Des trois endroits où elle avait séjourné cet été-là, son lieu de résidence avait vu le temps le plus mitigé, une sorte de demi-été. Les repas en plein air le soir furent rares à cause de la fraîcheur et elle avait rarement vu un été aussi terne, peu généreux en surprises.
Elle avait choisi cette région pour lui, il avait plus besoin d'attention que son frère et sa soeur et avait grandement besoin d'un motif de fierté. Il se sentait de là-bas à cause de son prénom qui y était beaucoup porté et qui avait été le patronyme d'un grand personnage de la région, à la fois guerrier et saint. Le Moyen-Âge dans toute sa beauté et toute son âpreté.
C'est là qu'elle emmagasina l'essentiel de ses souvenirs estivaux avec des paysages et des villages qu'elle n'avait jamais vu, la mer qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps, et une rencontre qui avait grandement contribué au franchissement du mur qui avait commencé au printemps précédent. Elle n'en était pas revenu de trouver quelqu'un qui pense la même chose qu'elle et qui évoluait dans la même logique. Ces gens étaient éparpillés un peu partout et elle aurait aimé les connaître tous et de faire en sorte qu'ils se connaissent entre eux et pour de vrai. Sans doute que cela allait se faire tout naturellement.
Sinon pour elle, un souvenir marquant, c'était tout simplement de se trouver dans le jardin d'une maison inconnue, dans un village inconnu où elle n'avait pas de passé et qui l'avait hébergé pendant quelques jours, à lire les propos élégants et acidulés d'Oscar Wilde. Des fois, il fallait peu de chose pour être heureux. Le bonheur n'étant que le sentiment de plénitude et de sentir qu'on allait au bout des choses et de goûter à tout ce qui passait à sa portée.
Sinon, elle trouva le mois d'août languissant. Il était temps qu'elle trouve un autre lieu de vie. A la fois nomade et casanière, conservatrice et curieuse, elle n'arrivait pas à se décider mais dix ans au même endroit était très long pour elle surtout quand des catastrophes s'y étaient produite. Les étés y étaient enchanteurs mais elle n'arrivait plus à les apprécier.
Cela devenait une habitude dans les médias, cet été-là et environ un été sur deux depuis l'an 2000 étaient labellisés "plus chauds du siècle". Mais chez elle, les orages bien que moins apocalyptiques qu'au printemps restèrent nombreux. Il semblait qu'un nuage géant tournaient sans discontinuer depuis des mois au dessus de sa tête alors que plus au nord, le soleil était implacable. Pour les deux semaines de son séjour estival chez ses parents, elle fut stupéfaite par la chaleur qu'il y régnait comme si elle débarquait d'une contrée nordique et fraîche. Les excursions furent rares et effectuées lors de brefs pauses au milieu des assauts impitoyables d'Hélios. Les souvenirs furent donc rares sinon sa prière dans une église fraîche et rassurante qui lui avait fait beaucoup de bien, la découverte d'une maison ravissante et si petite qu'elle semblait être la demeure d'un lutin, et de hauts plateaux sauvages dont elle ne se lassait jamais même si elle y retournait tous les ans.
Après que le cours de la vie que certains appellent "normal" ait repris son cours et que les tracasseries administratives aient ressurgi, c'est là que l'été se montra comme pendant un vrai été avant de laisser place à l'automne, un soleil splendide, inflexible et inamovible, alors que tout esprit de vacances n'étaient plus à l'ordre du jour, un pied de nez du ciel dont elle cherchait encore le sens....
Elle cherchait du sens de partout sans doute qu'elle devait s'en remettre tout simplement au mystère sans chercher à comprendre le sens de tout et n'importe quoi et se laisser porter par les évènements en se remettant au Très Haut.
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