samedi 28 mars 2020

Vers un état social nouveau

Texte d'actualité écrit il y a un peu plus d'un siècle

Taper le mot "totalitarisme" sur un moteur de recherche renvoie inévitablement sur des images de Staline et Hitler, sauf celle-ci. Bien qu'ayant été des authentiques dictateurs et héritiers des lumières, Staline et Hitler sont désormais deux croquemitaines qu'on nous agite pour nous rappeler que notre époque ne serait pas totalitaire et ne serait pas en voie de l'être, est-ce si sûr ? 


    " J.J. Rousseau s'inscrivit en faux contre ces données de la raison et de la foi ; et voici ce qu'il imagina, ce qu'il consigna dans tous ses écrits, et ce que la maçonnerie s'est donné la mission de réaliser. La société, l'état social, ne résulte point de la constitution divine ; c'est, dans le monde, une excroissance accidentelle et l'on pourrait dire contre nature, qui est survenue un beau jour par le fait des volontés humaines.

    Les hommes vivaient à l'état de nature, dit J.J. Rousseau, comme le font les sauvages, les animaux, et c'était l'âge d'or ; état de liberté et d'égalité, où les fruits étaient à tous et la terre à personne, où chaque homme était citoyen de l'univers.

    Pour passer de l'état de nature à l'état social, les hommes primitifs firent un pacte, un contrat, "le contrat social". D'une part, chaque individu se remit, sa personne et tous ses droits, entre les mains de tous ; d'autre part, tous garantirent à chacun une part égale des biens communs. L'individu donna à la société tout ce qu'il a et tout ce qu'il est, et la société admit l'individu à la communion de toute la chose publique, de la république.

    "Les clauses du pacte social, dit J.J. Rousseau, se réduisent toutes à une seule : l'aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté... S'il restait quelques droits aux particuliers, l'état de nature subsisterait et l'association deviendrait nécessairement vaine... L'aliénation se faisant sans réserve, l'union est aussi parfaite qu'elle peut l'être, et nul associé n'a plus rien à réclamer."

    Voilà l'idée que la maçonnerie se fait de la société, voilà le plan sur lequel elle veut la reconstituer. Si longtemps que cela ne sera point complètement réalisé, c'est à dire si longtemps que les individus prétendront conserver quelques droits, l'état social, tel que le contrat l'a fait, tel qu'il doit être, ne sera point jugé parfait ; l'état de nature, auquel le contrat a voulu mettre fin, subsistera en quelque chose. Le progrès, c'est donc la marche vers l'absorption complète de tous les droits par l'État ; plus de droit pour l'individu, plus de droits pour la famille, plus de droits à plus forte raison pour une société quelconque qui se formerait au sein de l'État, ou au dessus de lui.

    Dans la société démocratique rêvée par la Franc-Maçonnerie, il n'y aura plus ou il ne doit plus y avoir que ces deux unités : l'individu et l'État. D'un côté l'État omnipotent, de l'autre, l'individu impuissant, désarmé, privé de toutes les libertés, puisqu'il ne peut rien sans la permission de l'État.

    N'est-ce pas vers cela que nous marchons à grands pas ? Et cette conception de la société n'est-elle point l'explication, et, pour nos maçons, la justification de tout ce qui est actuellement fait ou tenté contre la liberté de l'Église, contre la liberté des associations, contre la liberté des familles, contre la liberté individuelle elle-même ? L'État ne peut, ne doit souffrir aucune association autre que ce qu'il est. Si des événements passés, si des individualités puissantes ont créé au sein de la société civile des associations distinctes, l'État doit travailler constamment à rétrécir le cercle dans lequel elles vivent et agissent jusqu'à ce qu'il soit parvenu à les absorber ou à les anéantir. Selon Rousseau, selon la maçonnerie, c'est là son droit, c'est là son devoir, droit et devoir qui découlent directement du contrat social, et sans l'exercice desquels ce contrat deviendrait illusoire et bientôt caduc.

    Que l'on cesse donc de s'étonner que dans cette société sortie de la Révolution, pétrie de l'idée révolutionnaire, l'État veuille tout centraliser et tout absorber, étouffer toute initiative et paralyser toute vie : il obéit, en cela à sa loi, au principe d'après lequel il doit être tout, tout lui ayant été livré par le contrat initial. Ce qui vit, ce qui se meut, ce qui est en dehors de lui, ne l'est et ne le fait que par une usurpation dont il doit être rendu compte pour restitution.

    Cette revendication doit s'exercer surtout à l'égard des associations, parce qu'elles sont plus puissantes que les individus, et surtout à l'égard des associations qui ont un idéal autre que celui de l'État naturaliste. Le pacte social a été contracté pour une plus complète jouissance des biens de ce monde. S'il est des sociétés formées dans le but de porter ailleurs le regard de l'homme, de l'exhorter à se détacher des biens présents pour ambitionnées et poursuivre d'autres biens, ces sociétés sont la contradiction vivante de la société sortie du contrat social, elles doivent disparaître avant toute autre. Le devoir est de les traquer, de les mutiler jusqu'à complet anéantissement. C'est là l'explication des calomnies répandues par les humanistes dans leurs écrits contre les religieux, et des persécutions sans cesse renouvelées contre eux depuis la Renaissance jusqu'à nos jours, comme aussi de la guerre à mort déclarée aujourd'hui à la première des sociétés religieuses, à celle qui est le fondement et le principe de vie de toutes les autres, à l'Église catholique.

   On constate actuellement un mouvement de réaction contre l'état social institué en France par la Révolution. On institue partout des syndicats, on retourne aux corporations. Puisse ce mouvement aboutir à la restauration de la société dans son état normal ! Dans la société normalement organisée, il y a entre l'individu et l'État des sociétés intermédiaires qui encadrent les individus et qui par leur action naturelle maintiennent l'Etat dans le domaine qui lui appartient et l'empêchent d'en sortir. Ces sociétés se nomment : familles, corporations, communes, provinces, Églises. Que, dans ce régime, le plus faible des individus soit lésé par l'État ou par tout autre, aussitôt c'est son association, c'est toute une collectivité organisée qui se lève pour le défendre. Par elle, il est fort ; et parce qu'il est fort, il est libre.

    la démocratie, c'est l'esclavage.


Mgr Henri Delassus - "La conjuration antichrétienne" (1910)




samedi 14 mars 2020

Hippie Inc. Comment la contreculture est devenue de la culture d'entreprise


Cet article semble être le parachèvement des mes recherches sur le sujet du New Age, des nouvelles spiritualités et du business de la méditation, et de plus, il est paru dans 1843, le supplément bimensuel de la "bible" de l'élite économique mondiale, The Economist

Voir aussi ici sur les liens qu'a entretenu l'institut Esalen et l'Union Soviétique au temps de la Guerre Froide dans le cadre d'échanges d'informations sur la cybernétique et la parapsychologie 



Un demi-siècle après le "Summer of Love", la marijuana est un marché juteux et la méditation de pleine conscience, quelque chose de banal au travail. Nat Segnit se demande comment le mouvement s'est retrouvé au cœur du capitalisme.


Brian parle de son atelier de cinq jours auquel il assiste, à une jeune Américaine d'origine asiatique. "Cela s'appelle "bio-hacker le langage de l'intime", dit-il. "Oui, oui" répond la femme américano-asiatique. Elle s'adresse moins à Brian qu'à la forêt de varech qui flotte près de la côte. Brian poursuit : ce qu'il apprécie particulièrement, c'est la facilité de parler de choses qu'il ne peut évoquer au travail, du relationnel et ainsi de suite. "Tu sais, dit-il, ce qui fait vraiment cette connexion humaine."

L'Américaine d'origine asiatique lui adresse cette sorte de sourire brillant et inexpressif que les Californiens déploient lorsqu'ils sont sur le point d'être en désaccord avec vous. "Je découvre que je peux faire des connexions humaines dans bien des contextes différents."

Brian continue tranquillement. Presque à coup sûr, c'est un rituel de séduction américain typique et même touchant : un jeune homme propre sur lui, ni plus ni moins méfiant ni respectueux que son grand-père avait du l'être ; la jeune femme exerçant négligemment son pouvoir sur lui, mais pas impressionnée. La différence cruciale est que les deux personnes sont nues non seulement nue dans le  cas de la femme, mais restant dans l'eau, s'exposant dans une complète immodestie devant Brian et la brise fraîche du Pacifique.

Nous sommes dans les sources de souffre extérieures qui s'accrochent aux falaises de l'institut Esalen, un centre de retraite spirituel à Big Sur en Californie. Ici, le partage nu est courant est aussi chargé en érotisme que dans un camping naturiste - ce qui peut être aussi bien, alors que je suis nu aussi, le groseillier dans jacuzzi, essayant désespérément d'avoir l'air décontracté tout en essayant de ne pas regarder les cuisses de Brian.

On pense que les sources chaudes de cette côte rocheuse mais belle qui s'étire en Californie centrale ont une utilisation rituelle ou thérapeutique depuis au moins 6000 ans, lorsque les Esselen, la tribu amérindienne qui a inspiré le nom de l'institut, ont migré plus au sud depuis la région de la Baie de San Francisco. Ils ont vu la confluence des eaux comme un endroit idéal pour le culte et l'enterrement de leurs défunts. En 1962, un propriétaire local, "Bunnie" MacDonald Murphy, a donné son accord pour louer sa propriété, qui avait été jusque là une station vieillotte, fréquentée par des gays de San Francisco, à son petit fils Michael Murphy. Avec son camarade diplômé en psychologie à l'université de Stanford, Dick Price, Murphy a crée l'Institut Esalen comme centre du nouveau "mouvement pour le potentiel humain." Leur intention était d'organiser une série de séminaire contre-culturels et des "sessions expérimentales."

La douceur a fait long-feu. En 1963, Fritz Perls, un psycho-analyste d'origine allemande, notoirement connu pour sa thérapie de groupe débridée et souvent traumatisante, est arrivé à Esalen puis a commencé à démanteler les personnalités de ses sujets, trait par trait. L'institut a développé une réputation de drogue, de baignades nues et de sexe libre. Des hordes de hippies ont fait le voyage depuis San Francisco pour camper et prendre de grandes quantités de drogues psychédéliques. George Harrison est venu là en hélicoptère pour une session de sitar avec Ravi Shankar. Sharon Tate était là la veille de son assassinat. Esalen était un terrain d'expérimentation hippie, un point de focalisation pour les préoccupations de la contre-culture avec la psychédélique, le mysticisme oriental et la réalisation de soi. C'était l'église-mère de la religion de la non religion.

Un endroit improbable donc, pour y rencontrer Brian. C'est un conseiller financier de Yuba City en Californie du nord avec des cheveux bien peignés et un certain goût pour les chemises à col ouvert du style J.Crew. Il ressemblait à quelqu'un qu'on pourrait rencontrer dans un bar sportif ou dans une salle d'aéroport réservée aux classes affaires, il pense une grande partie de son temps libre dans un club de golf mais donc, Esalen n'est plus ce qu'il était. Ces dernières années, l'institut a été accusé de se vendre au plus offrant, de trahir les principes de la contre-culture qu'il avait contribué à se constituer. L'accusation a repris de la force quand en 2017, l'institut a nommé un ancien chef de produit de Google comme directeur exécutif.

Ben Tauber avait travaillé sur les Hangouts, le Chat et le réseau social au destin malheureux, Google+. Après sa nomination, il y a eu un changement subtil dans le programme d'Esalen du spirituel au digital : l'atelier incluait désormais "intelligence artificielle (AI) consciente" et "Blockchain et crytomonnaie." Cela amena les suspicions qu'Esalen était devenue l'aile thérapeutique de la Silicon Valley, une retraite d'entreprise aussi contre-culturelle que les nouvellement installées stations de rechargement électrique Tesla sur le parking. Réserver une suite privée avec un bureau en séquoia, une baignoire sur pied et un cheminée, et un week-end à Esalen peut vous coûter pas moins de 3000$. Venir pour une semaine et vous pouvez envisager un montant proche de 7000$.

Si l'Amérique de l'entreprise a infiltré la contre-culture, on pourrait dire la même chose de l'inverse. Google, Apple, Facebook, Nike, Procter & Gamble et General Motors offrent tous des programmes de méditation de pleine conscience, une dénomination large pour un certain nombre de pratiques d'influence orientale faite pour que vous vous focalisiez sur le présent. les employés des quartiers généraux de Cisco Systems a San Jose participent au LifeConnections Health Centre, où l'on se concentre sur les "quatre piliers" du bien-être - corps, esprit, spiritualité et coeur. Son directeur de santé intégré pour les bénéfices globaux, Katelyn Johnson, est responsable du développement de l'idéal de Cisco de "l'athlète d'entreprise" - musclé d'esprit et de corps. A Aetna, une compagnie d'assurance santé américaine géante, plus d'un quart des 50.000 personnes qui composent sa main d'oeuvre, ont désormais participé à au moins l'un des stages internes de méditation de pleine conscience. Selon la firme, la productivité hebdomadaire du participant moyen avait cru de 62 minutes, et la valeur résultante pour la société est, dans la région, de 3000$ par employé chaque année. En plus de ces bureaux ouverts, des tables de ping-pong et des codes vestimentaires décontractés, la méditation de pleine conscience au travail est une idée qui s'est emparée de la Silicon Valley et par conséquent du monde. Ce qui avait été autrefois réservé du centre de retraite, est désormais une pratique d'affaire qui a un sens : un mysticisme avec un retour sur investissement mesurable.

Je suis venu à Esalen pour refléter un paradoxe apparent : l'absorption graduelle de la contre-culture par le capital. Quelques heures après notre baignade dans la source sulfureuse, je tombais de nouveau sur Brian, appuyé à une balustrade à l'extérieur du bâtiment principal. Tout en regardant derrière les arbres éclairés vers la désormais invisible obscurité de la mer et du ciel, il semblait préoccupé. "A mon club de golf, je suis le seul mec à demander si la soupe est sans gluten", dit-il, "je pense être un franc-tireur à certains égards mais ici je me sens chez moi, tu sais ?"

Si l'on veut comprendre comment un mouvement destiné à saper l'Amérique de l'entreprise, a fini au coeur de celle-ci, une bonne façon de commencer est l'histoire de Steward Brand. Ancien photographe et parachutiste à l'armée, Brand visitait fréquemment Esalen pendant les premières années de son fonctionnement. Dans "Acid Test", le récit de Tom Wolfe sur le voyage en bus alimenté à l'acide à travers l'Amérique des Merry Pranksters, il surgit torse-nu et arborant "un collier de perle indien sur sa peau nue et une blouse de boucher blanche avec des médailles du roi de Suède."

Brad était une figure clé du mouvement du retour à la terre, un précurseur de l'environnementalisme moderne dans son rejet d'une Amérique de l'échelon d'entreprise, conventionnelle et militariste en faveur d'un communalisme plus simple, agraire et non-hiérarchique pratiqué dans des endroits comme Esalen. En 1968, il a publié la première édition de "The Whole Earth Catalog" (le catalogue de la terre entière), une sorte de mélange hippie du magazine Which ?, d'un catalogue de vente par correspondance et "le livre dangereux pour les garçons". La première édition contient des articles de construction de maisons japonais et de structures ductiles, des guides pour faire pousser des champignons et pour élever des abeilles, et des revues sur tout des coussins de méditation au mocassins en daim et l'ordinateur Hewlet-Packard 9100A ("une superbe machine à enquête"). Chaque catalogue de 63 pages était un patchwork de textes, de diagrammes, de tables et d'images photographiques dédiées à la proposition que, utilisée correctement, la technologie peut avoir un effet libérateur sur l'humanité. Dans un discours de cérémonie de remise de diplômes à Stanford en 2005, Steve Jobs l'a décrit comme "l'une des bibles de ma génération.... une sorte de Google en format livre, 35 ans avant que Google apparaisse."

Les bureaux de Whole Earth se situaient à Menlo Park qui est aussi le foyer du Homebrew Computer Club, une groupe dépenaillé d'enthousiastes d'électronique dont les fondateurs ont crédité le "Whole Earth Catalog" pour avoir inspiré leur éthique d'auto-suffisance et d'échanges gratuits d'idées et d'informations. Ce fut à la rencontre de Homebrew en 1976 que Steve Wozniak, maladivement timide, se sentit assez hardi pour dévoiler son prototype d'ordinateur Apple I. Le club était un forum ouvert, une petite utopie technologique qui partageait avec ses pairs de la culture hippie une foi égalitaire dans l'effort communal et l'accessibilité. Libre de toute supervision bureaucratique, les cheveux longs libertariens de Menlo Park pouvaient poursuivre leurs rêves utopistes de changer le monde.

L'affinité entre la contre-culture et la culture d'entreprise contemporaine est moins paradoxale qu'elle en a l'air. La foi que Stewart Brand et ses associés ont placé dans l'idéal communautaire a mené directement à l'aspect informel et à l'organisation horizontale qui caractérise désormais Silicon Valley - et les sociétés globales sous son influence - qui fait des affaires aujourd'hui. Dans tous les cas, la contre-culture a toujours été un phénomène de la classe moyenne. Abraham Maslow a enseigné à Esalen et était sans doute l'influence intellectuelle la plus importante de ses fondateurs. Il suggérait dans son fameux "Hierarchy of Needs" (hiérarchie des besoins) que l'auto-actualisation est seulement possible lorsque les besoins basiques de "nourriture, d'eau, de chaleur et de repos" ont été trouvés. En conséquence, la plus grande partie étaient des bénéficiaires du boom économique de l'Après-Guerre jeunes, blancs et et éduqués en université qui avaient du temps libre pour se consacrer à la psychédélique et au façonnage de l'âme. "Esalen" a écrit Wolfe dans "Acid Test", était un endroit où les adultes de la classe moyenne éduquée venait en été essayer de sortir de "The Rut" et de se bouger un peu les fesses."

Je suis allongé sous une couverture sur quelques coussins veloutés en peluche alors qu'une guérisseuse nommée Deva s'affaire à pas feutrés en faisant tinter sa collection de diapasons, de bols de cristal chantants et de "tingshas", les petites cymbales que les enseignants en méditation utilise pour mettre un terme à leurs sessions. La pièce située à l'étage du principal bâtiment d'Esalen, s'appelle Huxley, d'après Aldous qui a enseigné à l'institut; et ressemble à une grange luxueuse. Ici les portes de la perception sont artisanales et faites à la main. Accompagné de 40 autres pensionnaires allongés à plat ventre sur le sol autour de moi, je suis dans "un Voyage du Son Sacré", transporté sur un tapis auditoire vers un état de pure harmonisation et de conscience. La théorie, d'après ce que j'ai compris, est que le stress et l'anxiété fait vibrer nos cellules à des fréquences sous-optimales : le son du bol et d'autres instruments les restaure vers l'harmonie vibratoire.

En pratique, c'est un peu comme essayer de dormir sur une machine à laver. Lorsque Deva commence vraiment, vous pouvez sentir vos joues s'estomper. le but est d'utiliser le son comme un objet de méditation, un repère d'attention assez sûr pour abandonner la liste de choses à faire, les bribes de désirs et le dépôt mental général succomber. Mais je trouve que les coussins et l'encens trop relaxants., et je m'assoupis jusqu'à qu'il y ait un tintement des tingshas et nous nous asseyons tous pour partager notre conscience en position du lotus. "Dans le monde dans lequel je vis, dit l'homme souriant face à moi, tout est délicieux."

La méditation est une partie du programme d'Esalen depuis le debut. Lorsque Dick Price, l'un des co-fondateurs, était encore dans l'US Air-Force dans les années 1950, il a été initié au Vipassana - une sorte de méditation bouddhiste qui met l'accent sur la conscience claire du présent. Une forme de pratique spirituelle qui a ôté Dieu de l'équation promettant une liberté pour les jeunes Américains qui rongeaient leur frein face aux limites du christianisme. 

Pendant ce temps sur la côte est, d'autres enseignants avaient ramenés des connaissances de pratiques bouddhistes qu'ils avaient récupéré en voyageant en Birmanie, en Inde et en Thaïlande. Ils les ont appliqué à ce qui allait devenir connu sous le nom de "mouvement vipassana", qui fleurissait hors de leur pratique bouddhiste traditionnelle pour les goûts américains. le but était d'atténuer les parties les plus explicitement pieuses, comme la mélopée des suttas, pour favoriser l'élément méditatif.

Jon Kabat-Zinn est allé un peu plus loin. En 1965, lorsqu'il étudiait pour obtenir son doctorat en biologie moléculaire au MIT, Kabat-Zinn a assisté à un exposé sur la méditation par un enseignant d'origine américaine sur le bouddhisme zen, il est devenu de plus en plus intrigué par ses enseignements jusqu'au delà de la décennie suivante. Si la méditation encourageait une plus grande conscience de son corps et de son esprit, quel effet pourrait-il y avoir sur des conditions apparemment intraitables comme la douleur chronique et la dépression ? Le défi de Kabat-Zinn était de faire le pont entre les deux cultures. Dans les cercles universitaires dans lesquels il évoluait, les réponses religieuses aux problèmes médicaux vous auraient fait sortir en hurlant de rire de l'amphithéâtre de conférence. Sa solution était simple : ôter la partie religieuse. Dès 1979, il avait développé une technique qu'il a appelé réduction de stress basé sur la méditation de pleine conscience, ou MBSR, qui combinaient des éléments de hatha yoga avec de la méditation de pleine conscience bouddhiste, mais les avait dépouillé de ses pièges religieux.

Cela a été un pas décisif vers la normalisation de ses idées ésotériques. Dépouillé de son bagage religieux, la méditation de pleine conscience est devenu un sujet adapté à l'étude scientifique. Des centaines d'essais aléatoires contrôlés ont depuis lors montré l'efficacité du MBSR et des techniques reliées en réduisant les niveaux de cortisol, une hormone associée avec le stress, il améliore aussi la mémoire et le traitement spatio-visuel, il amoindri l'errance du schéma de pensée qui peut caractériser la dépression et la mauvaise focalisation. Le Nirvana pouvait attendre : la méditation de pleine conscience a désormais une respectabilité universitaire, la panacée du matérialiste. Les approches du MBSR et des thérapies associées sont désormais prises en charge par les système de santé à travers le monde entier. En 2004, l'Institut national britannique pour l'excellence clinique, l'organisme qui fournit des conseils sur les nouveaux médicaments et traitements offerts par le National Health Service (Sécurité Sociale britannique), a approuvé la thérapie cognitive basée sur la méditation de pleine conscience pour les gens risquant une rechute dans la dépression.

Le big business ne tarda pas à considérer la valeur de la méditation de pleine conscience dans son argument de base. En 2007, Chade-Meng Tan, un ingénieur en logiciel et employé de Google, a co-fondé "Search Inside Yourself" (recherche à l'intérieur de toi), un programme d'entraînement à la méditation de pleine conscience conçu pour aider ses collègues employés chez Google pour améliorer leur concentration et de gérer le stress au travail. Pendant plus de deux jours et demi, ou pendant sept semaines moins intensives, les employés ont été entraînés en concentration attentionnelle, en conscience de soi et en empathie, en utilisant des techniques tirées de la méditation de pleine conscience et en psychologie organisationnelle. Le résultat a été un cours intensif en intelligence émotionnelle pour une force de travail dominée par des ingénieurs enclins à l'embarras social et au burnout. Le programme a depuis été cédé à une organisation indépendante à but non lucratif, le Search Inside Yourself Leadership Institute, qui fait la promotion de la méditation de pleine conscience dans les sociétés et les autres organisations à but non-lucratif à travers le monde. Carolina Lasso est directrice de marketing dans les bureaux de SIYLI à San Francisco. Pour elle, la méditation de pleine conscience est moins un moyen de prendre du recul d'un environnement de travail pressurisé qu'un outil pour occuper cet environnement de façon plus efficace. "La méditation de pleine conscience sert de base pour développer d'autres compétences" me dit-elle. "L'intelligence émotionnelle, le leadership compassionnel."

L'attirance vers d'autres sociétés était claire. La méditation de pleine conscience offrait une façon peu coûteuse de réduire le stress et l'anxiété au travail, tout en améliorant la fidélité et la productivité du personnel. Les critiques diraient que l'avantage de la méditation de pleine conscience repose sur l'intériorité qu'il encourage : il garde vos employés tranquilles et plus enclins à accepter des demandes déraisonnables concernant leur temps et leur énergie. D'une manière ou d'une autre la pratique se répand, d'abord par le secteur de la technologie et ensuite au delà. Une étude de 2017 par le National Business Group on Health (groupe de société national sur la santé), une organisation à but non lucratif basé à Washington DC, a révélé qu'un tiers des entreprises américaines offrent des classes ou des stages de méditation de pleine conscience, et qu'un quart supplémentaire envisageait d'en introduire.

"Silicon Valley est un environnement riche mais intense" explique Katelyn Johnson de la société Cisco. "C'est un rythme extrêmement intense. Par conséquent, nous avons besoin de méditation de pleine conscience pour nous aider à survivre, en toute franchise, parce que si vous n'apportez pas votre moi total et le meilleur de vous-même au travail, c'est assez dur d'innover et de créer et de bouger constamment au rythme attendu." Le gros défi à Cisco, dit-elle, est "d'être présent." L'affairement, les mises à jour et emails et les iMessages sont tels - les instruments de surcharge attentionnel pour lesquels la Silicon Valley peut uniquement s'en prendre à lui-même - qu'il "est assez dur de nos jours et à notre époque d'être pleinement engagé." La méditation de pleine conscience remet de l'ordre et force un engagement ici et maintenant.

A Esalen, à l'extérieur de la loge dans le jardin de Bouddha, j'ai rencontré Krista Martin, qui travaille à l'informatique du service santé. "Faire l'expérience de ce bel endroit, c'est sensoriel", dit-elle. "Ce sont les vents frais de l'océan, c'est le bruit des vagues qui s'écrasent sur les roches, c'est la chaleur des bains. C'est un endroit sensoriel qui vous ouvre l'esprit. Et je me rend compte que je n'ai pas fait grand chose pour cela." C'est un après-midi parfait, ensoleillé avec une brise caressante; et Krista et moi nous occupons un banc entouré par des rangées soignées de salades et d'herbes aromatiques. Au delà du jardin potager, et une étendue d'herbe bien entretenue - mais pas trop - qui enveloppe la propriété, la terre s'arrête brusquement à une cloture à trente mètres au dessus d'un rivage qu'on ne peut pas voir. L'effet est fascinant mais assez nauséeux : un gazon infini. Au bureau, admet-elle, Krista a une tendance à l'addiction au travail (workaholism), restant au bureau jusqu'à minuit, négligeant sa vie personnelle, réalisant ses tâches en pilote automatique. "Je suis ce genre de personne qui va travailler et qui soudainement s'aperçoit qu'il est une heure, et qui n'a pas mangé, et qui oublie d'aller aux toilettes. Elle doit travailler." Elle a maintenant une petite cinquantaine d'années, Krista s'est promise une nouvelle "intentionnalité : ne pas laisser sa vie s'écouler sans se faire remarquer.

Pour des hôtes comme Krista, l'idée que Esalen s'est écarté de ses principes fondateurs est bien loin de son esprit. Terry Gilbety, le successeur de Ben Tauber comme PDG, est d'accord. "On peut venir à Esalen pour 400$ le week-end," me dit-il. "L'espace pour un sac de couchage est garanti, mais vous avez la nourriture, vous avez l'atelier, vous avez l'opportunité de faire une retraite." Le logement haut de gamme subventionne les séminaires qui se serrent la ceinture et qui couchent sur le sol des salles de réunion. La mission, comme le dit Gilbey, est celle qu'elle a toujours été : donner aux hôtes la chance "de ralentir, de déconnecter.... et se connecter aux autres sur un niveau différente", de "s'asseoir dans la quiétude et la méditation."

"Je pense que dans les 25 ans à venir, l'acte 3, sera une époque merveilleuse", dit Krista. "Mais seulement si on fait attention." Selon elle, les qualités "expérimentales et sensorielles" d'Esalen permettent précisément cela : une vigilance face au présent. "Il ne s'agit pas d'apprendre quelque chose de nouveau. Ce n'est pas de déployer son esprit. C'est juste être."

Avant la fin des années 1960, la consommation de drogue à Esalen était si omniprésente que ses fondateurs commençaient à craindre qu'ils ne contrôlaient plus rien. Les psychédéliques et la pratique spirituelle ont une longue histoire commune ; la toute première brochure de Esalen, publiée en septembre 1962, listait un atelier de mysticisme relié à la drogue. Dick Price était un camé zélé et prônait son utilisation comme un chemin vers l'expérience mystique. Le problème survint avec la massive migration de hippies qui avait marqué ce qu'on appelé le Summer of Love en 1967. La marijuana, la mescaline et le LSD étaient consommés en vastes quantités et sans issue thérapeutique. "Nos canyons étaient plein - je veux dire, ils explosaient," se souvient Michael Murphy. "C'est un miracle qu'Esalen ait survécu à cette période."

De nos jours, les canyons sont plus tranquilles. L'altération de l'esprit a une nouvelle respectabilité ; au début de l'année 2019, Esalen a organisé une atelier sur les psychédéliques en tant que conscience - des agents en expansion de changement personnel et social. Plusieurs séminaristes que j'ai rencontré dans les bains chauds sont des gens qui consomment des petites quantités de LSD, de psilocybine et de cannabis. Cependant, la politique envers la drogue de l'institut est sans ambiguïté. Les drogues illicites sont strictement interdites. On a autant de chance de trouver quelqu'un qui se fait un trip au club de golf de Brian que là.

C'est une partie d'un courant plus large. La Californie a légalisé l'usage récréatif du cannabis en novembre 2016. L'entrée de l'herbe dans le marché traditionnel a causé un changement dans la culture de la drogue, au moins puisqu'il concerne les hallucinogènes non addictifs comme le LSD et le cannabis : de la rébellion à la responsabilité, de la marginalité au passage à son dispensaire de cannabis du coin en service complet.

A Castro, qui fut le centre du radicalisme gay à San Francisco, je m'arrête à côté du magasin vedette de l'Apothecarium, une chaine forte de quatre magasins de boutiques chics de cannabis. L'esthétique pourrait décrite comme un Apple Store à l'ancienne : un espace ouvert dans des gris et des bleus discrets, des présentoirs en damassé noir et blanc, des pipes à eau design en verre et une "bibliothèque du cannabis." Ces nouveaux points de vente récréatifs bien comme il faut sont en bataille pour être plus à la mode que l'autre.

Je me suis présenté avec un menu du style de celui d'un restaurant offrant un choix stupéfiant de mécanisme de distribution ("fleur", "pré-roulé", "vapoteur", "comestible", "d'actualité"), quantité et effort ("lorsqu'il est l'heure de peindre, improviser, coder, bloguer ou jouer, trouvez votre muse dans "Canndescente Create.TM). Avec les conseils de Peter, mon "consultant en cannabis", un jeune homme compact à peine visible sous ses quantités de cheveux et de pilosité faciale à la Cousin Itt, j'ai choisi un stylo à vapoter à contrôle de dose. Il contient un concentré dont le ratio de THC (le composant qui vous élève) au CBD (le composant qui ne le fait pas mais qui peut soulager la douleur et l'anxiété); devrait faire un juste milieu, explique Peter, entre une expérience réjouissante avec un psychotrope et un risque faible de paranoïa. Je paye mes 49$ et je met mon paquet discrètement en poche pour plus tard.

A 15 blocs à l'est de l'apothicaire dans le quartier de Mission, je visite les bureaux hipsters en béton brut de Pax Labs, ou "l'espace cannabis", comme le PDG Bharat Vasan l'appelle, converge avec la technologie mobile. (Vasan a quitté la société depuis). Le produit phare de Pax est le Era, un tube vapoteur élégant et super-léger fait pour être utilisé avec des capsules détachables de concentré de cannabis : l'équivalent du Nespresso en plus stone. L'application jointe signifie que le dosage et la température du vapotage peuvent être contrôlés avec votre smartphone.

" La température importe beaucoup dans notre espace", explique Vasan, qui a vendu sa précédente startup, une société de fitness-wearable appelé Basis, à Intel pour 100 millions de dollars. "Les concentrés se volatilisent à différentes températures. C'est comme avec le vin : le verre est vraiment important. Les différentes températures sont équivalentes aux verres de vin." Son objectif est une "expérience super-rodée" dans la veine d'Apple ou Tesla, pour revendiquer une part de marché que Vasan estime être autour de 90 millions de dollars "dans les cinq prochaines années." En dernier lieu, dit-il, la mission du laboratoire Pax est "d'implanter le cannabis comme une force pour de bon." Après quarante-cinq minutes de cela et je commence à languir pour un joint mal roulé sur un banc public.

Après être descendu aux lignes de chemin de fer de San Mateo, j'ouvre la boîte que j'ai acheté à l'Apothicaire. A l'intérieur, il y a une tube blanc et brillant : un joint relooké par Jony Ive, avec un tampon d'un membre de section d'assaut impérial. "pour une dose unique", lisez les instructions, "inhalez jusqu'à que ce le stylo vibre."

Je prend une bouffée. La pointe bleuit. Le passage piéton commence à retentir avec fracas et un bi-level passe de San Francisco en direction de la vallée, sa sirène mélancolique fait écho à une Amérique plus ancienne. Je suis extrêmement pété. Le stylo n'a pas encore vibré. Je remet le stylo dans sa boîte et je marche vers mon Airbnb, convaincu qu'il y a des milliers de minuscules araignées s'écoulant des palmiers.


  



mardi 10 mars 2020

La mort de l'éducation

 Gearóid Ó Colmáin a écrit un émouvant hommage à son ancien professeur de philosophie décédé récemment. En retour, il m'a inspiré une réflexion sur l'éducation ou plutôt sa mort programmée et Gearóid a eu la gentillesse de partager mon texte sur son site avec la traduction que j'ai faite de son article-hommage. Une collaboration littéraire que j'ai grandement apprécié !

Il n y a plus de professeur !

Mon cher professeur de lettres classiques est décédé aujourd'hui. Sans aucun doute, il était le meilleur professeur que j'ai jamais eu. Il m'a enseigné deux savoir-faire indispensables : comment faire des analyses grammaticales des phrases en latin, c'est à dire, comment discerner de l'ordre et de la signification dans un chaos apparent  et comment aborder l'interprétation des civilisations anciennes.

La clé de compréhension de la vision du monde d'Homère était, insistait-il, d'oublier complètement toutes valeurs chrétiennes. C'est là que j'ai appris le concept du contexte. Dans ses cours sur Euripide, j'ai appris que ses tragédies étaient le début de la psychologie.

N'est-ce pas la véritable psychologie de l'éducation, celle du discours de la science de l'âme qui recherche la vérité ? Dans mon université, il y avait beaucoup de conférenciers prêts à tout pour avoir du prestige et du pouvoir – bon nombre étaient hautains et suffisants. Mais il y avait un seul professeur, et pendant ses cours, on expérimentait quelque chose de rare dans l'éducation moderne : l'émerveillement.
C'était un homme calme et humble – bien trop conscient des absurdités de la vie pour être orgueilleux. Y a-t-il encore des savants comme lui ? Y aura-t-il encore quelqu'un pour lire des classiques dans l'avenir ? Dans l'avenir, y aura-t-il des enseignants qui viendront expliquer que pour comprendre la mentalité de notre époque, on doit complètement mettre la raison entre parenthèse ? Y aura-t-il au moins quelque chose qui ressemble à un professeur ?

Cicéron a dit, Docendo discimus, on apprend en enseignant. Mais qui veut encore apprendre ? Pour qu'un étudiant apprenne, il doit être éveillé à l'émerveillement. Aujourd'hui, le régime qu'on appelle éducation est fait pour avorter cet éveil – les étudiants quittent les facultés mort-nés en ignorance. Dans certains cours de grec et de latin, il y a peut-être deux ou trois étudiants à peine. Personne n'étudie plus les lettres classiques. Réfléchissons à cela un instant. Beaucoup de diplômés qui vont quitter l'université de nos jours, sont incapables de lire plus de mille ans de savoir. Une grande partie de la littérature patristique de l'Église n'est pas traduite. Cela veut dire que bon nombre de gens sont complètement ignorants de la plus importante période de l'histoire humaine. On l'appelle « l'Âge sombre » parce que nous n'avons pas la lumière pour la lire !

 L'une des calamités de notre temps est l'absence de subtilité dans le raisonnement. Dans le grec ancien, les particules abondent. Ainsi, bien des phrases expriment des notions d'équilibre et d'évaluation des idées. Tout est « d'un côté ceci et « d'un autre côté cela » - ou, men, gar, ti etc. - comme si la philosophie était à l'origine du langage lui-même.

Aujourd'hui, il n y a plus d'équilibre, plus de pondération, plus de réflexion critique ; l'éducation est l'inculcation de « l'idée » - et malheur à celui qui ne maîtrise pas l'idée !

Platon exclurait les « poètes » de sa République ; parce qu'ils emplissent les esprits de ses jeunes avec des fausses idées. Est-ce la fonction de la culture aujourd'hui ? Socrate explique qu'ils font des espaces dans les esprits des jeunes enfants, des espaces de topoi. N'est-ce pas la fonction de l'éducation aujourd'hui, faire des espaces dans les esprits de notre jeunesse, des topoi vides ? L'université n'est-elle pas devenue une topologie morbide, grotesque et ridicule ?




Réflexions sur l'éducation

Je suis un produit de l'éducation post « soixante-huitarde » et je fais partie de la première génération de jeunes (nés autour de cette date fatidique en France qu'on peut considérer comme l'achèvement de 1789), entièrement façonnée par tout ce que le monde politique, intellectuel, culturel, médiatique et universitaire a imposé à l'époque.

On peut considérer l'école française des années 1970 comme un lieu où il y avait conflits entre les tenants de la tradition et les dévots de ce qu'on a appelé la « nouvelle pédagogie », une caste qui a voulu tout reconsidérer en matière d'enseignement et ces gens qu'on appelle désormais les « pédagogistes » sont toujours au pouvoir au sein du Ministère de l'Éducation nationale et semblent indéboulonnables.

Concrètement, cela s'est traduit par un enseignement qui conservait encore une certaine qualité – exigence au niveau de l'expression écrite par exemple avec comme toile de fond, l'introduction, petit à petit, de « réformes » probablement préparées dans les Loges. La plus célèbre a été celle du « collège unique » en 1975. J'ai côtoyé des enseignants continuant à enseigner comme ils l'avaient toujours fait, du moins avant 1968, et d'autres qui s'étaient jetés à corps perdu dans les délires « pédagogistes » mêlé de propagande. L'écologie en faisait déjà partie.

Le système éducatif avait déjà un défaut, étant « laïque », il avait évacué tout ce qui est théologique, mais il était néanmoins très bon et reconnu comme tel à l'étranger.

Avec la « culture jeune », l'heure était à la frivolité. Tout jeune qui aurait été passionné par exemple par la philosophie, le latin ou du grec, ou tout autre sujet d'étude d'ailleurs, étudié de manière approfondie sans se soucier des modes, était vu comme un original, voire pire : un « ringard ». Savoir situer correctement un pays sur une carte du monde et savoir quel était sa capitale était aussi suspect. On avait certainement du temps à perdre alors que le mot d'ordre des années 1980 était « l'efficacité ».

C'est ainsi qu'en cours de musique, je devais avoir 13 ou 14 ans, j'avais adoré la musique russe, en particulier « Les steppes de l'Asie Centrale » de Borodine mais je m'étais bien gardée de le dire aux autres. La même chose se produisit, quelques années plus tard, quand je me suis passionnée par « Madame Bovary » de Gustave Flaubert. En fait, Emma lisait trop de « poètes » !

En philosophie, je n'ai pas eu la chance d'avoir un professeur comme John Barry. Au contraire, j'ai été confrontée à ce que 1968 avait engendré de pire : une enseignante gauchiste névrosée. Dans ses explications, il était quasiment toujours question de son fils alors enfant. Il faut dire qu'elle nous a parlé ni des Grecs, ni de la Scolastique médiévale, ni des Humanistes de la Renaissance, ni même des Lumières. Elle avait mieux : Freud. Et elle prenait son fils en exemple pour montrer le génie du grand maître.

J'étais bien étonnée quand la professeur a annoncé son programme. Toute ignorante que j'étais, je savais très bien que Freud n'avait rien à voir avec la philosophie. Je l'associais avec la médecine. Je l'associe dorénavant avec le mensonge. Il a été aussi question de Kant qui m'ennuya beaucoup.


J'étais déçue car je crois que j'imaginais ces penseurs Grecs, ces gens que j'imaginais inspirés et intelligents et je fus déçue. Je passais ensuite plusieurs décennies sans m'intéresser à la philosophie. Je suis donc ressortie « mort-née » intellectuellement de mes cours.

Je suis aussi une « mort-née » en mathématiques. Mon entrée à l'école primaire a coïncidé avec les « mathématiques modernes » . Le patronyme des gens qui ont imposé ce type d'enseignement des mathématiques me fait penser qu'on a eu droit à l'époque à un attentat contre l'intelligence des enfants français. En ce qui me concerne, les « ensembles » m'ont particulièrement ennuyée et en mathématiques, je n'ai pas réussi à dépasser le niveau de la division. Mes notions de géométrie sont très limitées, j'ai eu aussi des grosses difficultés avec les équations et les racines carrées et finalement, au lycée j'ai sombré complètement. Il est possible que tout cela avait été mis en place pour là aussi, saboter l'éveil à l'analyse des élèves.

Je pense aussi que saboter, et l'enseignement des mathématiques et l'enseignement de la philosophie, a peut-être été voulu pour s'assurer d'avoir une classe d'âge non-critique, malléable, incapables de classer des informations et les relier entre elles, envahie par ses émotions et prompte à s'emballer pour des idéologies stupides type « anti-racisme ».

Il y a environ 18/20 ans, j'ai lu « L'enseignement de l'ignorance ». Ce petit essai avait été écrit par Jean-Claude Michéa, qui était professeur de philosophie dans un lycée. Il expliquait le sabotage de l'enseignement, son but et ses conséquences. Il est possible que ce que je viens d'écrire ait été influencé par ses idées. Il est socialiste, ce que je ne suis pas, et il y a certaines contradictions dans ses analyses, mais je lui dois de m'avoir aidé de me sortir de l'incompréhension du monde dont j'ai été longtemps victime, en premier lieu de comprendre ce qu'est la gauche " sociétale" et son rôle moteur dans le capitalisme.

Dans son essai, il décrit le « crétin militant » : le jeune qui est inscrit à l'université ou vient de finir ses études, qui se croit plus intelligent que tout le monde mais qui est farci d'idées fausses et s'investit dans des fausses causes. Avec vingt ans d'avance, j'ai lu la description du militant de « Extinction Rébellion » ou autres activistes « pour le climat »....

L'autre « crétin » étant le jeune « prolétaire » souvent d'origine immigré qui, ne pouvant exprimer une idée, même simple, en vient à la violence.

Et Michéa conclut : « au lien de se demander quel monde on va laisser à nos enfants, on devrait se demander plutôt : à quels enfants on va laisser le monde. »

Il est possible que le mal soit encore plus profond. Parallèlement à l'effondrement du système éducatif français, on a eu l'effondrement du catholicisme. Comme je suis donc très peu formée en philosophie, j'analyse par pure intuition et il est bien possible qu'être privé de lien avec le surnaturel et à la transcendance est une cause majeure de désintérêt envers le savoir et une barrière à l'émerveillement. Par quoi peut bien être émerveillé un athée ?

Les « poètes » qui créent des espaces vides, des topoi vides dans les esprits des jeunes enfants, qui sont-ils ? Ces poètes ne sont-ils pas là pour nous éloigner de Dieu ? En tout cas, cette image des « espaces vides » m'ont fait penser aux maladies neuro-dégénératives et en particulier à la maladie d'Alzheimer. Le docteur André Gernez pensait que l'athéisme et la non pratique de la prière était un facteur d'apparition précoce de la maladie d'Alzheimer et il est possible qu'à la fin des années 1960 et le bouleversement de la société à l'époque, le ver était déjà dans le fruit, et que la pensée, le développement de l'intelligence, la mémoire, la capacité critique et la capacité de s'émerveiller étaient déjà sérieusement sapés par la « laïcité ». La description par Alois Alzheimer de la maladie qui portera son nom, la loi sur la laïcité et la mise en place de l'école publique « laïque » sont tout de même concomitants. Et il est possible donc que les « poètes » de Platon soient des démons.

Monsieur John Barry n'est pas venu sur terre pour rien, du moins, pas pour servir les démons. Il t'as apporté beaucoup et en retour, tu amènes beaucoup aux autres. Cela rejoins aussi la notion chrétienne de la charité. Que ce soit quelqu'un doit qui a beaucoup bénéficié de la sagesse d'un bon professeur de philosophie ou quelqu'un qui a conscience de ses lacunes comme moi mais qui veut progresser, ne sommes-nous pas des « moyenâgeux » et des nostalgiques de cet « âge sombre » dont on nous obstrue la lumière ?
Ma tante, qui aurait eu 100 ans cette année, était une femme extraordinaire. Elle était capable elle, d'étudier les textes des « âges sombres » puisqu'elle avait étudié le latin, le grec et l'occitan. Ayant grandi dans un contexte fort différent, je n'ai pas ces connaissances-là et je suis restée longtemps indifférente mais il est possible qu'elle m'ait légué à son décès survenu en 2004, hormis des livres, l'envie de progresser. Merci d'y contribuer. 





mercredi 4 mars 2020

Les émeutes de New Delhi sont un complot pour déstabiliser l'Inde

Les "protestataires pacifiques" en Inde Source

Il y a eu une importante couverture internationale des émeutes antigouvernementales à New Delhi où les musulmans ont protesté contre une nouvelle loi qui facilite la citoyenneté pour les hindous, les chrétiens et les bouddhistes fuyant les persécutions des pays voisins.

On nous a raconté une histoire assez habituelle et simple. Il y a le régime nationaliste hindou "d'extrême droite" à New Delhi qui mène une guerre contre la population musulmane du pays. Les musulmans sont les victimes ; les hindous sont les coupables. Les groupes de droits humains se décrivant comme des radicaux de gauche s'indignent du fait que le président Trump a complètement ignoré les "pogroms" contre les pauvres musulmans d'Inde pendant sa visite récente à New Delhi. Cependant, le gouvernement américain n'a pas soutenu Modi.

La commission américaine sur la liberté religieuse internationale a été accusée par le gouvernement indien de "politiser" les émeutes dans son récent rapport du fait qu'elle ait ignoré les atrocités musulmanes.

Les suspects habituels de la fausse opposition de gauche salivent avec cette autre nouvelle chance merveilleuse de montrer ce qui arrive lorsque « l'extrême droite » applique des politiques intérieures populistes "d'extrême droite". Le gouvernement indien a adopté un certain nombre de réformes importantes ces dernières années. Ils ont fait des mises à jour à la constitution pour régulariser la situation au Cachemire l'an dernier, une mesure législative importante qui donne finalement aux citoyens là-bas plus de droits et consolide la région en tant que partie de l'Inde.

Mais les fanatiques wahhabites en lien avec le correctorat mondial libéral a mené une guerre de l'information contre l'Inde. Depuis plusieurs semaines, alors que les troupes indiennes tentent de stabiliser la région, il n y a rien d'autre que des mensonges et de la désinformation sur ce qui se passe vraiment ainsi que sur le contexte historique et politique.

Le gouvernement a maintenant adopté une autre mesure législative qui facilite la citoyenneté pour les minorités religieuses qui fuient les persécutions de pays musulmans, en particulier le Pakistan. La nouvelle loi leur facilitera l'accès à la citoyenneté indienne. Cela n'aura eu aucun sens d'inclure des musulmans dans la législation puisque les victimes sont des non-musulmans dans des pays musulmans !

Mais cela a fourni une autre raison au correctorat libéral et à leurs alliés musulmans de s'en prendre au régime de Modi. Le rôle des wahhabites et de tambouriner leur poitrine, brûler, piller et assassiner. Le rôle de la presse libérale est d'appeler les victimes coupables et le régime de Modi, oui, vous avez bien deviné, de Hitler !

C'est une formule toute faite qui fonctionne pas mal à chaque fois. Pour les "gauchistes radicaux" bien sûr, tout terroriste wahhabite qui descend dans la rue en brandissant un sabre dans une main tout en entonnant des sérénades sur les droits humains et sur la liberté aux journalistes occidentaux est similaire au Palestinien en Cisjordanie, luttant contre l'occupation israélienne. La subtilité du raisonnement n'est pas le point fort du libéral.

Ainsi, l'histoire la plus importante et sans doute la plus symbolique de ces émeutes a été ignorée par la presse occidentale. Un émeutier et délinquant du nom de Mohammed Shahrukh a menacé de tuer un agent de police en pointant son arme vers son visage. L'incident a été capturé sur caméra et la maîtrise courageuse de la situation par l'agent de police a fait de lui une sorte de héros sur les réseaux sociaux indiens.


Il y a eu plus de 42 morts et 200 blessés dans ces émeutes. Un hindou a été lapidé à mort devant son fils ; un autre homme a eu la tête perforée dans sa boutique ; un officier de police a été poignardé pendant six heures, 400 fois, on lui a arraché les yeux, il a été coupé en morceaux et a été enterré dans une décharge voisine.

Les protestataires n'avaient aucune motif sinon de fomenter le chaos et la haine sectaire. Ils ont planifié les protestations pour qu'elles coïncident avec la visite du président Trump à New Delhi.

L'Inde fait face à une éventuelle guerre civile. Les mondialistes sont du côté des fanatiques wahhabites parce qu'ils sont d'excellents tueurs et créent le chaos. Les mondialistes veulent morceler les états-nations, les réorganiser en micro-états pour les amener à être sous le contrôle d'institutions internationales sous le régime vert émergent des Nations-Unies.

En Asie, les bouddhistes et les hindous sont les boucs émissaires parce qu'ils sont majoritaires dans les nations que les mondialistes cherchent à détruire. Toutes formes de démocratie doivent être détruites dans le processus d'homogénéisation mondialiste. La démocratie présuppose le gouvernement d'une majorité mais les vrais gouvernants des démocraties capitalistes sont des oligarques. En d'autres mots, la vraie démocratie est impossible : l'oligarchie reflète la réalité matérielle du monde où les supers riches gouvernent dans leurs propres intérêts.

Les oligarques utilisent les droits des minorités pour subvertir le processus démocratique. On peut, bien sûr, accuser le régime de Modi de faire la même chose, donner la priorité à l'intégration de minorités persécutées cherchant refuge en Inde pour des raisons cyniques et populistes. Il y a probablement beaucoup de cela dans tout ce que fait le gouvernement indien, tout comme servir les intérêts oligarchiques. Mais on doit aussi reconnaître qu'il y a un élément significatif de patriotisme dans le régime de Modi - et c'est pourquoi il a si mauvaise presse.

Beaucoup d'analystes mettent à égalité le mondialisme avec le sionisme à cause de la prépondérance des Juifs dans la finance et les médias internationaux. L'analyse est incorrecte. Le mondialisme, ce n'est pas le sionisme, mais il est relié à lui de façon intrinsèque ; le mondialisme est l'expression politique du judaïsme kabbalistique mais il n'a qu'un seul véritable ennemi : le catholicisme traditionnel. C'est pourquoi toutes les autres fausses religions, en incluant le catholicisme conciliaire et l'athéisme, deviennent des outils du judaïsme kabbalistique.

Vous ne trouverez aucun "antisioniste"auto-proclamé qui s'intéresse même à la découverte des faits alors que l'élite libérale utilise les musulmans pour s'en prendre à d'autres groupes religieux.

L'hypocrisie du gouvernement iranien

C'est un aveuglement qui va se révéler coûteux pour les pays musulmans qui luttent contre les mêmes ennemis. Prenons, par exemple, la République islamique d'Iran. Le Ministre des Affaires étrangères iranien, Javid Zarif, a tweeté le 2 mars que "l'Iran condamne la vague de violence organisée contre les musulmans d'Inde. L'Iran est un ami de l'Inde depuis des siècles. Nous exhortons les autorités indiennes d'assurer le bien-être de tous les Indiens et ne pas laisser prévaloir des actes de violence insensée. La voie à suivre repose sur le dialogue pacifique et la loi."

Quelle hypocrisie ! L'Inde a la plus grande communauté chiite hors Iran. Ils sont généralement bien intégrés dans la société indienne et, s'ils rencontrent des problèmes, c'est de la part des mêmes fanatiques wahhabites qui brûlent les bus et assassinent des civils innocents dans les rues de New Delhi !

L'Iran fait face désormais à une crise majeure avec la pandémie du coronavirus. Le pays aura besoin du soutien de l'Inde alors que les États-Unis vont utiliser le coronavirus pour renverser le gouvernement. Bien que l'Inde entretienne des relations étroites avec les États-Unis et de plus en plus, dans la période récente, avec Israël, elle est aussi un partenaire vital pour l'Iran, et continue d'acheter du pétrole iranien en dépit des protestations américaines. Les deux pays coopèrent pour combattre les terroristes takfiris et ont fait des déclarations conjointes à cet effet. En fait, l'aide militaire au leader suprême iranien, le major général Yahya Rahim Safavi, faisant écho à l'Inde, a accusé le Pakistan de soutenir le terrorisme.

Les commentaires de Zarif vont assombrir les relations avec New Delhi, rendant la situation des citoyens iraniens plus difficile. La première règle en politique internationale et en diplomatie est de respecter les politiques intérieures des gouvernements partenaires quand la critique pourrait, de façon défavorable, affecter des intérêts nationaux vitaux. Zarif a montré ici encore une fois qu'il est un ministre des affaires étrangères incompétent. Zarif devrait se demander comment cela se fait-il que son opinion sur les émeutes est la même que celle du "Grand Satan", le gouvernement américain !

Un patriote indien de premier plan qui a fait une remarque cinglante au clown Bernie Sanders sur Twitter, a répondu aux commentaires de Zarif :

" Je ne soutiendrai plus jamais les leaders iraniens. Javad ment de façon éhonté, ignorant comment les foules islamistes ont tué et brûlé des hindous vivants à New Delhi. L'Inde est votre amie, mais elle a reçu une gifle en pleine face."

Des forces extérieurs fomentent une guerre civile en Inde. Les conséquences pour l'Inde et le monde seront catastrophiques. Cela pourrait aussi créer des millions de réfugiés en plus, dont beaucoup seront acheminés en Europe par des agences sionistes tel qu'IsraAid. Dans le même temps, des agents sur la liste de paie du Likoud comme le voyou anglais Tommy Robinson, vont aggraver les tensions inter-communautaires dans le cauchemar multiculturel britannique. Une guerre civile en Inde signifiera une guerre civile en Grande-Bretagne où les Pakistanais et les Indiens sont déjà au bord du conflit.

Il y a eu des violences et des atrocités de tous les côtés lors des récentes émeutes de New Delhi. Je me suis concentré, comme d'habitude, sur le récit que vous n'avez jamais entendu et qui est celui du récit sur qui est responsable, pourquoi, et ce que cela signifie pour l'avenir de tous.





lundi 2 mars 2020

La liberté des enfants de Dieu



Le Christ nous a libérés pour que nous soyons vraiment libres » (Galates 5:1)


L 'homme est libre ; sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtiments seraient vains. Pour mettre en évidence cette liberté, il faut remarquer que certains êtres agissent sans jugement, comme par exemple, la pierre qui tombe ; il en est ainsi de tous les êtres privés du pouvoir de connaître. D'autres agissent d'après une appréciation mais qui n'est pas libre ; par exemple, les animaux ; en voyant le loup, la brebis saisit par un discernement naturel mais non libre, qu'il faut fuir ; en effet, ce discernement est l'expression d'un instinct naturel et non d'une opération synthétique. Il en est de même pour tout discernement chez les animaux. Mais l'homme agit par jugement, car c'est par le pouvoir de connaître qu'il estime devoir fuir ou poursuivre une chose. Et puisqu'un tel jugement n'est pas l'effet d'un instinct naturel, mais un acte de synthèse qui procède de la raison, l'homme agit par un jugement libre qui le rend capable de diversifier son action. En effet, à l'égard de ce qui est contingent, la raison peut faire des choix opposés.
Or, les actions particulières sont en un sens contingentes, aussi le jugement rationnel peut les apprécier diversement et n'est pas déterminé par un point de vue unique. Par conséquent, il est nécessaire que l'homme soit doué du libre-arbitre du fait même qu'il est doué de raison.

Saint-Thomas
d'Aquin



Dialogue trouvé sur Youtube :

" Le fait d’être libre et la liberté sont exactement la même chose. Or Jésus n’est que contre la liberté, car c’est le meilleur outil de Satan."

réponse :

"je crains que vous ne connaissiez pas assez votre catéchisme et donc assez de théologie pour écrire comme vous le faites. vous donnez ici les arguments du rigorisme le plus puritain, or le puritanisme n'est pas catholique. le libéralisme déchaîné n'est pas catholique, oui, mais la liberté catholiquement définie existe. en soi Dieu seul est libre, car il n'est pas soumis comme la créature à la contingence, aux règles de la nature ou de l'ordre du monde. comprendre la liberté comme un saint Thomas d'Aquin par exemple, suppose que l'on ne se figure pas que le bien et le mal sont un choix, car le mal est une privation violente de bien et ne se définit jamais positivement en lui-même, alors que le bien qui est égal à l'être des êtres et des choses, oui. ainsi pécher, commettre un mal objectif n'est pas de l'ordre de la liberté, mais de sa destruction, car en réalité nous ne voulons pas le mal en et pour lui-même, puisque c'est une chose rigoureusement impossible, mais nous voulons toujours un bien, un bien conditionné, violemment réduit, mais un bien toujours lorsque nous obtenons une mauvaise chose au final et objectivement parlant.
Dieu est libre, et le Christ lui même l'enseigne lorsque lui Dieu le Verbe, la Parole Éternelle dit, "la vérité vous rendra libre", dans l'évangile de saint Jean, la créature ne l'est jamais puisqu'elle est conditionnée par définition à un ordre dans lequel elle est conditionnée. la bonne nouvelle, l'Évangile au sens réel du mot, c'est que l'homme n'est pas une simple créature, mais malgré le péché qui l'enferme et le tue, il est appelé dans le Christ Jésus, Dieu fait homme, à participer de la vie même de Dieu, si bien que son aspiration à la liberté n'est ni un leurre de la nature, ni une chose impossible, si et seulement si, l'homme renonce à son petit moi, à sa petite personne pour se revêtir comme le dit saint Paul, Du Christ. Christianus alter christus, n'est pas une formule creuse, mais le résumé par les pères de l'Église de ce qu'est la vie réellement sainte et donc chrétienne, catholique, il nous faut être une humanité de surcroît au Christ-Jésus, alors et alors vraiment nous serons libre, de la chair, du sang, du vouloir des esprits ou des hommes, alors nous serons libre de la liberté des enfants de Dieu."

Lire aussi ici la liberté paulinienne



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