers une carrière dans la culture.
Les supermarchés se vidaient, des rayons étaient dévalisés. Les gens prenaient cela de façon légère et parlaient aux autres plus facilement que d'habitude. L'autoroute très chère et peu fréquentée qui traversait le département était devenue gratuite grâce à des activistes qui écoutaient Johnny Hallyday aux péages. Les parcmètres et les radars étaient hors d'usage. La vie était plus légère et l'on cherchait à franchir les barrières.
Des constructions précaires et rustiques s'étaient construites sur des ronds-points dans une autre ville plus populaire et plus frondeuse que la sienne. Elle s'y était rendu de temps en temps.
Elle continuait à se rendre à ses rendez-vous mais le coeur léger, tout cela était vain et ferait rire les futures générations. Les gens qui étaient convoqués en même temps qu'elle avaient l'air dans le même état d'esprit et les langues se déliaient.
Puis loin de là, début décembre, l'Arc-de-Triomphe semblait en feu et toute la famille passa la journée excité par les évènements. Sur internet, des étrangers de toute la planète commentaient subjugués.
Une semaine plus tard, le 8 décembre, un ami qu'elle n'avait pas encore rencontré déclara que la France était soutenue et aidée par la Sainte Vierge, la Reine de France. Impressionnée, elle adressa une réponse lyrique à cet ami immatériel dont elle se sentait proche spirituellement. Elle fut également saisie d'admiration pour d'autres amis virtuels qu'elle n'avait jamais rencontré non plus. Tous voulaient atteindre l'Elysée.
Restait encore à franchir le mur ou à le casser. C'était d'ailleurs sans doute l!une des raisons de tous ceux qui voulait détrôner le petit prince de la Pyramide, abattre les murs, virtuels ou non....
En 2019, ce n'était toujours pas fait. Le mois de janvier était gris et rigoureux ce qui figeait le mouvement et le laissait à la merci de toutes les récupérations. Certains préféraient attendre le printemps. Le chemin serait encore long. Il fallait être patient et s'en remettre à la Providence.
Arrivée en 2019, elle n'en était plus sûre. Du moins quelque chose de ce joli plan commençait à s'effriter. Ce n'était qu'un petit pas mais c'était le premier depuis très longtemps. La crédulité de bon nombre de ces gens rendaient le cheminement fragile mais la fausse rebellion subventionnée, les Emmanuel Goldstein de la contestation n'avaient rien vu venir et restaient pantois.
Après un octobre maussade, elle avait été indifférente à cet appel aux motifs trop terre à terre pour elle même si elle était concernée. Les gens qui étaient appelé à se mobiliser étaient des gens comme elle. Celle d'une France oubliée par ceux qui mangeaient des grandes tartines de caviar, une population bien tétanisée par un système administratif tentaculaire qui broyait les âmes et bien encadrée par une autre catégorie de gens, guère plus riche mais tout entier vouée à se faire le relais de la classe sacerdotale des mangeurs de caviar sous le nom de culture. Dit de façon plus directe : on vivait dans la précarité financière et sentimentale mais on pouvait boire du thé ayurvédique, faire du yoga tantrique et assister à des festivals sur le thème du métissage et du vivre ensemble. Elle n'est pas belle la vie ? La ville à proximité de son domicile, où elle devait faire ses courses et régler les problèmes administratifs étaient une caricature de la France oubliée malgré des petits airs pimpants avec ses fonctionnaires de gauche qui roulaient en vélo et se fournissaient dans les épiceries bio et ses retraités qui se croyaient toujours au temps de de Gaulle. Le soleil y était illusoire. Michel Houellebecq aurait pu s'y installer pour écrire un roman.
Digne-les-Bains (Wikipédia / Jean-Christophe Benoist)
La ville resta à loin des évènements sinon une manifestation de lycéens qui avait failli dégénérer. C'était ceux que son fils, scolarisé dans un lycée technologique, appelait les littéraires en sarouel. Ils allaient être dirigés vers une carrière dans la culture.
Les supermarchés se vidaient, des rayons étaient dévalisés. Les gens prenaient cela de façon légère et parlaient aux autres plus facilement que d'habitude. L'autoroute très chère et peu fréquentée qui traversait le département était devenue gratuite grâce à des activistes qui écoutaient Johnny Hallyday aux péages. Les parcmètres et les radars étaient hors d'usage. La vie était plus légère et l'on cherchait à franchir les barrières.
Des constructions précaires et rustiques s'étaient construites sur des ronds-points dans une autre ville plus populaire et plus frondeuse que la sienne. Elle s'y était rendu de temps en temps.
Elle continuait à se rendre à ses rendez-vous mais le coeur léger, tout cela était vain et ferait rire les futures générations. Les gens qui étaient convoqués en même temps qu'elle avaient l'air dans le même état d'esprit et les langues se déliaient.
Puis loin de là, début décembre, l'Arc-de-Triomphe semblait en feu et toute la famille passa la journée excité par les évènements. Sur internet, des étrangers de toute la planète commentaient subjugués.
Une semaine plus tard, le 8 décembre, un ami qu'elle n'avait pas encore rencontré déclara que la France était soutenue et aidée par la Sainte Vierge, la Reine de France. Impressionnée, elle adressa une réponse lyrique à cet ami immatériel dont elle se sentait proche spirituellement. Elle fut également saisie d'admiration pour d'autres amis virtuels qu'elle n'avait jamais rencontré non plus. Tous voulaient atteindre l'Elysée.
Restait encore à franchir le mur ou à le casser. C'était d'ailleurs sans doute l!une des raisons de tous ceux qui voulait détrôner le petit prince de la Pyramide, abattre les murs, virtuels ou non....
En 2019, ce n'était toujours pas fait. Le mois de janvier était gris et rigoureux ce qui figeait le mouvement et le laissait à la merci de toutes les récupérations. Certains préféraient attendre le printemps. Le chemin serait encore long. Il fallait être patient et s'en remettre à la Providence.
Des paroles glanées sous le ciel gris de janvier, porteuses d'espoir car loin des clivages figés qu'on nous a imposé pendant trop longtemps.
Cet article n'est qu'un modeste témoignage. Bien des analyses ont été publiées comme celle-ci qui est probablement la meilleure que j'ai pu entendre jusqu'à maintenant.
Michel Drac - Spéciale Gilets Jaunes 2 : Fight Club - 27 janvier 2019